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Vers un flicage strict des hooligans hollandais

La Fédération néerlandaise de football prévoit de lancer un dispositif qui permet de localiser les fans interdits de stade, à l'aide des technologies GPS et biométriques.
PA Images

La Fédération néerlandaise de football, la KNVB, prévoit de déployer un dispositif qui permet d'enregistrer l'identité et l'emplacement des fans interdits de stade les jours de match grâce aux technologies GPS et biométriques. Mélange entre vérification d'empreinte et coordonnées GPS pour identifier les délinquants, le procédé vise à assurer que les interdictions de stade soient bien respectées.

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La KNVB a imaginé un appareil portable similaire à un téléphone, qui doit être mis au point par la société de sécurité G4S, et qui sera distribué aux fans sanctionnés. Ils ou elles devront s'inscrire sur l'appareil avec leur empreinte digitale qu'ils auront au préalable enregistrée, et la fonction GPS permettra de vérifier leur position.

« Il faut s'identifier trois fois : [une fois] pendant le match, une fois avant le match et une fois après le match », a expliqué à VICE Sports Hans van Kastel, porte-parole de la KNVB. Les fans interdits de stade devront porter l'appareil sur eux, seront responsables de le maintenir chargé et recevront des notifications leur indiquant de s'enregistrer.

Le but est de remplacer le système conventionnel selon lequel les interdits de stade doivent se présenter au commissariat les jours de match. Van Kastel explique que cette façon de faire n'est pas pratique car elle accapare trop de temps et de ressources.

Selon la KNVB, il y a aujourd'hui environ 1 400 interdictions de stade en vigueur, allant de plusieurs mois à plusieurs années. Ces sanctions sont souvent appliquées pour des actes de violence ou pour l'usage de fumigènes à l'intérieur des stades.

La Fédération néerlandaise a mis l'appareil à l'essai auprès de volontaires de deux clubs et a jugé que le retour était positif. Les fans s'étant portés volontaires pour l'essai du programme ont vu leurs peines allégées de quelques mois. Les discussions sont en cours avec les clubs et les autorités locales concernant le lancement de ce programme.

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Cependant, il s'agit de données potentiellement sensibles. Qui va donc les gérer ? Van Kastel admet que la KNVB n'est pas l'organisation idéale pour collecter ce genre d'informations. « C'est un autre sujet en cours de discussion, parce qu'on doit évidemment tenir compte du respect de la vie privée des gens », précise-t-il.

René Hiemstra, le président de G4S Pays-Bas, explique : « L'empreinte digitale reste sur l'appareil. Elle n'est pas communiquée, l'information y reste. » Selon G4S, les procureurs néerlandais la fourniront avec les coordonnées exactes de l'endroit où le hooligan est interdit d'être à un moment donné.

« Notre dispositif de surveillance peut seulement voir si la personne concernée est à l'intérieur ou à l'extérieur de la zone désignée, cette information est ensuite communiquée au procureur qui décide ou pas de passer à l'action », explique Hiemstra. Le dispositif de surveillance ne relèvera donc pas l'exacte localisation de la personne, mais seulement si elle reste ou pas à l'extérieur de la zone délimitée autour du stade.

La KNVB a ajouté qu'elle n'avait reçu que des bons retours de la part des clubs de football qui, eux, bataillent depuis longtemps pour gérer les interdictions de stade. Un porte-parole de l'Ajax a déclaré que le club d'Amsterdam « soutenait complètement l'initiative de la KNVB, qui rendait la gestion des interdictions de stade plus faciles, surtout que cette méthode est aussi utilisée pour les matches internationaux à l'étranger. »

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En 2012, la rencontre entre l'Ajax et l'AZ Alkmaar a été rejouée à huis clos car un hooligan avait agressé le gardien de l'AZ // Photo PA

Actuellement, l'Ajax effectue des contrôles d'identité aléatoires aux portes du stade pour les matches à domicile. Le club d'ADO La Haye a quant à lui déjà institué des contrôles biométriques avec la reconnaissance faciale sur ses caméras de surveillance.

La KNVB demande également à ce que cette combinaison de données biométriques et GPS soit obligatoire à tous les niveaux afin de mieux gérer les fans indésirables, mais les discussions avec le gouvernement n'ont pas conclu sur un accord. « Honnêtement on espérait que ça se développe plus vite parce que la technologie est prête », explique van Kastel.

« C'est une décision qui doit se prendre entre les clubs et les autorités locales selon les instruments qui fonctionnent le mieux au regard des circonstances locales », a expliqué le ministère de la Sécurité et de la Justice dans un communiqué.

« Le Ministère travaille en collaboration avec ses partenaires pour rendre le football plus sûr. La KNVB est bien sûr un partenaire important et le ministère accueille également ses initiatives à l'image du programme biométrique », a également ajouté le porte-parole. Mais il n'a pas voulu confirmer si le ministère soutenait également la systématisation obligatoire du système.

La police hollandaise n'a pas souhaité faire de commentaires.

Le meilleur argument de ce programme est sa praticité, mais la proposition de la KNVB n'est pas la première des tentatives de la part d'une association de football ou d'un club de gérer le hooliganisme et la délinquance lors des matches grâce à la technologie biométrique. Un plan similaire proposant l'usage de la reconnaissance faciale par les caméras et les logiciels conçus par la Ligue professionnelle de football écossais (SPFL) a été rejeté et ridiculisée par les supporters. En 2014, le club hongrois de Ferencvaros a fait face à des manifestations de supporters qui protestaient contre les relevés d'empreintes biométriques, systématiques à l'entrée du stade, afin de renforcer la sécurité.

On ne sait pas si la KNVB va rencontrer les mêmes oppositions et si le programme sera réellement opérationnel. Mais la Fédération néerlandaise de football est bien déterminée à accroître l'efficacité et la sécurité d'une manière ou d'une autre.

Et, selon Hiemstra, le plan aidera à prévenir les actes de délinquances dans les stades. « Aux Pays-Bas, la prévention est importante, a-t-il affirmé. On croit plus dans la prévention du crime que dans sa résolution. Vous pouvez voir ce projet comme une mesure de ce genre. »