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Sports

La Formula E est-elle l’avenir du free-fight ?

Pilotes, voitures, format : quelle gueule aura le sport du futur dans le futur ?
Hadrien Picard

Cet article fait partie du programme e-Generation,_ réalisé _en partenariat avec _Renault_.

On est en 2025 et, par malchance, le monde ressemble encore à celui d'aujourd'hui. Je sais que ça semble impossible à croire, mais imaginez juste qu'on ait réussi à ne pas s'entretuer ou qu'on n'ait pas encore épuisé toutes nos ressources naturelles. A quoi ressemblerait le monde ?

Alors que les séries TV de science-fiction un peu pourries des années 1970 imaginaient un futur où on explorerait l'espace et où des robots obéissants nous aideraient à faire le ménage, la réalité du 21e siècle est loin de ressembler à ça. Le vrai changement prend du temps : les ordinateurs deviennent de plus en plus puissants, les voitures de plus en plus rapides, et les villes se développent de manière de plus en plus complexe. Disons-le tout simplement : notre futur n'appartiendra pas aux robots.

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A lire : La Formula E peut-elle franchir le cap de la deuxième saison ?

En sport, c'est à peu près la même chose. Par exemple, à quel point le football a-t-il vraiment changé durant la dernière décennie ? OK, les salaires des joueurs sont désormais l'équivalent du PIB de plusieurs nations de l'UE, mais le jeu est resté le même. Vous obtiendrez les mêmes conclusions si vous vous intéressez au rugby, au tennis ou au golf (rien ne change jamais dans le golf ; peut-être le style des chapeaux, mais c'est à peu près tout).

Mais que dire d'un sport qui se base sur une évolution rapide. La Formula E, à tout hasard, la catégorie de course tout-électrique qui veut montrer à la Formule 1 que le carburant appartient aux livres d'histoire. La discipline a aussi pas mal d'idées en ce qui concerne l'implication des fans, comme le fait de les rapprocher au plus près de la piste.

Et, dans un sport où le changement est une valeur fondamentale, il y a de la place pour beaucoup de nouveautés tout au long de la décennie à venir. Où sera la Formula E en 2025 ?

La Formula E donne une importance primordiale au spectateur. L'exemple le plus frappant est la dernière course de la saison dernière, à Londres, où les fans avaient la possibilité d'être si près du podium que beaucoup se sont retrouvés aspergés de champagne (il faudrait aller dans des soirées bien cheloues pour réitérer ce genre d'expérience). C'est le contraste le plus évident avec la F1, où les fans doivent plisser des yeux pour ne serait-ce qu'apercevoir le podium.

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Ce côté « faisons les choses différemment » se voit aussi dans les séries de qualifications. Le FanBoost, un vote en ligne qui donne à trois pilotes un boost d'énergie pendant la course, a amené l'implication du spectateur à un autre niveau. Certains puristes pensent que ça dévalue le sport. Ses défenseurs considèrent que le public moderne, féru de technologie, demande ce niveau d'interaction. Comme d'habitude, la vérité doit se trouver quelque part entre ces deux opinions.

Dans le futur, il y a de bonnes chances que cette interaction augmente encore, grâce aux réseaux sociaux notamment. Et pour voir la forme que cela va prendre, il faut s'intéresser à un sport très différent : l'Ultimate Fighting Championship (UFC).

OK, les liens entre le sport automobile et les combats en cage professionnels ne sont pas évidents, mais ne partez pas tout de suite. L'UFC a développé sa propre émission de télé-réalité, The Ultimate Fighter, où un groupe d'espoirs de l'Ultimate Fighting est en compétition pour obtenir un contrat avec l'UFC. Les spectateurs peuvent voir les compétiteurs arriver au sommet ou, dans certains cas, se rater et exploser en vol. Le show est extrêmement populaire : un simple extrait de l'émission a fait de l'UFC une compétition sportive suivie par tout le monde.

Imaginez une version Formula E de cela. Prenez une quinzaine de jeunes pilotes, mettez-les dans un camp d'entraînement et réduisez le groupe avec les meilleurs d'entre eux. Le vainqueur final, choisi par une combinaison de juges experts (des ex-pilotes, des patrons d'écuries) et de votes des spectateurs, gagnerait un contrat pour la saison suivante de Formula E. Il est facile d'envisager ce genre de format se mettre en place en 2025, si ce n'est avant. En 2025, on pourrait même peut-être déjà regarder un pilote de la Formula E Academy gagner des courses.

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On devrait aussi voir une évolution dans les pays que visite la Formula E. Le calendrier actuel est déjà pas mal, mais l'expansion est inévitable. Ça fait déjà partie du plan, avec une étape parisienne dès cette saison.

Si on regarde plus loin cependant, la Formula E a besoin d'une course en Afrique pour être vraiment internationale. Il y a plusieurs options crédibles en Afrique du sud, mais ce qui serait vraiment cool serait un événement au Nigéria ou en Côte d'Ivoire (cela enverrait un signal fort à la F1 aussi, ce qui ne peut pas faire de mal). Une course au Maroc pourrait vraiment être un plaisir pour les yeux également.

On peut espérer que la Formula E développe de vraies rivalités d'ici 2025 aussi. C'est ce qui donne envie de regarder du sport, comme la rivalité entre Senna et Prost en F1. Si la nouvelle génération de Bruno (Senna) et Nico (Prost) ou leurs concurrents pouvaient développer le même genre de rivalité passionnante, la Formula E ne pourrait que s'en satisfaire. Ce sont les rivalités hargneuses qui font les couvertures des magazines, les gros titres des sites Internet ou les éditos des journaux, et non l'amitié entre les coureurs.

Bien sûr, il faut aussi aborder la dimension technologique de la discipline. La Formula E est, après tout, un test pour les technologies écologiques qui peuvent aider à déterminer le futur du transport durable. Ce n'est pas que des duels sur piste et des bagarres sur la grille de départ.

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L'apparence des voitures évoluera également. L'aérodynamisme n'est pas au coeur des courses, mais on devrait tout de même voir des évolutions intéressantes. Les voitures de Formula E de 2025 auront sans doute des lignes plus pures et des fuselages plus étroits.

Parlons caoutchouc maintenant. Les pneus des voitures de Formula E sont utilisés à la fois en conditions sèches et mouillées, un vrai sujet de discussions dans ce sport. Pour cette deuxième saison, ils sont encore frais, mais dans 10 ans, Michelin se sera encore amélioré. Sec ou mouillé, plus d'adhérence (et donc plus de vitesse) semble inévitable.

Mais, soyons honnêtes, le vrai potentiel de développement se trouve dans la motorisation électrique. Les constructeurs ont toute la liberté pour améliorer ce point-là, ce qui revient à donner les clés d'un magasin de bonbons à un enfant. Avec Renault et Citroën dans la course (et d'autres à suivre), on peut s'attendre à de gros progrès de ce côté-là.

L'une des choses qu'on devrait voir en 2025 est une batterie qui peut tenir une course entière. Le président de la FIA Jean Todt en a fait une des priorités de la discipline. Il faut donc s'attendre à ce que la technologie permette de tenir 45 minutes sur une seule batterie dans dix ans.

Évoquons le plus gros dossier maintenant. Comme dans n'importe quel sport, les acteurs les plus importants de la Formula E, ce sont les compétiteurs. Les meilleures voitures concourant dans les plus beaux endroits ont peu d'intérêt si personne ne s'intéresse à ceux qui les conduisent. C'est comme Ali, Pelé ou Federer, je n'ai pas besoin de vous dire quels sports ils pratiquaient, ce sont devenus des icônes, purement et simplement.

Et c'est là-dedans que la Formula E va devoir s'améliorer durant la prochaine décennie. Les sportifs sont des héros : les pilotes doivent être vus comme des casse-cous qui réalisent des exploits que les spectateurs ne pourraient atteindre qu'en rêve. Il y a aussi besoin de temps en temps d'un grand méchant, un personnage à la Satanas des Fous du volant.

Les personnalités des pilotes doivent apparaître aux yeux du grand public, en dehors des voitures. Regardez Lewis Hamilton. En plus d'être un champion sur la piste, c'est une star en dehors, qui se balade avec Pharell et qui sort avec un nombre incalculable de jeunes femmes (tout dépend quel magazine vous lisez). Dans 10 ans, il faut espérer que la Formula E aura un pilote qui aura su transcender cette discipline (idéalement un qui serait passé par la Formula E Academy).

En 2025, la Formula E a besoin de compétiteurs (masculins et féminins) qui capturent l'imagination, qui sont plus que de simples pilotes. Il y a quelques rabat-joie qui pensent qu'un pilote de course devrait se limiter à la piste. Bullshit. Dans n'importe quel sport, le public veut de vrais personnages,à la fois imparfaits et géniaux, pas des robots. Rappelez-vous de ce que je disais plus tôt : le futur n'appartiendra pas aux robots. Si la Formula E la joue finement d'un point de vue humain, elle sera en bonne place en 2025.