FYI.

This story is over 5 years old.

Sports

Le dernier shoot ouvert de Ty Lawson

Ty Lawson est l'un des meneurs de jeu les plus divertissants de la NBA. Il a aussi connu sa quatrième arrestation pour conduite en état d'ivresse cet été et a été transféré à Houston pour que dalle. C'est peut-être sa dernière chance.
Photo by Chris Humphreys-USA TODAY Sports

Commençons par le plus important : quand Ty Lawson a pris sa voiture, ivre, en juillet dernier, dévalant la Route 101 à travers Hollywood, il n'a pas fait une erreur. Une erreur, c'est mettre des chaussettes dépareillées ou rater un rendez-vous chez le docteur parce que vous pensiez qu'on était jeudi, et pas mardi.

Non, quand Lawson, en état d'ébriété, a quitté le bar lounge Le Jardin aux premières heures de la journée, il a fait un choix qui a mis en danger sa vie, celle de sa petite amie sur le siège passager, et celle de tous ceux qui étaient sur la route à ce moment là. C'est la quatrième fois que Lawson fait ce choix, la deuxième fois en 2015. Et encore, il y en a peut-être eu d'autres. Quatre, c'est donc le nombre de fois où Lawson - l'un des meneurs de jeu parmi les plus rapides, divertissants, et intelligents de la NBA quand il ne met pas en danger la vie d'autrui en roulant bourré - a été interpellé pour un délit de conduite sous l'empire d'un état alcoolique.

Publicité

Lawson n'avait pas été forcé à conduire en état d'ébriété, pas cette fois-là ni la fois précédente, et pas les autres fois non plus. C'est un joueur futé et un homme intelligent qui peut parler longtemps et en détail de basket, que ce soit d'un point de vue tactique ou philosophique. Lawson n'est pas seulement une machine à punchlines, mais quelqu'un qui peut vous parler de la balle orange en long et en large car il ne vit que pour ça. Une fois, je lui ai posé la question de l'endroit où il se sentait le plus à l'aise pour passer la balle, une question que j'ai posé à plusieurs basketteurs par le passé, qui me répondaient tous "partout" ou un autre truc fanfaron dans le même genre. Lawson m'a répondu, sans hésitation : "60 centimètres derrière la ligne à trois-points", et m'a expliqué ensuite cela avec la confiance et la précision d'un pilote d'avion de combat décrivant une observation télémétrique instantanément. C'est ainsi qu'il répond aux questions.

Tout cela fait de Lawson un homme intelligent aux choix de vie incroyablement bêtes - le genre de choix qui pourrait lui coûter sa carrière, alors que celle-ci devrait être en plein essor. Même dans la continuellement inconsciente ligue de football américain NFL, quatre arrestations pour conduite en état d'ivresse constitueraient un signal d'alarme.

Et pourtant Lawson n'a pas été exclu de la NBA (pas encore en tout cas), en grande partie parce que sa dernière saison fut l'une de ses meilleures. Il a ainsi totalisé 15,2 points et 9,6 passes décisives par match en moyenne, malgré le fait qu'il jouait pour un coach qui déteste quand ses joueurs courent, et qui n'était pas un grand fan de Lawson non plus.

Publicité

Lawson ne s'est jamais imposé comme le leader de l'équipe, mais ce n'était pas exactement un échec. Ce n'est pas nécessairement la mentalité de Lawson de demander plus à ses partenaires : il peut parfois être passif de manière assez frustrante, mais c'est seulement parce qu'il veut que ses coéquipiers s'impliquent avant que lui ne marque ses points.

En d'autres termes, ce n'est pas le genre de star sur laquelle on construit une équipe. Mais Ty Lawson est assez talentueux pour être le meneur titulaire d'une équipe capable de remporter la NBA. Après avoir été échangé aux Houston Rockets en juillet dernier contre ce qu'on pourrait comparer à une planche apéro un peu moisie (des contrats non garantis et un tour de draft), c'est exactement ce qu'il est. Ou alors il est ce joueur potentiel, mais aussi un basketteur dont la carrière est en train de dégringoler à une vitesse que même ses accélérations turbo ne peuvent égaler. Le choix est désormais à lui de savoir où cela va le mener.

Rapide, intelligent et hors de contrôle. — Photo de Kelvin Kuo-USA TODAY Sports

La relation entre Lawson et les Nuggets s'est détériorée rapidement la saison dernière. Il a notamment raté son vol retour depuis Las Vegas jusqu'à Denver après la coupure du All-Star Game : la goutte qui a fait déborder le vase, des deux côtés. Ce n'est plus vraiment un secret. Après, la décision de drafter Emmanuel Mudiay était la solution idoine pour une équipe dans le creux de la vague qui voulait choper le meilleur joueur disponible, mais ce n'était aussi pas une coïncidence que les Nuggets fassent d'un meneur leur nouveau franchise player.

Publicité

Le GM de Denver Tim Connelly avait déclaré que l'équipe "soutenait avec fermeté" le meneur dans sa situation difficile, mais c'était exactement ce que l'on attendait comme déclaration de sa part. Quand il l'a échangé aux Rockets contre Kostas Papanikolaou, Nick Johnson, Joey Dorsey, un premier choix de draft protégé, et des restes de lasagne, Connelly a montré ce que voulait dire ce genre de phrases en NBA. Avant cette dernière arrestation - et de manière plus réaliste, après sa troisième arrestation - Lawson aurait aisément pu être échangé contre un premier tour de draft et un jeune joueur prometteur. Denver a reçu à l'époque la meilleure offre qu'ils auraient pu espérer recevoir.

Voir un joueur se détériorer comme cela n'est pas une expérience inhabituelle. Cela arrive à tout le monde, de façon plus ou moins gracieuse, et parfois de manière totalement abominable. Normalement, cette détérioration est due à l'âge, à une blessure, ou à cette lessiveuse impitoyable qu'est la NBA, qui tend à se débarrasser petit à petit des joueurs pas au niveau. Pour Lawson, c'est différent. C'est un joueur hyper talentueux qui aura 28 ans juste après le début de la saison 2015-2016 et qui peut, quand il est dans un bon jour, scorer 15 points et 10 passes décisives de moyenne relativement aisément. C'est aussi un joueur qui est à un mauvais choix près de se faire dégager de NBA.

Le 17 juillet, un juge a ordonné à Lawson de subir un contrôle continu de son alcoolémie et de commencer une cure de désintox de 30 jours. C'était un bon départ, mais il y a une grande différence entre quelqu'un qui admet avoir un problème et quelqu'un qui est forcé à recevoir une aide. Il est difficile de savoir, aujourd'hui, si Lawson a envie de changer. Il est facile de voir que sa carrière de basketteur en dépend.

A Houston, Lawson a une chance de recommencer à zéro, mais aussi une chance de faire les mêmes mauvais choix dans l'une des plus grosses et des plus clinquantes villes où réside une équipe NBA. Tous ceux qui se sont un jour régalés à voir Lawson jouer peuvent espérer que son intelligence et sa vision sur le court soient aussi visibles hors des terrains, ils peuvent espérer qu'il accepte de l'aide volontiers, et non pas à contre-coeur, ils peuvent espérer qu'ils réussira à devenir le joueur et la personne qu'il a tout pour être.

Brandon Roy n'avait pas le pouvoir d'arrêter l'érosion du cartilage de ses genoux, la fracture de fatigue des pieds de Joel Embiid avant qu'il ne joue ne serait-ce qu'une minute en NBA n'était pas de sa faute. Mais Ty Lawson, qui est l'un des joueurs de NBA qui fait les meilleurs choix dans les moments les plus chauds, a le choix, et il a donc une chance. Le chemin qu'il prendra prochainement décidera du reste de sa carrière. Il a un shoot ouvert à Houston. Il faut encore qu'il ait envie de le prendre.