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Sports

Le club de boxe de la classe supérieure anglaise

Dans la petite ville de Bournemouth, chefs d'entreprise et banquiers se sont battus jusqu'au sang.
Todas las fotos son de Jack Courtez

Cet article a été initialement publié sur VICE.

Le White Collar Boxing est un club où de jeunes employés de bureau anglais s'entraînent pendant huit semaines avant de s'affronter sur un ring. En mars dernier, une soirée opposant une quarantaine de combattants a été organisée au Purbeck Hall de la ville de Bournemouth. Comme je ne pouvais pas louper cette occasion de voir des cadres se battre jusqu'au sang, j'ai décidé d'assister au spectacle.

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La genèse de ces combats entre cols blancs est communément attribuée au Gleason's Gym de New York, un centre où se sont entraînés des champions de boxe comme Mohamed Ali, Mike Tyson et Jake LaMotta. Le propriétaire du lieu, Bruce Silverglade, a commencé à organiser des combats informels pour les jeunes traders de la City. À l'approche du nouveau millénaire, de plus en plus d'amateurs se sont mis à participer. En 2000, des employés de Wall Street ont combattu à Londres dans le cadre d'un événement appelé « Capital Punishment » – et la boxe en col blanc s'est attiré de nombreux adeptes.

La soirée de Bournemouth était organisée par Ultra White Collar Boxing Ltd, les plus grands promoteurs de combats de boxe de col blanc. Et avec près de 4 000 employés de JP Morgan dans la région, cet événement était la meilleure opportunité de frapper un banquier sans se faire arrêter. Néanmoins, la plupart des gens étaient venus pour soutenir l'association Cancer Research UK, plutôt que pour voir les responsables de la crise économique s'humilier mutuellement.

La soirée a débuté de bonne heure et s'est terminée à minuit. Toutes les dix minutes s'affrontaient quatre combattants, répartis sur deux rings. Chaque boxeur avait eu pour mission de vendre 20 tickets à ses potes, si bien que l'atmosphère était comparable à une course où tout le monde vient encourager son ami, et retourne discrètement au pub une fois sa performance terminée.

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Le combat d'ouverture sur le premier ring a vu deux types bedonnants s'affronter avec des gants de 450 grammes et un casque pour seule protection. Le match s'est résumé à six minutes de crochets mous et de petits coups de pied échangés par des types à l'endurance faiblarde. Occasionnellement, l'un touchait l'autre, qui trébuchait en reculant et voyait son casque pivoter.

À mesure que la soirée avançait, les boxeurs devenaient meilleurs et l'ambiance se dégradait. Un type a lancé une bouteille sur la table d'un groupe de supporters rival, les précipitant dans une chasse à l'homme acharnée. Un peu partout autour de moi, des hommes s'éclipsaient aux toilettes, avant d'en ressortir avec des auréoles blanches sous le nez.

Une bagarre enragée a éclaté dans les toilettes, avant de se déplacer dans la salle principale et de s'achever dans l'espace fumeur. Partout, des agents de sécurité éclaboussés de sang essayaient de retenir les deux groupes de supporters qui s'échangeaient coups de pied, coup de poing et coups de tête.

Près des toilettes, j'ai croisé un homme qui saignait abondamment de la tête et qui semblait encore prêt à en découdre. Quand un ami a essayé de le retenir, il a vainement tenté de le repousser en le maculant de son sang.

Le prix de la compétition a été remporté par Charlie Malyon. Charlie (en bleu sur la photo ci-dessus) s'est avéré être le boxeur le plus habile. Tout le long de la soirée, il a fait preuve de réflexes impressionnants. Sa technique constituait à enchaîner des coups secs avant de se replacer pour narguer son adversaire – ce qui a manifestement fini par porter ses fruits.

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Un des matchs suivants opposait Matt, un salarié de JP Morgan, à un type nommé David. Les spectateurs ont pris parti pour Matt, qui avait clairement l'avantage du poids et de la taille. Mais au second round, David l'a terrassé en lui infligeant une bourrasque de petits coups et de crochets. Au troisième round, la méfiance et la fatigue des boxeurs ont ralenti le rythme du match, aboutissant à un score de 28 à 29 pour David.

Peu après le combat, je suis allé à la rencontre de Matt et des autres combattants afin d'en savoir un peu plus sur leur participation.

VICE : Pourquoi avoir participé ?
Matt Elcock, JP Morgan : J'ai toujours fait un peu d'arts martiaux – j'aime me maintenir en forme. Il y a six mois, je me suis mis à la boxe. Quand j'ai vu cet événement passer, je me suis dit qu'il était temps de faire mes preuves.

Comment vous êtes-vous senti aujourd'hui ?
Je suis passé par toutes les émotions. J'ai successivement été surmotivé, déphasé, avant d'avoir un trac monstrueux. Je ne vois aucune sensation similaire à celle que l'on peut avoir avant de monter sur un ring.

Vous avez perdu d'un point – comment vous sentez-vous par rapport à ce résultat ?
Évidemment, tout le monde préfère gagner. Je suis un peu dégoûté, mais je peux partir la tête haute. On était au coude à coude, on se rendait coup pour coup… pour être honnête ça aurait pu se passer différemment. Le premier round était le mien, le second à lui… Je crois que j'avais une meilleure technique et j'étais en meilleure condition, mais il s'est très bien battu. Ses crochets étaient dévastateurs. Respect à lui.

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Pourquoi avoir participé ?
Aran « AK-47 » Kennedy, Deep Motion UK : Je me suis inscrit après avoir entendu parler de l'événement sur Twitter. Quand j'ai vu qu'il y avait huit semaines d'entraînement gratuit et que c'était pour lever des fonds pour la recherche contre le cancer, je me suis dit qu'il fallait que je participe.

Comment vous sentiez-vous avant de monter sur le ring ?
Je me suis répété la phrase suivante : « Il n'y a pas de meilleure sensation que celle de lutter contre le cancer en se prenant des coups. »

À quel point était-ce important pour vous de gagner ?
C'est sûr que j'aurais aimé remporter le prix, mais on est tous des gagnants ici. 2 000 personnes ont été réunies en faveur de la lutte contre le cancer – c'est une cause qui nous concerne tous.

Salut Calvin. Pourquoi êtes-vous venu combattre aujourd'hui ?
Calvin Brandon, auto-entrepreneur, expert en entretien des propriétés : J'ai toujours voulu boxer, mais je remettais ça toujours au lendemain. Aujourd'hui, j'ai 37 ans et je me suis dit : « Si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferais jamais. » J'ai contribué à hauteur de 1 250 euros pour la recherche contre le cancer, alors je me sens plutôt bien.

Vous avez visiblement saigné. Des regrets ?
Non, je n'ai pas eu trop mal sur le coup – mais j'aurais sans doute des regrets demain. C'était un bon combat. Mon adversaire m'a touché au visage à plusieurs reprises, surtout pendant le premier round, mais je lui ai mis quelques bonnes droites dans l'abdomen et on a fait match nul.

Pourquoi avoir participé ?
Adam Miyanji, conseiller client pour Health One-Line : Un de mes collègues m'a convaincu de m'inscrire – il a également participé. Je me suis dit : « Pourquoi pas ? » Ça m'a permis de faire un peu de sport, et c'est pour la bonne cause.

Vous vous en êtes bien sorti ?
Je n'ai pas gagné, mais j'ai géré mon combat.

Vous êtes plutôt Fight Club ou Rocky ?
J'ai essayé de me battre comme un vrai boxeur, mais j'ai plutôt versé du côté de Fight Club. Je ne pouvais pas faire grand-chose – j'ai essayé de mettre en place une tactique, mais quand quelqu'un cherche à vous frapper, vous avez envie de répliquer. Quand vous vous prenez un coup de poing, la réaction la plus naturelle est d'en donner un en retour. C'était la première fois queje me battais.