Le quotidien d’un livreur de journaux

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La vie des autres

Le quotidien d’un livreur de journaux

Luka est un gars plutôt heureux : s'il doit se lever tôt, son boulot ne lui prend que deux heures par jour.

Pour ce nouvel article de la série « La vie des autres », on a filé un appareil photo à Luka Marjanovic, livreur de journaux bosniaque.

Rémunérer Luka pour sa série n'a pas été évident : PayPal, Quickpay, Venmo, Square et tous les autres services ont pour différentes raisons refusé d'effectuer la transaction avec sa banque. Cela n'était néanmoins pas si surprenant. La Bosnie-Herzégovine est un pays compliqué à l'histoire longue qui se remet tout juste du génocide qui l'a frappée il y a 20 ans. Aujourd'hui, selon les récentes estimations, le taux de chômage dans le pays dépasserait les 40 %.

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Luka n'est pas chômeur et est plutôt fier de son boulot, bien qu'il doive se lever tôt. Chaque matin, sept jours par semaine, il se réveille vers 3h du matin et se rend à l'hôpital voisin, son lieu de rendez-vous où un chauffeur vient lui déposer les journaux. Après avoir récupéré sa pile, il passe les deux à trois heures suivantes à déambuler sur son vélo à travers Sarajevo, la capitale bosniaque.

« Ça me laisse assez de temps pour faire d'autres choses, m'a-t-il confié. J'ai pensé à changer de carrière il y a peu, mais il semblerait qu'il n'y ait rien de mieux à faire ici. »

Luka a photographié sa tournée quotidienne, les bâtiments délabrés omniprésents de certains quartiers de la capitale et un groupe de chiens qu'il a croisé. Il a ensuite répondu aux quelques questions qu'on souhaitait lui poser.

VICE : À quoi a ressemblé votre journée aujourd'hui ?
Luka Marjanovic : Je me suis réveillé à ce qui était censé être 5h30, mais l'heure d'été est arrivée dimanche matin, donc je me suis réveillé avec une heure de retard. Je suis allé ramasser et distribuer les journaux, mais j'avais un pneu à plat. J'ai donc dû terminer la tournée à pied et en bus.

Le fait que vous ayez perdu une heure a-t-il changé quelque chose ?
Pas vraiment. Je peux commencer dès 3 heures du matin, mais je tends à me réveiller de plus en plus tard avec le temps. Pour l'instant, ça n'a pas semblé déranger les clients.

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J'ai remarqué quelques personnes âgées dans vos photos. Pourquoi ont-elles attiré votre attention ?
Ce vieil homme m'a vu prendre des photos et a voulu me raconter son histoire. Durant la guerre, sa maison était entourée d'un no man's land. Les bâtiments dans cette zone ont tous été complètement détruits par les bombardements. Aujourd'hui, certains menacent toujours de s'effondrer. Pourtant, personne ne fait rien à ce sujet. La plupart datent du 19ème siècle et sont classés monuments du patrimoine.

Appréciez-vous votre boulot de livreur ?
Ça me prend peu de temps. Je travaille seulement un peu plus de deux heures et je suis pourtant mieux payé que dans la plupart des emplois qui n'offrent pas de grande responsabilité. Aussi, ça me permet de garder la forme et ça me fait lever tôt tous les matins. Cet emploi me laisse aussi assez de temps pour faire d'autres choses. Je vais donc le garder un petit bout de temps. J'ai pensé à changer de carrière il y a peu, mais il semblerait qu'il n'y a rien de mieux à faire ici.

Que faites-vous quand vous avez terminé votre tournée ?
Je bois un café et je me relaxe dans la Wills Jeep du musée d'Histoire. Cette Jeep a été construite en 1941.

Que faites-vous de votre temps libre ?
Je suis des études à l'université. Je travaille aussi dans un studio de Sarajevo. Vous pouvez me suivre sur Instagram.