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Sports

Un surfeur sous pression : Ramzi Boukhiam

Le Marocain a échappé à un lynchage au Brésil après une embrouille à l'eau. Chaud, très chaud.

Surf Session et VICE Sports vous présentent la colonne "Coup de pression" : des grands noms du surf vous racontent un de leurs plus grands moments de peur dans l'eau et sur leurs planches.

Le Marocain Ramzi Boukhiam, 23 ans, évoque pour la première fois une histoire flippante qui aurait pu vraiment mal se terminer :

« Personne n'a eu vent de cette histoire. C'était en 2015, pendant le QS 6000 d'Itacare, au Brésil. J'étais allé surfer tôt le matin, en freesurf, la compétition n'avait pas encore commencé. Les locaux ont la réputation d'être chauds sur ce spot mais j'en savais rien.

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Je rentre dans l'eau et, alors que j'ai encore les cheveux secs, salue le premier gars que je croise. Il me répond "Bonjour mes couilles", ce que je comprends puisque que je parle portugais. Je lui dis "pardon ?" et il me dit, agressif, "qu'est ce que t'as ? T'as pas compris ?". Je lui réponds "nan mais t'es fou ou quoi ?" et là il insulte ma mère et je me mets à disjoncter. Il prend une vague, je prends la suivante allongé – je me suis pas encore mis debout de la session – et on se rentre dedans. On a de l'eau jusqu'à la taille, alors je le pousse au niveau des pecs et il dit : "tu m'as tapé là ?!" et je lui réponds "nan mais c'est quoi ton délire ?".

Il se met alors à siffler et, sans que je comprenne, des mecs arrivent de partout : du line-up avec les dérives en avant et même de la plage avec des barres de fer. Et ils me tombent dessus.

Tous les surfeurs de la compète à l'eau étaient choqués mais personne n'a bougé. Ca faisait vraiment peur. Il n'y en a qu'un seul qui est venu m'aider : c'est Charly (Martin, ndlr).

Il leur dit alors de se calmer, que je n'ai rien fait, de laisser tomber, mais six d'entre eux se jettent sur lui, lui donnent des coups, le mettent sous l'eau. Je veux à mon tour l'aider mais trois mecs me retiennent, impossible de bouger . Ça a duré un bon moment avant que je réussisse à sortir de l'eau.

Une fois sur la plage, je remarque le tout premier gars se diriger vers moi, suivi pas trois grands blacks, secs et musclés, munis de batte et de matraques. A ce moment-là je n'ai qu'une envie : le massacrer. Mais je me dis "calme-toi Ramzi, réfléchis, si tu l'arroses c'est fini, t'as plus qu'à faire tes bagages et t'arracher. Surtout que là-bas c'est à l'ancienne, les mecs sont lâches, ils ont des armes. Laisse-les te frapper, ils se calmeront après". J'encaisse une patate et je me mets à courir sur le sable.

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Pendant ce temps-là Charly, lui, se fait trainer sur la plage ! Je me souviens le voir esquiver un coup de barre à la tête, de justesse. Il arrive à se libérer et se met lui aussi à courir hyper vite et me rejoint à la maison.

Peu de temps après, on me fait savoir que le mec qui m'avait insulté était le boss de la plage et la wildcard locale de l'event ! Certains disaient aussi que c'était un trafiquant.

Deux heures plus tard, un mec est venu pour m'emmener chez le type en question, il voulait me voir. Là je lui ai dit "mec je m'excuse, mais tu as vu comment tu m'a parlé. Imagine que tu es à l'étranger et qu'on te parle comme ça". Il m'a alors expliqué en faisant le bandit que j'étais sur sa plage, son territoire : "ici c'est moi le boss, on me touche pas". Là j'ai pensé à la compétition, à pourquoi j'étais venu jusque-là, je me suis excusé et lui ai tendu la main pour clore l'histoire. Il a hésité avant de la serrer froidement.

Le lendemain, le petit village ne parlait que de ça : l'histoire entre le blond et le Marocain. Pour aller manger ce soir-là, j'avais bien dix minutes de marche dans le noir jusqu'au restaurant, et j'avais vraiment peur qu'on me tire dessus. Tout ce que je voulais c'était faire mes bagages et me barrer. Gros stress. Mais je suis resté, j'ai fait la compétition et j'ai finalement terminé 9ème de l'épreuve. A la fin de l'évent, le mec est venu vers moi et m'a dit "bravo, t'as fracassé".

Cette histoire aurait vraiment pu être pire. J'ai vite compris que si j'avais rendu les coups, c'était foutu, surtout vu le profil du gars… »

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