A l'intérieur d'une des salles de muay thaï les plus renommées de Bangkok

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A l'intérieur d'une des salles de muay thaï les plus renommées de Bangkok

Le Sitsongpeenong a été construit à partir de rien. Petit à petit, il s'est construit une belle réputation, aussi bien pour le niveau de ses combattants que pour la qualité de ses entraînements.

Lorsque j'ai passé les portes du Sitsongpeenong, un des nombreux gymnases de Bangkok, pour la première fois, je me suis dit que cet endroit était plutôt cool. Je ne veux pas dire par là qu'il est fait pour les touristes qui veulent s'essayer au muay thaï pendant leurs vacances. Pas du tout, car Sitsongpeenong est connu pour le niveau de ses combattants et la qualité de sa formation, dure et éreintante.

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Contrairement à la plupart des gymnases thaï, Sitsongpeenong est beau. Le complexe est spacieux, une table de billard y est installée, propre et parfaitement polie. Un rapide examen de l'enceinte finit par me convaincre de la qualité du travail des designers d'intérieur.

Au Sitsongpeenong, les étrangers peuvent vivre et s'entraîner dans le même gymnase que les combattants muay thaï locaux. La population de combattants étrangers fluctue au cours de l'année, mais dépasse rarement 15 personnes. « Nous avons dix chambres et quand c'est plein, c'est plein », explique Tim le propriétaire du Sitsongpeenong qui veut ainsi conserver la qualité de sa formation en limitant les place disponibles.

Depuis sa création en 2008, Sitsongpeenong – qui signifie ''Les étudiants des deux frères'' – a acquis une solide réputation, tant en Thaïlande qu'à l'étranger, grâce aux succès de ses combattants thaïlandais.

Les apprentis combattants étrangers sont bien présents, mas peu restent plus de deux semaines ou un mois. Contrairement à d'autres salles, qui ont pour vocation de faire de l'argent sur le dos des touristes, comme c'est le cas dans de nombreux gymnases de Phuket, Sitsongpeenong conserve son côté traditionnel grâce au leadership et à l'influence de grands combattants locaux tels que Sittichai et Kem Sitsongpeenong qui combattent régulièrement dans leu pays, mais aussi à l'étranger.

Kem, qui est le propriétaire d'une salle dans les montagnes de Khao Yai avec sa femme et sa famille, a intégré Sitsongpeenong depuis les premiers jours du gymnase. Lorsque Tim a ouvert la salle en 2008, il s'est mis en quête du meilleur entraîneur et du meilleur combattant qui pouvaient exister. Le meilleur combattant ? C'était Kem, qui avait un contrat à 1,2 million de bahts, soit 35 000 dollars.

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Après négociations, Tim a racheté le contrat de Kem pour 850 000 bahts. « C'est pas cher pour un mec comme lui », justifie Tim. Kem s'est avéré être l'un des investissements les plus précieux de Sitsongpeenong, qui permet à la salle de conserver une bonne réputation et d'obtenir des combats rémunérateurs, en Thaïlande et à l'étranger.

Après la construction de son gymnase, Tim a dû trouver le meilleur entraîneur. Son premier choix s'est porté sur un vieil homme appelé Monlit qui avait entraîné Tim lors de ses débuts dans le muay thaï, il y a 30 ans au gymnase Fairtex.

Cela faisait longtemps que Monlit avait quitté le monde du sport et il n'a pas été facile de le convaincre de revenir au muay thaï. Quand Tim l'a sollicité pour lui proposer de participer à l'aventure, Monlit n'était plus aux affaires depuis 10 ans déjà et il avait créé une petite entreprise de vente de poulets sur les marchés.

Heureusement pour Sitsongpeenong, le business de poulets ne fonctionnait pas bien. « Contre toute attente, il m'a appelé, se souvient Tim. Il m'a dit que c'était difficile avec les poulets ». Monlit a alors demandé à son ancien élève de l'aider à trouver un boulot, peu importe le job, n'importe où, même à l'étranger. « Je lui ai alors demandé : ''Je ne sais pas quel travail tu peux faire. Pourquoi ne fais-tu pas le boulot pour lequel tu étais prédisposé quand tu es né ? Pourquoi ne fais-tu pas le travail que tu fais le mieux ? », se souvient Tim. Dans un premier temps, Monlit a hésité à revenir dans la boxe thaï, mais Tim a persisté, en incitant son ancien entraîneur à regarder des combats et, ainsi, raviver en lui l'amour pour un sport qu'il avait quitté.

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Finalement, Monlit a cédé. Avec un entraîneur de premier ordre et un combattant d'élite, Tim était prêt. « J'ai loué une maison en ville, racheté ce gymnase qui était laissé à l'abandon, recruté des combattants. Voilà comment tout à commencé », explique Tim.

Etre rentable n'est pas facile pour un nouveau gymnase. Au cours des deux premières années, la salle n'a fait aucun bénéfice. En fait, elle a même perdu de l'argent tous les mois. Mais Tim et son équipe sont restés optimistes et confiants et, petit à petit, la situation s'est améliorée. Tim a davantage investi dans le gymnase, dans le recrutement de combattants thaïlandais et s'est attaché à ce que sa structure soit reconnue pour la qualité de sa formation. Les boxeurs de Sitsongpeenong se sont ainsi distingués en remportant des compétitions locales et Kem et Sittichai, les plus connus des combattants, ont eu des opportunités pour combattre à l'étranger, renforçant ainsi la réputation internationale de la salle de Tim.

Mais lorsque je me suis rendue dans ce camp, je me suis demandée pourquoi ce lieu était-il aussi sympa. C'est pourtant un gymnase de Bangkok reconnu, avec de féroces combattants thaïs et non pas un camp de vacances pour touristes en quêtes de sensations. Comme je vous le disais au début, l'intérieur est esthétique et il y a une table de billard. D'ailleurs, combien de gymnases ont des tables de billard ?

« Je savais qu'il était difficile de survivre avec uniquement des combattants locaux, donc tout est construit comme s'il y avait des étrangers, explique Tim. On voulait quelque chose de cool ».

Mais si Sitsongpeenong ne peut pas vivre uniquement avec ses célèbres combattants thaïs, la salle pourrait-elle vivre seulement avec l'argent des étrangers ?

Tim ne le pense pas. Une entreprise basée sur une clientèle étrangère pourrait fonctionner dans une économie différente, comme dans le sud de Phuket ou dans le nord à Pai, mais pas à Bangkok. Dans la capitale, « ce qui attire les étrangers, c'est la possibilité de s'entraîner avec des combattants de classe mondiale dans un lieu plutôt agréable », justifie Tim, qui pense que dans les grandes zones touristiques de la Thaïlande, les gens préfèrent aller à la plage ou profiter de la vie nocturne.

Des améliorations sont sans cesse apportées au gymnase : de nouvelles armoires pour ranger les trophées, de nouvelles chambres pour accueillir plus de combattants et la modernisation de ce qui existe déjà, comme par exemple l'installation de robinets et de pommes de douches. De nouveaux combattants sont également arrivés : Petchnongkhai, Yodpayak et Petchwanlop. Tout cela va contribuer à maintenir la bonne réputation de Sitsongpeenong.