On a parlé avec un ultra de Sainté après la manifestation de samedi

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On a parlé avec un ultra de Sainté après la manifestation de samedi

Le 5 août, des fans des Verts ont défilé dans les rues de Saint-Étienne pour protester contre des interdictions de stade administratives distribuées à des membres des Green Angels et des Magics Fans. Tom, porte-parole des Green revient sur cette affaire.

Le 23 avril dernier, l'AS Saint-Étienne affrontait le Stade Rennais à l'occasion de la 34e journée de Ligue 1, sans supporters des Verts. Un huis clos avait été prononcé par la Ligue de football professionnel (LFP) en raison d'incidents survenus lors du derby face à Lyon le 5 février 2017. Mais malgré l'interdiction, plusieurs fans stéphanois ont réussi à s'introduire dans Geoffroy-Guichard, via son musée, aux alentours de la 15e minute du match, provoquant ainsi son interruption avant sa reprise une vingtaine de minutes plus tard et après le départ des ultras…

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Si aucune sanction n'a été prise contre le club ou les fans présents ce jour-là, une vingtaine de membres des deux principaux groupes de supporters, les Green Angels et les Magic Fans, ont pourtant eu la mauvaise surprise de recevoir une interdiction administrative de stade (IAS) pendant l'été. Une vengeance, selon eux, de la préfecture de la Loire qui n'a pas manqué de les mettre en colère. Pour protester contre cela, les ultras ont notamment organisé une manifestation le samedi 5 août avant la rencontre entre l'ASSE et Nice. Tom, porte-parole des Green Angels, en dit un peu plus à VICE Sports.

Vice Sports : Tom, est-ce que tu peux revenir sur la journée du 23 avril ?
Tom : Ce jour-là, l'ASSE affrontait le Stade Rennais en championnat. Nous avions plus ou moins l'habitude de voir des kops fermés mais là, pour la première fois, notre club était sanctionné d'un huis clos total par la Ligue de football professionnel. Le stade était donc totalement vide. Ce huis clos a été prononcé suite à la blessure d'un employé de l'AS Saint-Étienne engendrée par un jet de projectile lors du derby face à Lyon. Il y avait presque 40 000 supporters ce soir-là, tout le monde a salué l'ambiance, mais pour un acte individuel, c'est une sanction collective qui est prononcée…

Afin de ne pas laisser le Chaudron subir un silence total lors de la rencontre contre Rennes, un appel a été lancé par les groupes ultras à l'ensemble du public stéphanois afin de se rassembler aux portes de Geoffroy-Guichard pour se faire entendre. C'est au début du match qu'il y a eu intrusion dans un angle du stade. Des supporters sont entrés, ils ont chanté pour leur équipe et sont ressortis quelques minutes plus tard dans le calme, alors que la rencontre était interrompue.

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Après le match, on a beaucoup parlé de sanctions pour le club, mais il a finalement été dédouané c'est ça ?
En fait, il n'était tout simplement pas possible pour la LFP de sanctionner le club. Si vous regardez le règlement de la Ligue sur les matches à huis clos, il est juste précisé que si les conditions ne sont pas respectées, « le match ne peut se dérouler et est donné perdu au club fautif ». Or, le match est allé à son terme et le résultat a été entériné. À partir de là, aucune sanction n'est prévue pour l'interruption temporaire d'un huis clos et la LFP a donc été contrainte de classer le dossier.

Il y a eu des suites judiciaires pour les supporters ?
Non. La porte du musée n'a pas été fracturée, rien n'a été dégradé à l'intérieur de l'enceinte donc il n'y a ni effraction, ni dégradation. Il n'y a eu aucune plainte déposée par Saint-Étienne Métropole qui est propriétaire du stade donc il n'y a même pas eu d'enquête.

Comment se fait-il qu'une vingtaine de membres actifs des ultras stéphanois aient alors reçu des IAS ?
C'est une vengeance de la part du préfet de la Loire. Le match se déroulait le jour du premier tour de l'élection présidentielle avec la mobilisation des forces de l'ordre que cela implique. Le problème, c'est que la situation sur place a été mal appréciée par les policiers présents. Ils ont appelé beaucoup de renforts alors que cela était totalement inutile puisque la sortie du stade s'est opérée dans un calme total.

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Du coup, pour un préfet vexé, il existe une vengeance facile : les interdictions administratives de stade. En gros, c'est une procédure qui permet d'interdire quelqu'un sur la base de prétendus troubles à l'ordre public. Dès lors, on doit se rendre au commissariat dont on dépend à chaque match pour prouver que nous ne sommes pas allés au stade, ce qui est évidemment très contraignant dans la vie privée. N'importe qui peut être touché, on ne le répétera jamais assez…

Les vingt personnes de chez nous qui ont eu une interdiction administrative ont été choisies arbitrairement puisqu'il y avait 300 personnes dans le stade. Ce sont essentiellement des leaders, ce qui montre la volonté de punir les groupes ultras au lieu d'instaurer un dialogue constructif.

Allez-vous contester ces interdictions ?
Il faut tout d'abord préciser qu'il y a eu de nombreux problèmes de procédure. Sur les IAS données, on a plusieurs personnes qui n'étaient pas au stade ce jour-là, d'autres où il n'y a aucune preuve photo attestant de leur présence ou alors une preuve photo ne portant pas sur la bonne personne…

Du coup, nous allons attaquer en référé. Dans le passé, il y a eu de nombreuses victoires pour les supporters qui ont contesté ce type d'interdictions avec des dommages et intérêts à chaque fois et donc beaucoup d'argent public gaspillé. Le problème, c'est qu'avec la lenteur de la procédure, les interdictions sont jugées illégales après qu'elles aient pris fin…

Le week-end dernier, vous avez organisé une conférence de presse et une manifestation avant la rencontre contre Nice, pour quelles raisons ?
Il faut que tous les supporters comprennent que ce ne sont pas juste quelques leaders de groupes ultras qui sont visés mais plutôt ce qui fait la ferveur et la passion du Chaudron. Si l'on ne réagit pas tous ensemble, nos kops vont mourir à petit feu et l'âme de notre stade avec. Cette manifestation qui est partie de la place Jean Jaurès, lieu symbolique car situé à côté de la préfecture, c'est une façon de montrer aux autorités que les supporters stéphanois savent s'unir pour défendre leurs libertés.

Et tout s'est bien passé ?
La manifestation s'est très bien déroulée. Nous avons marché jusqu'à notre stade et il y avait environ 400 personnes issues de différentes tribunes de Geoffroy-Guichard. La préfecture n'a pas pris la parole au sujet de la manifestation, ni même sur ce qui avait été dit lors de la conférence de presse. Le président de l'AS Saint-Étienne Roland Romeyer a quant à lui indiqué qu'il fallait réunir tout les acteurs du football autour d'une table pour évoquer la répression qui frappe les stades. Reste maintenant à ce que les paroles deviennent des actes.