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Sports

Sébastien Buemi se remet en selle

Sébastien Buemi a soif de revanche et des choses à prouver, et il faudrait être totalement inconscient pour ne pas compter sur lui cette saison.
Hadrien PICARD

Cet article fait partie du programme e-Generation, réalisé en partenariat avec Renault.

Pour un entraîneur de foot, on dit généralement que le pire moment pour perdre un match est immédiatement avant une trêve internationale. Deux semaines d'attente avant le prochain match, le doute qui commence à s'installer lentement : ce n'est que lorsque l'arbitre siffle le coup d'envoi de la rencontre qui suit qu'on peut passer à autre chose. On veut que le prochain match arrive tout de suite pour réparer les erreurs de la défaite précédente.

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L'environnement sous pression du sport automobile est évidemment différent. Mais s'il y a quelqu'un qui est impatient de débuter la deuxième saison de Formula E FIA, c'est bien le pilote de Renault e.Dams Sebastien Buemi.

Rappel des faits : juin 2015, climax de la première saison à Battersea Park, à Londres. Les conditions inégales de cette séance de qualifications du dimanche matin produisent une grille de départ sans dessus-dessous. Le plus heureux parmi les prétendants au titre est sans conteste Sébastien Buemi, sixième sur la grille, alors que son principal rival, Nelson Piquet Jr. se contente de la seizième place. Avec un déficit de cinq petits points à rattraper, après sa troisième victoire de la saison, le samedi précédent, le titre semblait promis à Buemi. Mais un bon départ, et une voiture de sécurité arrivée à un moment opportun, font que Piquet reste dans la course pour le titre.

Dans une course aux faibles écarts, chaque erreur peut coûter cher. Et ça ne rate pas. Sur son premier tour en sortie de stands, à froid après un changement de véhicule, Buemi bloque dans la zone de freinage cahoteuse et perd le contrôle de son véhicule. Bruno Senna le dépasse. Avec Piquet septième après avoir passé Salvador Duran par l'extérieur au 13e virage, Buemi doit trouver un moyen de dépasser Senna pour reconquérir le titre. Le Suisse balance alors tout ce qu'il a à Senna, jusqu'à jouer des coudes dans le dernier tour. Sans jamais réussir à le dépasser. Un Piquet plus que soulagé pouvait alors être proclamé champion avec un petit point d'avance, tandis que Buemi, abattu, n'avait plus que des regrets.

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« Ma première réaction ? Je suis triste, frustré, en colère, déclarait-t-il après la course. Mais je voudrais dire bravo à Nelson Piquet qui a fait une superbe saison. On a fait quelques erreurs qu'on doit accepter : c'est la loi de la course. Maintenant, c'est le moment de tourner la page et de préparer la prochaine saison. »

Buemi a eu suffisamment de temps pour faire le point pendant la trêve estivale de Formula E. Dans ses bons jours, il était tout simplement intouchable dans cette première saison. Sa victoire éclatante à Monte Carlo peut en témoigner, même si Putrajaya, avec sa conduite de maraudeur venu du fin fond de la grille de départ pour aller disputer la troisième place, se classe non loin derrière.

Il n'a pas à se plaindre non plus de ses trois pole positions, ce que seul Jean-Eric Vergne, un autre converti de la Formule 1, a réalisé. En phase de tests, Buemi et son coéquipier Nicolas Prost étaient parmi les premiers à appréhender le style de conduite unique requis pour tirer le plus possible de la Spark-Renault SRT_01E, qui combine vitesse pure et une gestion de l'énergie rusée pour des effets dévastateurs. Si une sortie dangereuse à Moscou ne lui avait pas coûté sa troisième place et 13 précieux points, Buemi aurait pu délivrer le discours du champion au gala du National History Museum. Et Renault e.Dams aurait raflé les titres pilote et constructeur.

Mais le sport automobile n'a jamais été simple. Demandez à JR Hildebrand qui, en 2011, s'est crashé dans le dernier virage du Centennial Indianapolis 500, ce qui a permis à Dan Wheldon de remporter une victoire improbable. Mark Webber a lui aussi perdu sa plus grande – et sa seule – chance de gagner un titre en Formule 1 en un clin d'œil quand il a dérapé sur une bordure mouillée et s'est crashé dans un mur en Corée en 2010. Dans sa récente autobiographie, Webber se rappelle de ce jour comme « le seul désastre absolu de ma saison 2010 », un désastre « qui est arrivé au pire moment ». Webber reprend le fil de son histoire après Abu Dhabi, où son coéquipier Sebastian Vettel remporte le titre.

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« Malgré ma déception, je suis allé voir Seb après la course et j'ai passé 20 minutes seul avec lui, ce qu'il a semblé apprécier, écrit-il. J'étais vraiment mal mais j'ai été éduqué par mes parents à jouer dur, mais de manière honnête, et à faire preuve de fair-play même si j'ai été battu. Je devais aller lui serrer la main. C'était comme si j'avais perdu le titre de 400 points plutôt que de quelques points lors du dernier round. Mais une fois de retour dans la voiture, l'esprit de compétition était déjà revenu. »

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Remplacez Vettel par Piquet et ce sont des mots qui auraient pu être écrits directement par Buemi. Le Suisse avait l'air visiblement affecté au moment de répondre aux journalistes, une fois le drapeau à damiers retombé. Il aurait souhaité être ailleurs plutôt que là.

Mais il est important de se souvenir que, contrairement à Webber, alors âgé de 34 ans, et qui admettait qu'il allait prendre sa retraite avec le titre de champion du monde 2010 en poche, Buemi, qui n'a que 26 ans, a du temps devant lui pour oublier les mésaventures de Battersea.

Désormais âgé de 27 ans, Hildebrand n'a, lui, pas terminé une saison complète d'IndyCar depuis 2012, mais a tout de même fini dans le top 10 à Indianapolis lors de ses deux dernières apparitions. Dans une interview au LA Times l'an dernier à propos de l'incident qui a largement décidé de la suite de sa carrière, le Californien a déclaré : « Je sais que l'on va tout le temps me poser des questions sur le crash. Mais je veux être le mec qui a traversé tout ça, qui a eu à répondre à cette question année après année, et qui a finalement ajouté un chapitre à cette histoire. »

Bien que Buemi ait déjà accompli beaucoup de choses en dehors de la Formula E pour que sa carrière ne soit pas définie par ce crash, il doit sans doute attendre avec impatience son retour à Pékin. Même s'il ne faut pas trop analyser les tests de pré-saison, il est intéressant de noter qu'après avoir dominé les temps des deux premières journées, Buemi s'est senti suffisamment à l'aise avec les nouvelles transmissions Renault pour ne pas partir à la chasse au meilleur temps. Il s'est plutôt attaché à se concentrer sur le tracé du circuit.

Avec une soif de revanche et des choses à prouver, il faudrait être complètement inconscient pour ne pas compter sur Sébastien Buemi cette saison.