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Photo Georges Gobet / AFP
Société

On a rencontré des opposants au G7

Et le message est clair : il faut tout changer. Et vite.

Coté contre-sommet du G7, les polémiques n’en finissent pas. Entre ceux qui se félicitent des conférences bondées et d’une manifestation tranquille ayant réuni 15 000 personnes le samedi à Hendaye, et ceux qui dénoncent l’inertie, la couardise, voire la coopération des organisateurs du contre-sommet (Alternatives G7 et G7 EZ) avec les autorités, les tacles vont bon train. Rendue plus forte par ces divergences, une répression d’État colossale, écrasante, a achevé de museler les rares contestataires qui ont tenté de poser un pied en dehors du cadre. Au-delà des grilles anti-émeutes, des photos officielles et des premières dames en goguette, la parole de ces opposants mérite d’être entendue, toute entière tournée vers un désir de faire bouger les choses, avant que le capitalisme ne finisse de nous engloutir. Portraits.

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Léa, 18 ans, et Florian, 19 ans – Youth for Climate

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Ils sont descendus dans la rue pour la première fois en mars dernier. Six mois plus tard, les voilà à passer une semaine au campement du contre-sommet du G7, à Urrugne, à quelques kilomètres de 7 chefs d’État, bunkerisés dans la très chic station balnéaire de Biarritz. Sur le campement, des altermondialistes, des compatriotes d’Extinction Rebellion, des anticapitalistes, des militants aguerris. « On est venus là pour participer aux mobilisations et faire bouger les choses », affirment-ils d’une seule voix. « Le thème du G7, sur les inégalités, c’est du foutage de gueule, assène Léa. Rénover l’hôtel du Palais – à Biarritz – pour plusieurs millions… Leur comportement n’est jamais en cohérence avec leurs discours ! »

« Privatiser une ville. La mettre en état de siège en plein mois d’été, pour que des personnes mangent du caviar face à la mer, renchérit Florian. Qu’ils parlent, ok, mais qu’ils ne bloquent pas une ville juste pour eux ! » Les deux amis ont assisté à plusieurs conférences du contre-sommet, dans l’aseptisée salle des congrès Ficoba, à Irun, côté espagnol. Issus de familles non militantes, Léa et Florian se reconnaissent dans le combat de l’écologie, qu’ils ont fait leur. Avec ces trois jours de rencontres aux thématiques variées, les deux jeunes adultes se sont rendu compte que « tout était lié. Faire le tri des déchets, ça ne suffit pas. C’est notre modèle économique dans sa globalité qu’il faut remettre en cause. » Un « chemin de conscientisation » comme ils l’appellent, qui est bien peu entretenu par l’Education nationale. « Ce n’est quasiment pas abordé au lycée. On n’insiste pas du tout sur l’urgence. » Attentifs lors de la conférence intitulée « Les médias face à la mutation sécuritaire », curieux du ciné-débat « Quand les multinationales attaquent les États », les ex-lycéens ont perçu l’utilité d’aller au-delà d’un seul combat, vers une « nécessaire convergence des luttes ». Même si leur cheval de bataille demeure l’écologie. « On parle toujours de l’écologie comme d’une chose nouvelle, alors que c’est une vieille lutte, qui n’était seulement pas entendue, explique Léa. Le premier rapport du GIEC – Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat – date de 1990 ! Les gens se réveillent juste à l’aube de la catastrophe. »

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Au campement, ils étaient une vingtaine de Youth for Climate. Mais lors de la grande manifestation du contre-sommet, le samedi, Léa a eu l’impression que « l’écologie était sous-représentée. Les gens ne criaient pas de slogans écolos ». Si le contre-sommet du G7 les a « ouverts à d’autres formes de mobilisation que la marche », les deux jeunes militants sont déjà sensibles à la « DC » comme ils disent, pour désobéissance civile, dont leurs confrères d’Extinction Rebellion se sont fait les chantres. D’ailleurs, Léa compte aussi les rejoindre à la rentrée. « Il faut vraiment être formée. On ne veut pas embarquer de collégiens là-dedans. » En attendant, la jeune fille se demande « ce qui va bien pouvoir en sortir, du G7, si ça va être efficace derrière. C’est toujours des mises en attente, ça traîne… »

« On parle toujours de l’écologie comme d’une chose nouvelle, alors que c’est une vieille lutte » – Léa

S’ils sont aujourd’hui, pour leurs amis, les « potes écolos » aux lubies un peu envahissantes, eux continuent à apprendre le monde dans un milieu qui leur était étranger. Et ne semblent pas prêts à lâcher le morceau. « Il faut arrêter de parler et passer aux actes. Sinon, à un moment, ça va vraiment péter », soutient Florian, pour qui la violence ne résout rien, lui préférant le compromis. Le contre-sommet du G7 les a boostés, eux qui sont déjà conscients de « la dureté du combat. Voir d’autres gens en lutte, ça a fait du bien. Pour nous les jeunes, ce contre-sommet, ça a servi, on a appris plein de choses ». À la rentrée, Léa entrera en première année de biologie, « par curiosité intellectuelle. Ce ne sera pas en accord avec mes valeurs. Je verrai ce dont la société aura besoin à ce moment-là. » Florian, lui, a « du mal à se projeter, avec cette société actuelle qui est à la fin d’un cycle ». Il se réoriente en STAPS. Leur été militant verra son prolongement dans la grève mondiale prévue le 20 septembre prochain. La jeunesse reprend ses droits, consciente de ses devoirs.

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Geneviève Legay, 73 ans – militante ATTAC France

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Son visage et la photo d’elle, blessée au pied d’un policier qui l’enjambe, ont fait le tour du monde. Mais, en ce samedi 24 août caniculaire sur le port d’Hendaye, et malgré sa béquille, la septuagénaire, portée par des accolades d’inconnus, suivra la manifestation jusqu’au bout. « C’est l’occasion pour moi de retrouver tous mes amis qui sont pour des alternatives. On n’est pas simplement là contre le G7, on travaille aussi à un autre monde depuis longtemps. » Celle qui milite depuis 45 ans, qui en a vu et fait, « des sommets, des G et des contre-G », parfois en étant elle-même dans l’organisation, ne supporte pas ces chefs d’Etats « qui se partagent les richesses du monde ».

Le thème des inégalités est pour elle une mascarade : « J’en crois pas un mot. Rien n’est fait pour le peuple, au contraire. Ils ont peur des gens qui les ont élus. C’est nous qui avons la force, qui devons imposer notre façon de voir autrement ». Elle va parler de graines. Beaucoup. De ces graines de luttes semées par sa génération. De la nouvelle, qui doit prendre le relais, trouver d’autres modalités, plus contemporaines. Au contre-sommet du G7, l’éternelle militante a vu une jeunesse présente en nombre. C’est à cette dernière que Geneviève Legay souhaite passer un message. « C’est à eux de reprendre le flambeau. Nos schémas sont ceux du XXe siècle, ils sont un peu…érodés. Il faut qu’ils réinventent le monde. Il faut plus de jeunes encore, pour obliger les gouvernants à changer !»

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« Il faut trouver le minimum qu’on a en commun. Il y a longtemps que j’ai compris qu’il fallait faire des convergences, que les problèmes d’égo devaient s’arrêter »

Malgré les déceptions, la blessure, la militante positive. Pour elle, le mouvement des Gilets Jaunes a été revigorant, une dynamique similaire à Nuit Debout ou Occupy Wall Street. « Ça mûrit bien. Au contre-sommet, on a vu de belles alternatives lors des conférences, notamment sur l’écologie, on voit se profiler un autre monde… » Ces autres possibles, Geneviève Legay les sait réalisables dans l’union, aussi fragile soit-elle. « Il faut trouver le minimum qu’on a en commun. Il y a longtemps que j’ai compris qu’il fallait faire des convergences, que les problèmes d’égo devaient s’arrêter. » Sur la Sécurité sociale, le Code du travail, elle s’inquiète du recul, assure que « certains, qui se sont battus pour ça, doivent se retourner dans leurs tombes ». Dans la famille, le militantisme, l’envie d’un monde meilleur, se transmettent dans les gènes. Des filles militantes, mais aussi des petits-enfants qui marchent pour le climat le vendredi, dont un qui veut faire de la politique. « Je le soutiens et je les éduque au sens critique, c’est primordial », sourit Geneviève Legay. Comme elle le fait depuis une vingtaine d’années, des écoles primaires jusqu’aux universités, en tant que bénévole autour du commerce équitable, avec Artisans du Monde. Elle se souvient de cette classe de 5e, qui a beaucoup pleuré en voyant les images de sa chute à la télé, lui envoyant par la suite un dessin reprenant le moyen mnémotechnique qu’elle leur avait confié concernant la consommation à outrance : BISOU, pour Besoin, Immédiatement, Semblable, Origine, Utile.

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Au contre G7, centre névralgique des luttes pendant trois jours, la militante a retrouvé une ferveur. « Les jeunes viennent me voir pour me dire "vous m’avez donné des ailes, j’ai compris le combat à mener" ». Les hommes et les femmes d’un certain âge aussi se ruent pour la prendre dans leur bras. « Ils me serrent fort. C’est touchant. Ce n’est pas moi personnellement qui suis importante, c’est ce que je représente, l’emblème. La vieille personne qui ne baisse pas la garde. » Une heure avant que le campement des altermondialistes ne soit sous les grenades lacrymogènes, Geneviève Legay, qui n’appelle pas Christophe Castaner autrement que « ministre de la terreur », était sur le plateau de France Bleu, avec l’adjoint au maire d’Hendaye et un policier du syndicat Unité SGP Police–Force Ouvrière. Si l’adjoint au maire « s’est montré très correct, souhaitant que tout se passe pour le mieux », le syndicaliste en revanche « n’entendait rien sur le sujet des violences policières. Je lui ai dit : "Vous parlez comme l’IGPN, moi je peux vous parlez de Zineb, de Steve". Il m’a répondu :"‘Chez nous aussi y a des blessés !" J’ai dit : "Chez nous, il y a des morts, monsieur." Il n’a qu’à rejoindre le syndicat Alliance ! »

Geneviève Legay ne s’en cache pas. Elle « est politique » comme elle dit. Et l’égérie qu’elle est devenue était d’autant plus visible sur les planches en contreplaqué des vitrines hendayaises. Un pochoir avec l’inscription « avenue Geneviève Legay », tout au long du parcours de la manifestation. Qu’elle ne verra qu’au retour. Et qui la fera sourire. Et puis, sous son gilet jaune perlé de badges, ce jour-là, elle porte un tee-shirt offert par des Gilets Jaunes. « J’ai hésité à le mettre. Il y a le mot "apolitique" dessus. Alors j’ai passé le "a" au marqueur noir. Parce que moi, je suis politique ! »

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Alexiane, 31 ans – Gilet Jaune

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Il lui a fallu observer les quinze premiers jours du mouvement pour se décider à le rejoindre. « Au début, cette histoire de taxe, bof… Et puis sur les ronds-points j’ai vu que ça parlait d’un autre monde, d’une autre démocratie. Alors je me suis dit : c’est pour moi ! »

Alexiane a toujours milité. Un temps encartée à la CGT, elle a foulé les pavés pour la FCPE pendant longtemps. « J’ai toujours été un peu une révoltée de la société », sourit la jeune femme, dont le visage s’illumine face à cet état de fait. Le G7, elle n’y serait pas allée sans les Gilets Jaunes. Mais apprécie d’y croiser d’autres organisations et collectifs. « Rien que le thème est incroyable ! Ce sont eux qui créent des inégalités et ils se réunissent pour faire semblant de chercher des solutions à ce qu’ils ont créé ! » Elle aussi a découvert la multitude des causes et des mouvements, au milieu du foisonnement militant du campement et des conférences. « En fait, on pense tous la même chose, mais on est chacun dans sa lutte, chacun dans sa case. » La case, justement, c’est ce qui a fait qu’elle est aujourd’hui une Gilet Jaune qui ne porte plus le vêtement reconnaissable entre mille. « Les médias "classiques" ont fait de nous des beaufs qui ne comprennent rien, des gens bêtes. Quand on parle démocratie, ils ne nous prennent pas au sérieux ».

« On reconnaît aussi nos erreurs, qu’on n’a pas été forcément présents assez tôt pour d’autres luttes »

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D’ailleurs, Alexiane regrette un peu l’absence de Gilets Jaunes comme intervenants lors des conférences du contre-sommet. Pourtant, beaucoup de sujets touchaient leurs revendications, à commencer par le « Fin du monde, fin du mois, même combat ». La jeune femme s’insurge d’ailleurs du flot d’argent nécessaire au G7. « Je me dis mais d’où sort tout cet argent ? Et la population qui en a besoin ? » La Niçoise relève elle aussi une convergence qui se fait timide, et espère du contre-sommet qu’il provoque un déclic chez des militants encasés. « Au rythme où on va, il n’y aura bientôt plus beaucoup de familles militantes. Il faut trouver un moyen de "contaminer" les autres. » Alexiane attend le mois de septembre « comme une vraie révolution. Même si on ne veut pas exactement tous la même chose, il faut qu’on pousse ensemble ». Comme tous, elle voit plus loin, un vrai bouleversement. Pour la jeune femme, ce n’est plus seulement une question d’augmentation des salaires ou autre, mais un changement complet de société qu’il faut opérer. « Il faut vivre et consommer autrement ».

La trentenaire vote à chaque élection, « mais ce n’est pas parce qu’on vote qu’on est en démocratie. Ils ne respectent pas leurs engagements. Et je ne sais pas si le changement est possible en une seule révolution ». L’ancienne cégétiste voit bien qu’au G7, « on est entre nous, et minoritaires, alors il faut mieux communiquer aux gens ce qui est en train de se passer ». Ici, elle a découvert des projets qui l’ont interpellée, comme Ingénieurs sans Frontières, et « leur forme de sécurité sociale alimentaire. Il faut ramener dans les groupes toutes ces idées, ce qu’on a appris, faire un effet boule de neige ». La jeune femme a elle aussi remarqué la présence de nombreux jeunes au contre-sommet, et déplore de ne pas retrouver cette jeunesse dans les manifestations du samedi. « Ils se sont vraiment bien emparés du G7, mais après c’est chacun dans son coin. Les Gilets Jaunes essayent d’être partout, avec les manifs des syndicats, dans les Marches pour le Climat… » D’ailleurs, même si elle n’y croit guère, elle aimerait que les syndicats, les mouvements écologistes, se bougent davantage, et appellent à rejoindre leurs rassemblements hebdomadaires.

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Pour autant, Alexiane a également conscience des failles des Gilets Jaunes. D’ailleurs, avec son groupe, ils ont fait une vidéo pour appeler les militants à les rejoindre. Et aussi un mea culpa. « On reconnaît aussi nos erreurs, qu’on n’a pas été forcément présents assez tôt pour d’autres luttes. » Ils attendent avec impatience la manifestation nationale qui sera à Nice le 28 septembre. Quant au contre-sommet, ils étaient donc bien là. Même si Macron ne veut pas, ils étaient là.

Joël, 41 ans – IpEH Antifaxista (Ipar Euskal Herria / Pays Basque Nord antifasciste)

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Une année entière de discussion, dès qu’ils ont su que le G7 allait se dérouler à Biarritz. « On a fait le tour des organisations, des assos. On a aussi été contacté. Et même si on ne s’entendait pas politiquement avec tout le monde, on avait commencé à s’organiser », se rappelle le quadragénaire ce dimanche 25 août au matin. La plateforme organisatrice du contre-sommet commence à se profiler, des réunions, des rapports, des idées. L’envie de s’impliquer dans ce contre G7. « Mais la direction qu’a prise la plateforme ne nous plaisait pas… Leur conférence de presse, l’OPA d’ATTAC, des partis politiques… Ils – les organisateurs – ont accepté de louer Ficoba, le centre des congrès, pour 36 000 euros ! » En demandant à tout le monde de mettre la main à la poche. « On a dit non. »

Un mois avant le G7, le collectif décide de se retirer. « Chez nous, ça va du communiste jusqu’à l’indépendantiste, en passant par le libertaire, relate Joël. On fonctionne donc au consensus, mais pour être honnête, y a pas eu de gros débat pour se retirer. » Le 17 août, IpEH Antifaxista annonce sa décision de quitter la plateforme. Le 20 août, un communiqué tombe, signé par 5 collectifs. « En tant que militant.e.s libertaires, les thèmes abordés – par le contre sommet–, la forme d’organisation, les choix des luttes, ne correspondent pas à notre stratégie. Notre réponse doit être révolutionnaire, fondamentalement anticapitaliste, internationaliste et autogestionnaire. »

En ce dimanche où se déroule la « Marche des Portraits » de Macron qui ont été décrochés dans les mairies, l’heure est à l’amertume chez le militant antifasciste, qui observe de loin. La veille se déroulait la manifestation « officielle » du contre-sommet. « Moi j’appelle ça la fête foraine pour gauchistes. Il ne manquait que la grande roue. Ces interventions de gens qui sont tous d’accord, ça n’apporte rien. » Avoir des modes de luttes différents est une chose, accepter ceux des autres semblait compliqué pour les organisateurs de la plateforme. Mais ce que Joël, comme les autres collectifs, ne digère pas, c’est cette organisation qui s’est fait main dans la main avec les autorités. « Ils se disent en lutte contre les gens mêmes avec qui ils ont coopéré, s’agace t-il. Même le sous-préfet a dit, plus ou moins en déconnant, qu’il était un peu l’organisateur du contre-sommet ! Chacun son mode de lutte. Mais en se désolidarisant des autres modes, les organisateurs disent "on est les gentils manifestants, les autres ce sont les méchants". »

Ce côté institutionnalisé a eu raison de la motivation des antifas, pour qui il faut davantage occuper l’espace de la rue « avec nos revendications, des slogans vindicatifs, une contestation plus virulente ». Et être solidaires, en le faisant savoir. « Ça fait une semaine, il n’y a pas eu un communiqué de la plateforme pour dénoncer les arrestations, les confiscations des journalistes… Comme s’il fallait pas froisser le sous-préfet. » [L’entretien a eu lieu avant que la plateforme ne fasse un communiqué le lundi après-midi, NDLR]. Les actions prévues samedi ont ainsi été annulées. « Ce sont des peureux, les organisateurs. Ils font le jeu de Macron et de l’État. » Pour celui qui est dans la lutte basque depuis ses 16 ans, ce qui lui a coûté un séjour en prison, cette espèce de démobilisation générale est un affront au Pays basque, terre de luttes historiques. « Il va en sortir quoi, de ces conférences ? Rien du tout. » La plupart des groupes absents ont aussi été échaudés par l’ampleur du dispositif policier. « Ça, ça a bien marché, le flicage et la peur », soupire l’antifa. Reste donc de mornes appels, annulés ou amputés par des montagnes d’uniformes bleus, des « récupérations » qui débectent Joël, et un G7 français glorifié, « à l’opposé de ce que nous sommes, de toutes les idées qu’on défend ».

Lui dont les parents, encartés RPR, collaient des affiches pour Pasqua et Chirac, n’arrive pas à se défaire d’un sentiment de honte, dû à la fierté de l’histoire basque. « Les gens sont écœurés ici, ils pensaient tous qu’au Pays Basque, il y avait une forte dynamique de lutte. On a une histoire ici, qui est passée à la trappe. Pas une banderole, lors de leur carnaval de samedi, sur les revendications basques, les prisonniers. » D’ailleurs, il le sait, le gouvernement n’aurait jamais tenté un G7 dans la région il y a encore 10 ans. « Cette démonstration de force, ici, n’est pas anodine. » Et elle a fonctionné, gommant les messages de luttes, étouffant ce qui fait le sel de leur combat.

Toutes les photos sont d'Elsa Gambin, sauf mention.

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