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L’alcool nous rend sexistes, homophobes et racistes, selon la science

C’est encore pire que ce que l’on pouvait s’imaginer. Peut-être bien qu’on devrait mettre « Arrêter de boire » sur notre liste de résolutions.

Il est deux heures du matin dans un bar comme un autre. Il y a des cris, des rires, des pleurs. Dans le coin, un gars saoul désagréable importune une dame qui était simplement venue passer du bon temps avec ses amies. Dehors, une bagarre éclate, des insultes racistes et homophobes se font entendre. Je suis certain que vous pouvez vous imaginer cette scène typique sans trop de mal. Vous l’avez probablement déjà vue et vous avez sûrement pensé tout bas que c’était l’alcool qui faisait sortir le méchant.

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Eh bien, vous avez entièrement raison. Si nos constats n’étaient jusqu’ici qu’anecdotiques, deux études différentes ont cette semaine confirmé nos soupçons.

Le mythe fondé des beer goggles

L’Université du Nebraska-Lincoln a mené une étude afin de déterminer les facteurs qui poussent les hommes à objectifier les femmes de manière aussi disproportionnée. Pour ce faire, ils ont donné à 29 hommes de l’alcool en quantité suffisante pour qu’ils soient légèrement en état d’ébriété, alors qu’ils ont donné des cocktails placebo à 20 autres. Ils ont placé les 49 hommes dans la vingtaine dans un laboratoire où ils ont été exposés à des photos de 80 étudiantes en tenue de sortie. Les photos avaient préalablement été évaluées par un panel indépendant, et les femmes étaient jugées selon la cordialité, l’amabilité, la convivialité, la compétence, l’intelligence, la confiance et l’attirance qu’elles exsudaient.

Les participants ayant été munis d’un système de suivi oculaire, les chercheurs ont observé que, lorsqu’une photo d’une femme qui avait reçu un haut pointage pour son apparence était présentée, les hommes posaient un regard plus objectifiant : ils se concentraient moins sur le visage de la femme, préférant regarder sa poitrine et ses hanches. Ce qui est étonnant, c’est que lorsque plus les hommes étaient en état d’ébriété, plus ils s’attardaient au visage des femmes qui avaient obtenu un haut pointage pour leur chaleurosité et leur compétence.

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D’après une des chercheuses, cette étude confirme que « des qualités humaines comme la convivialité et la compétence ou une beauté moyenne offrent une protection contre l’objectification ». Avant cette étude, la seule autre du genre qui avait été menée était basée sur des déclarations faites par des femmes. « Comprendre ce qui déclenche l’objectification est un premier pas pour la contrer et limiter ses effets négatifs », ajoute Riemer.

Boire pour faire sortir nos démons

De l’autre côté de l’Atlantique, à l’Université de Cardiff, l’Institut de recherche sur le crime et la sécurité a mené une étude qui confirme que l’alcool fait ressortir les pires côtés des gens. En examinant 124 cas d’attaques violentes dans trois villes différentes, les chercheurs ont noté que l’alcool était en cause dans 90 % des cas. Dans 18,5 % des cas, c’était la haine, notamment dans des communautés où il y a des tensions raciales ou religieuses.

« Un aspect étonnant de l’étude, c’est le fait que la haine seule n’était pas le facteur unique des attaques : l’alcool a agi comme élément déclencheur », explique le professeur Jonathan Shepherd, directeur de l’Institut. « Combattre l’abus d’alcool est important non seulement pour le bien-être des individus, mais aussi pour celui de l’ensemble de la société. »

Ça explique aussi les propos déplacés de matante après quelques verres de vin à Noël.

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Il y a peut-être une solution

La nécessité est la mère de l’invention, et il aura seulement fallu plusieurs millénaires avant que quelqu’un arrive avec une solution de rechange viable pour éviter l’alcool. Toujours au Royaume-Uni, l’ancien conseiller du gouvernement sur les stupéfiants, David Nutt, est convaincu que nous ne boirons plus d’alcool d’ici dix ans.

Plusieurs millions de personnes dans le monde sont hospitalisées chaque année à cause de l’alcool, dont 77 000 au Canada. Le professeur Nutt croit que lui et sa compagnie, Alcarelle, détiennent une solution pouvant changer à jamais la face de l’humanité : l’alcosynth. En entrevue avec VICE, Nutt explique qu’il a commencé en 2005 à travailler sur ce produit d’alcool synthétique. C’est, d’après lui, un produit qui est 100 fois plus sécuritaire que l’alcool. Son développement en laboratoire fait que toutes ses caractéristiques peuvent être contrôlées. Les chercheurs pourront donc modifier la substance pour en éliminer tous les effets secondaires négatifs et garder uniquement les composantes souhaitables (nous rendre saouls).

Le produit est prêt et breveté, et le professeur veut le lancer le plus tôt possible. Ayant été médecin avant de travailler pour le gouvernement, il explique qu’il a passé toute sa vie à observer les problèmes à long terme de l’alcool traditionnel. Il espère donc que l’alcosynth connaîtra la même croissance que connaissent présentement les cigarettes électroniques. « Cela pourrait changer la culture, dit-il. S’il y a moins de personnes en état d’ébriété, il y a aura moins de violence, de vomi et de situations désagréables dans les rues. »

Billy Eff est sur internet ici et .