A la découverte du Publik Hysterik Kaos du Standard de Liège

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A la découverte du Publik Hysterik Kaos du Standard de Liège

On a discuté avec un des membres fondateurs du dernier-né des groupes ultras des Rouches.

Peu avant l'Euro 2000, l'antre du Standard du Liège, le stade Maurice-Dufrasne, également appelé stade de Sclessin, est rénové et la tribune Vercourt devient la tribune T4. Bien qu'elle accueille quelques supporters visiteurs, elle est souvent vide, voire fermée. Une anomalie pour certains fans des Rouches qui décident d'acheter des billets pour la T4 afin d'y mettre un peu de vie. Ils élaborent un projet de création d'un groupe ultra qui a été accepté par la direction du Standard de Liège.

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La T4 prend alors le nom de Torcida Meuse et le 9 avril 2004, à l'occasion du match contre Anderlecht, l'ennemi juré, une vingtaine de gars sont rassemblés dans la tribune sous la bannière PHK. Ils déploient une banderole sur laquelle est écrit un message rassembleur : ''Tous unis''. Le Publik Hysterik Kao est né.

Il a fallu environ cinq ans aux membres fondateurs du PHK pour, comme ils disent, « propager l'hystérie dans la Torcida Meuse » et faire vivre "l'enfer de Sclessin" aux équipes visiteuses. Aujourd'hui, le PHK est un groupe ultra du Standard reconnu, à l'instar du Kop Rouches 68, des Hell Side 81 et des Ultras Inferno 96. Comme ces derniers, ils se distinguent par leur inconditionnel soutien, leurs tifos qui sont de véritables oeuvres d'art et leur utilisation, assez fréquente, des fumigènes. On a voulu en savoir un peu plus au sujet du dernier-né des groupes ultras du Standard de Liège et Reno, un des membres fondateurs du PHK, ancien capo, a accepté de répondre à nos questions.

Quels sont les principes et les valeurs du PHK ?
Le leitmotiv principal est bien entendu d'encourager le Standard, quel que soit le résultat. Le fait qu'il y ait la fête au stade est également une des principales priorités des fondateurs. Dans ce but, le Publik Hysterik rebaptise la tribune T4 ''Torcida Meuse'', ce qui montre bien ce à quoi doivent ressembler les supporters qui la composent. Notre tribune est ouverte à tous, nous sommes fiers de pouvoir compter parmi nous des personnes venant d'horizons, de cultures, de races diverses, et ce dans un climat de paix et de respect. Le rôle social du groupe est d'ailleurs un aspect non négligeable de ce que le Publik Hysterik veut laisser comme trace dans le mouvement supportériste en Belgique.

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Votre groupe a-t-il une devise ?
Oui, nous en avons même plusieurs :

- La frénésie : toujours garder l'esprit kaotik, peu importent les événements.

- La voix : chanter pendant 90 minutes et plus s'il le faut.

- L'union : ensemble, les fans du Standard ''tsunamisent'' tout.

- La passion : être fier de ses couleurs, de son club, de son groupe.

Pourquoi avez-vous choisi la tête de mort comme emblème ?
A la base, l'emblème du groupe est un personnage fictif appelé ''Hysterix'', inventé par l'un des premiers membres du groupe. On peut retrouver les aventures de ce personnage parmi les dizaines de fanzines sortis lors des premières années.

Peu avant le cinquième anniversaire du groupe, on a réfléchi à un logo plus agressif et plus mature. On a alors commencé notre recherche en regardant ce qui se faisait à droite et à gauche. Internet nous a bien aidé et on a choisi une tête de mort issue du monde des bikers avec quelques traits de caractère du Joker de Batman. Il en est ressorti notre tête de mort avec un sourire caractérisé, moqueur et provocateur.

Mais j'ai l'impression qu'on la voit de moins en moins dans les tribunes..
Oui complètement, l'utilisation de cette tête de mort se fait de plus en plus rare. A la base, on voulait faire un dessin très précis et en relief, mais on s'est rendu compte que c'était trop difficile de le reproduire lors de nos animations ou pour nos produits de merchandising. C'est pourquoi, aujourd'hui, on utilise plus le joker que la tête de mort.

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Combien de membres êtes-vous au sein du PHK ?
Ça varie d'année en année, en fonction des résultats de l'équipe. Notre moyenne reste autour de 300 membres avec des pics à 400 lors des saisons qui ont suivi les derniers titres lors des saisons 2007-2008 et 2008-2009. Pour ce qui est des membres dits ''actifs'' ça tourne autour de 30-50 gars sur l'ensemble de la saison. Ce sont eux qui font vivre le groupe et le font évoluer.

Qu'est-ce que ça signifie pour vous être supporter d'une équipe de foot ?
On découvre souvent le stade avec son père ou un autre membre de sa famille, une passion naît et cette passion elle reste saison après saison, et ce quels que soient les résultats. Être supporter, c'est avant tout l'amour de ses couleurs et de son blason. On ne peut aimer qu'un seul club, c'est ça le vrai supporter.

Et être ultra ?
Etre ultra, c'est défendre et encourager son club par des chants constants et/ou par des animation en tribune. Un ultra, il joue son match en tribune. Quand on gagne un match, ce sont 12 hommes sur le terrain.

A côté de l'activité au stade, c'est un mode de vie d'être ultra. On s'habille selon les codes, on se comporte selon les codes. Il y a un côté très social dans la gestion d'un groupe. Beaucoup de jeunes ont l'occasion d'assumer des responsabilités et on essaie de véhiculer des valeurs essentielles à nos yeux comme la tolérance ou l'antiracisme. Cette dimension sociale se retrouve dans les collectes de vivres non-périssables que nous organisons pour les Resto du Cœur avec les autres groupes. Nous participons également à des projets culturels : films, pièces de théâtre, divers débats du le football.

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Y-a-t-il une hiérarchie au sein du PHK ?
Comme dans beaucoup d'autres groupes, il existe un bureau qui regroupe le président, le secrétaire, le trésorier et d'autres responsables, pour les animations, le merchandising, la gestion des déplacements, les achats, etc… Toutes les décisions importantes passent par ce bureau. Nous sommes obligés d'avoir un minimum de structure si on veut arriver à nos objectifs. Tous les maillons de la chaîne sont importants dans le groupe. Du gars qui vient boire un coup en déplacement avec nous, en passant par ceux qui bossent sur les tifos.

Les fumigènes vous ont valus des interdictions d'assister à des matches. Comment le Standard justifie-t-il l'interdiction des fumigènes ? Trop dangereux ?
Nous savons qu'à chaque utilisation de fumigènes, nous allons êtes sanctionnés la semaine suivante, cela reste interdit. Il faut aussi savoir qu'en Belgique c'est le club qui remet les billets aux différents groupes officiels, il lui est donc facile de ne pas nous en donner pour certaines rencontres. On essaie donc d'alterner les périodes de répressions et les périodes dites plus calmes afin de ne pas se retrouver dans des situations inconfortables.

Il y a toujours eu un dialogue ouvert entre le club et le PHK concernant l'utilisation des fumigènes. De notre côté, on sensibilise nos membres par rapport à la dangerosité des différents engins pyrotechniques.

Avez-vous expliqué au club que les fumigènes font partie du mouvement ultra et sont des éléments essentiels de la culture ultra dans les stades ?
Oui, nous avons déjà eu de nombreuses réunions suite à l'utilisation de fumigènes. Nous savons que notre club est ouvert aux dialogues, mais la discussion tourne en boucle à chaque fois. C'est interdit et nous jouons le jeu du chat et de la souris, avec les spotters notamment. Et si on se fait prendre, on assume. C'est difficile pour le club d'assumer ce genre de comportements, mais, d'un autre côté, cette dimension sulfureuse a fait la réputation de notre stade et de son ambiance.

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Dans un communiqué du 7 janvier, vous disiez avoir renoué le dialogue avec le Standard. Ça démontre que vos relations sont tout de même compliquées…
Comme expliqué précédemment, les sanctions se résument souvent à l'interdiction d'un ou deux déplacements, mais, cette fois-ci, le contexte était différent. Le club était déjà sous tension sportivement, mais également au niveau extra-sportif. Malheureusement pour nous, le jour de la rencontre contre Charleroi, nous avions décidé de faire un show pyrotechnique et la suite de la rencontre ne s'est pas déroulée de la meilleure des manières pour le club.

C'est-à-dire ?
Le match a été définitivement arrêté suite aux jets de projectiles de la part des deux camps. Bien que notre show se soit déroulé sans incident, le club nous a sévèrement sanctionnés : pas d'accès à notre local, interdiction de se déplacer pour le reste de la saison, aucune facilité pour préparer nos tifos et d'autres interdictions. Les critiques médiatiques qui ont suivi ce match ont sûrement poussé le club à prendre ces décisions. Il fallait montrer l'exemple et nous étions une cible parfaite.

Pour calmer l'affaire, il a fallu organiser des rencontres et proposer des solutions pour redorer l'image du club. C'est du donnant-donnant. On ne souhaite par ternir l'image du club, ni le plonger dans des problèmes extra-sportifs à n'en plus finir. Aujourd'hui, le calme est revenu entre nous.

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Sur quelles bases nouvelles êtes-vous repartis ?
On va dire que l'on va rester sage pendant un certain temps. Le club est dans l'attente de jugements importants concernant le comportement des ses supporters, c'est pas le moment d'aller jeter de l'huile sur le feu. Les journalistes n'attendent que ça et nous ne leur donnerons pas le bâton pour qu'ils nous tapent dessus. Il est temps que notre club retrouve une stabilité qui lui fait défaut depuis des années

Mais je présume que vous ne pouvez pas voir votre avenir sans fumigènes ?
Non. Lorsqu'ils sont bien utilisés, il n'y a rien à dire, ça apporte un plus visuellement. Et il faut être honnête, ça procure une putain de montée d'adrénaline par son côté illicite. Malheureusement, on ne retient que les incidents liés à leur utilisation. Un seul incident peut avoir plus des conséquences graves par rapport à la répression.

D'une manière générale, quelle est la condition des ultras en Belgique ?
Le mouvement à connu plusieurs périodes. Les premiers groupes ont vu timidement le jour dans les années 90 (Ultras inferno , Ultras Genk ), puis avec l'arrivée de l'Euro 2000, les sides ont vécu leurs dernières heures pendant que le mouvement prenait de l'ampleur. On a ensuite vu l'apparition de plusieurs groupes pendant les années 2000 ( Mauve Army , PHK04, GB05, UB05, BWSU01, GENECHE07, Drughi02, ZEBRA02, KUSTBOY, Yellow Black's Army 05, Brussels power 2005 , Mechelen ). Le mouvement à pris un peu plus d'importance avec la naissance de rivalités , les tribunes ont commencées à avoir plus de gueule visuellement , les chants en anglais ont cédé la place à des chants en français/néerlandais. Avec l'explosion du net on a pu voir l'apparition d'animations avec différents supports et de plus en plus techniques, l'achat d'engins pyrotechniques s'est aussi multiplié et diversifié. L'après 2010 a été l'occasion d'accueillir une dernière vague de nouveaux groupes.

Aujourd'hui, le championnat possède plusieurs matches intéressants en tribune mais ça reste assez faible par rapport à d'autres championnats (Pologne , France, Italie, Allemagne, Turquie, Grèce). Le mouvement manque de rigueur et de discipline, il n'existe pas de véritable culture ultras en Belgique, son éclosion est trop lente et la répression ne fait que grandir. La loi football et les nouvelles technologies permettent de garder un contrôle sur le comportement des supporters (un doigt d'honneur c'est 6 mois d'IDS et 250 euros d'amende ), les groupes un peu trop virulents se retrouvent vite décapités par les IDS. Cette situation crée des hauts et des bas dans notre microcosme ultras.