En wingsuit au-dessus du mont Rose

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En wingsuit au-dessus du mont Rose

Après avoir bravé les plus haut sommets d'Antarctique, d'Iran et du Mali équipée de sa wingsuit, Géraldine Fasnacht est revenue chez elle pour s'attaquer au mont Rose, le mythique massif des Alpes suisses.

Géraldine Fasnacht est une fille de la montagne. Au fil de sa carrière et après 23 podiums en snowboard freeride, onze titres internationaux et trois victoires à l'Xtreme de Verbier – la finale du Freeride World Tour –, la sportive suisse, aujourd'hui âgée de 36 ans, s'est lancée dans le parachutisme, le base jump – saut en parachute depuis un objet fixe – et le vol en wingsuit.

Dans son nouveau projet, intitulé « 4 634 : Perception – The Mountain Within », elle s'élance avec sa wingsuit et son snowboard depuis la pointe Dufour, le point culminant du mythique massif du mont Rose, dans les Alpes suisses, à 4 634 mètres d'altitude – d'où le nom du film. Un défi que les autres pratiquants de la discipline n'avaient encore jamais osé relever, tant réussir à accéder au sommet de ces glaciers est compliqué.

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Si Géraldine est aujourd'hui devenue l'une des rares expertes de la wingsuit en montagne, elle admet avoir commencé la discipline en priorité pour garder la forme durant l'été, entre deux saisons de snowboard, et pouvoir continuer à s'amuser sur les sommets de sa région. Eprise de liberté, cette nouvelle passion l'a néanmoins vite gagnée. Après une longue et méticuleuse préparation mentale, physique et technique, Géraldine a depuis pu accomplir de nombreux exploits, que ce soit chez elle, notamment sur le sommet du Cervin, en Suisse, ou à l'étranger, en France, en Italie, en Russie, au Mali, en Iran, en Arctique et en Antarctique.

Aujourd'hui, depuis 1998 – date de son premier saut en parachute –, elle cumule environ 3 000 vols au total, dont plus de 1 500 avec sa combinaison ailée. Pour autant, elle reste pleine d'humilité face à la montagne et sait renoncer à un saut quand les conditions ne sont pas réunies ou qu'elle est confrontée à un doute, au risque de devoir redescendre à pied le sommet qu'elle avait mis tant de temps à gravir. Géraldine garde également toujours en tête les drames auxquels elle a été confrontée : ces dernières années, la jeune femme a perdu son mari Sébastien Gay lors d'un saut de speed flying (un mix entre le ski et le parapente, ndlr) et, plus récemment, son amie, élève et « petite sœur de cœur » Estelle Balet, emportée dans une avalanche à l'âge de 21 ans, alors qu'elles tournaient un film de wingsuit ensemble.

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Photos de David Carlier et April Bencze

Marquée par ces accidents, l'athlète n'a pourtant jamais arrêté : elle n'en est devenue que plus forte et plus prudente, surtout quand il s'agit d'ouvrir le premier saut d'un sommet. Ainsi, savoir « lire la montagne » devient un enjeu primordial et les calculs et mesures sont nombreux. Si possible, elle étudie aussi au préalable l'environnement et le terrain aux manettes de son avion de brousse. « Après avoir ouvert certains sauts, on peut avoir l'impression qu'on peut tout faire. On peut se prendre pour le roi du monde. C'est là que ça devient dangereux. Autant en pente raide en snowboard qu'en wingsuit, il ne faut jamais être trop confiant. Avec mon copain, quand nous ressentons cela, on en parle aussitôt et on prend quelques jours de repos afin de garder de la distance et de penser à autre chose. »

Dans sa vie comme dans ses exploits, Géraldine se dit inspirée par le Petit prince d'Antoine de Saint-Exupéry, elle qui a pris le risque de quitter sa carrière toute tracée à l'aéroport de Genève pour faire de ses passions son métier. « Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve, une réalité », cite-t-elle. Vivre ses rêves les plus fous, vivre au présent et se sentir vivante : telle est la philosophie de Géraldine Fasnacht. Ces prochaines années, elle a déjà prévu de partir s'élancer depuis les sommets de Madagascar et de toujours nous faire rêver un peu plus.