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Maëva Lanier, pompier volontaire, apprentie infirmière et skateuse talentueuse

La jeune Cannoise, championne de France de skate en 2013, jongle entre sa passion, ses études et
Photos Johanna Himmelsbach

Cet article vous est présenté par LIFE RIDE.

Soyons clairs : au FISE, la parité n'est pas de mise. Alors que plus de 200 poilus font la queue pour s'affronter dans l'épreuve reine du festival, le BMX park, les filles sont réduites à la portion congrue. Même chose en skatz : alors que les gars étaient, de mémoire, environ 70, il n'y avait que quatre filles inscrites au moment où on a rencontré la skateuse Maëva Lanier, quelques jours avant sa deuxième place en street. Alors, à qui la faute ? Aux sponsors qui ne leur donnent pas les moyens ? Aux parents qui leur achètent des dinettes ? Au patriarcat ? Un vaste débat qu'on va se permettre de remettre à plus tard. Parce qu'au fond, il suffit de pas grand-chose pour voir dans ce manque de participantes une opportunité dingue. En fait, il suffit d'un peu d'acharnement, de talent et d'aisance pour, en quelques mois de pratique, pouvoir se pointer sans rougir dans les phases finales d'une compétition réputée comme le FISE. Une occasion rêvée de skater un bon park devant des centaines de curieux désireux de vous applaudir. Alors, sérieux les filles, n'ayez plus peur et faites comme Maëva Lanier : déplacez-vous sur les événements chaque fois que vous en avez l'occasion.

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VICE Sports : Salut Maëva, tu peux te présenter rapido ?
Maëva Lanier : Salut, je m'appelle Maëva Lanier. J'ai 20 ans, j'habite à Cannes et je fais du skate depuis à peu près cinq ans. J'aime bien faire les compétitions, bouger un peu partout en France et je suis aussi pompier volontaire et en école d'infirmière.

T'es pompier volontaire depuis longtemps ?
Je suis dans une caserne depuis bientôt quatre ans. Maintenant, avec l'école d'infirmière, c'est un peu dur de gérer, entre les stages, les partiels, les cours… Mais bon, je me débrouille parce que le skate et les pompiers, c'est avant tout des passions.

D'ailleurs, j'ai vu qu'il y avait une photo de toi dans le calendrier des pompiers de Cannes ?
Oui, le mois de juillet c'est moi, haha ! Le thème du calendrier, c'était "pompiers et passion". Donc je pose avec le sac d'oxygénothérapie.

Tu fais quoi comme type d'intervention, en tant que volontaire ?
J'interviens dans tous les domaines. Feux, sanitaires… Selon mes jours de garde, je suis affectée à un engin et je peux décaler sur n'importe quelle intervention. En gros, moi j'interviens en tant que secouriste, le chef d'agrès (le responsable de la planification, ndlr) me donne une mission. Je peux faire des relevages, des massages cardiaques, si malheureusement il y en a besoin. En cas d'accidents de voiture, je peux faire les maintiens de tête pour garder l'axe tête-tronc… Pas mal de choses comme ça. Et sinon pour le feu, je suis équipière, porte-lance. Donc il y a le gars qui tient la lance, et moi je suis derrière, ou je gère l'alimentation… Il y a plein de rôles. C'est intéressant et c'est compliqué à la fois. C'est trop bien, j'adore !

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Ça se complète, skate et pompiers ?
Ben, avec les pompiers, j'arrive à avoir beaucoup d'adrénaline et à faire des choses vraiment intéressantes, complémentaires de l'école d'infirmière. Et quand je vois des choses qui sont un peu dures, j'ai toujours le skate pour m'évader, me changer les idées. Ça me permet aussi de faire du cardio, de me vider la tête, d'évoluer, et de travailler l'équilibre. À la base, le skate c'était pour m'évader, pour penser à autre chose. Et au fur et à mesure, c'est devenu une passion. J'ai progressé, j'ai continué à adorer et je suis arrivée championne de France en 2013. Et au FISE, chaque année je suis deuxième !

VICE Sports était au FISE et ça se passe ici.

Pour le moment, cette année, on est que quatre donc… On verra si d'autres filles se motivent. Il y en a qui ont peur de s'inscrire parce qu'il y a beaucoup de public, mais ce serait super. C'est assez compliqué : on est beaucoup de filles à skater en France, mais il faut se motiver à bouger, à faire des compétitions, à sortir un peu de l'ombre. Il y a des filles qui ont peur de rouler avec les garçons, peur du regard des autres — c'est vrai que c'est compliqué, au début. Mais bon, il faut s'y faire.

Il y a trop de public ? Ça fait peur à certaines ?
Ah ben, c'est le FISE hein ! Donc oui, il y en a à qui ça fait peur, mais c'est normal : c'est une compétition internationale vraiment réputée. Moi, ça me fait toujours plaisir de venir et de retrouver des copines. Là, c'est la cinquième fois que je participe. En fait j'ai commencé le skate, et six mois après, je me lançais dans les compétitions avec les championnats de France et le FISE. Au début, le public ça impressionnait mais bon. J'étais détendue, j'étais avec mes copines donc je n'y pensais pas trop. Et maintenant, ça me paraît normal.

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Tu as regardé le contest hommes ?
Ouais, j'ai adoré. Il y a beaucoup de riders du monde entier et plein de Français qui se sont bien démarqués, donc je suis contente ! Et puis je supporte des copains : depuis que j'ai commencé le skate, je les vois évoluer avec moi, je les vois faire des compétitions en Russie, à Dubaï… Donc je suis contente de les suivre et de les retrouver aussi.

Toi tu as eu l'occasion de voyager hors de France grâce au skate ?
Pas encore. J'espérais pouvoir le faire, mais j'ai commencé l'école d'infirmière donc c'est un peu compliqué. Je pense principalement à mon diplôme d'infirmière maintenant, et je verrai par la suite. Là, il me reste encore deux ans à faire. Pour le moment, je me consacre à ça — en plus je trouve ça vachement intéressant. Et puis on verra bien ! Je n'aurai que 23 ans !

A lire aussi : On a demandé aux nanas de L'Equipée ce qu'elles faisaient au FISE.

J'ai vu que tu avais quand même quelques sponsors…
Oui, je skate pour un magasin à Cannes qui s'appelle Papatoro. Je suis aussi chez une marque de casquettes et de vêtements qui s'appelle Cayler and Sons. Et il y a l'amicale des pompiers qui me donne un coup de main pour les frais d'inscription ! Il y a quelques indemnités pour les déplacements, etc, mais bon après, je ne vais pas vivre de ça non plus ! Il faudrait gagner toutes les compétitions pour se faire quelques sous…

Mais là, il y a quand même un prize money ?
Oui oui, il y a un prize money, mais je sais pas à combien il s'élève. On verra bien, si je fais un podium, ça pourra m'aider pour des déplacements.

Sans doute beaucoup moins que pour les garçons…
Ben oui mais en même temps, si on est que quatre, ils vont pas mettre 1000 euros ! S'il y avait des filles d'autres pays, c'est sûr qu'ils augmenteraient mais là, il n'y a que des Françaises… C'est déjà pas mal qu'ils mettent de l'argent, je trouve ça super ! Parce que là, on a toutes un travail à côté, on fait ça comme une passion — même si j'ai des copines qui bougent énormément et qui ont presque un rythme professionnel.

Mais cette année, j'ai vu qu'ils avaient agrandi le skatepark. Et il y a beaucoup plus de skaters étrangers, donc ils vont sûrement mettre un peu plus l'accent sur le skate ! Je viens d'arriver, là, mais j'ai hâte de tester le park, pour commencer à me faire un run dans ma tête !