Avec le « gang des escabeaux » du Festival de Cannes
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Culture

Avec le « gang des escabeaux » du Festival de Cannes

On a discuté avec les fans, photographes et autres chasseurs d’autographes qui se lèvent excessivement tôt pour voir leurs stars préférées.

Il est 12 h 30, heure du déjeuner. Devant le Palais des Festivals, certains admirateurs, sandwich à la main, attendent patiemment. Lunettes de soleil, casquette du yacht-club de Cannes sur la tête, ils patientent sous leur parasol multicolore pour se protéger du soleil plombant de la Côte d'Azur. Assis sur leurs petites chaises de plastique cadenassées, ils marquent leur territoire. Les plus téméraires répondent présents dès l'aube, histoire d'être sûr de ne rien rater. C'est le cas de Joseph Morpelli, surnommé « Jo le chasseur de stars » dans le milieu. Ce jour-là, il est venu accompagné de Paulette, pastèque à la main, qui garde une place pour sa fille. Derrière eux, on distingue une bonne centaine d'escabeaux cadenassés les uns aux autres. Durant la fameuse montée des marches, ils se trouvent tous haut perchés avec des machines de guerre en guise d'appareils photo. Ce groupe de fans invétérés de la Croisette est bien plus ouvert qu'il n'y paraît, comme me l'explique Joseph : « C'est très simple. On accueille tout le monde. » France, chasseuse d'autographes, estime au contraire que la situation est un brin plus compliquée. Bien qu'elle refuse de divulguer les conditions d'accès, elle m'explique que la priorité est toujours donnée aux anciens. « Ah ça, les critères je ne les donnerai pas. Ce n'est pas secret, mais ça se fait au fur et à mesure. La première année, les gens sont toujours mal placés », affirme-t-elle.

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« Jo le chasseur de stars » et l'une de ses amies.

Promu au rang de « leader », Joseph mène d'une main de maître l'intendance de l'installation. Il possède à ce titre les clés de certains escabeaux cadenassés. « On m'appelle le chef des escabeaux », déclare-t-il très sérieusement, avant d'ajouter : « Au total, il y a sept chefs de groupe qui gèrent d'autres amis photographes. On est arrivé le lundi 15 mai dans l'après-midi » – soit deux jours avant le festival de Cannes. Si Joseph est devenu chef des escabeaux, ce n'est pas pour rien. Ce titre honorifique en dit long sur son expérience au festival. Présent à Cannes pour la 35e année consécutive, il est toujours ravi de revenir occuper ce poste à responsabilité. Véritable amoureux du show-biz, il déclare : « C'est glamour, c'est pétillant, c'est comme du champagne. Les femmes sont extraordinaires. Les top-modèles… Adriana Lima, hier soir, mama mia ! D'une beauté ! [sic] » En plus de son amour immodéré pour les mannequins, il justifie sa venue par sa passion du septième art. « Pour être ici, il faut évidemment être cinéphile, aimer les acteurs, le cinéma et faire de la photo. Le but, c'est de les immortaliser », explique-t-il. Pour parvenir à ses fins, Joseph s'allie à deux autres de ces acolytes – l'un se charge des photos, l'autre des autographes, et le dernier des selfies. « Maintenant c'est la mode des selfies. Alors on pose avec les stars », poursuit Joseph, toujours aussi sérieux.

France et sa collection d'autographes.

De son côté, France assiste au festival depuis 13 ans. Son objectif est de récolter le maximum d'autographes dans son petit livre à reliure dorée. La Niçoise a pris le soin de coller des photographies de stars et réservé la page qui les jouxte pour l'autographe de l'artiste en question. Pour parvenir à ses fins, elle n'hésite pas à se livrer à quelques familiarités avec ses stars préférées. La plus belle de ses expériences est sans conteste la venue de Brad Pitt : « J'avais fait tomber mes lunettes de soleil et il les a ramassées. Ça a fait un scoop sur Canal +. C'est un souvenir que j'aime bien, qui est gravé dans ma mémoire. » Elle voue un culte particulier aux acteurs et actrices américains. « J'ai vu Will Smith, Brad Pitt avec Angelina Jolie, Mel Gibson… Robert De Niro m'a parlé comme s'il m'avait toujours connue. J'ai aussi pu discuter avec Steven Spielberg. Il était tout timide. C'est une personne fantastique. »

France adore aussi déblatérer sur ses expériences avec les acteurs français. Fervente admiratrice d'Alain Delon, elle garde un bon souvenir de sa rencontre avec lui : « Il est super sympa, chose que je ne dirai pas de Belmondo. Il a refusé de me signer un autographe. J'étais très énervée alors je lui ai dit qu'il n'arrivait pas au doigt de pied d'Alain Delon. » Au moment de quitter certains membres du « gang des escabeaux », je m'aperçois que nombre d'entre eux sont toujours sur place, prêts à tout pour voir et approcher le maximum de stars. Jusqu'au dernier jour du festival, Joseph, France et les autres resteront perchés sur leurs escabeaux, toujours au garde-à-vous.