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​Comment je suis devenu supporter de Strasbourg grâce à Leboeuf, Zitelli et Chilavert

Des coups de tête de Zitelli contre Liverpool, au tir au but de Chilavert en finale de la Coupe de France, il a vécu les exploits qui résonnent encore dans la Meinau. Il raconte.
44Charles - Wikimedia Commons

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En 1979, le Racing de Gilbert Gress devient champion de France pour la première fois de son histoire. En 1979, je ne suis pas encore né, mais du côté de Strasbourg, cette année, il se passe quelque chose. Le Racing rentre dans les cœurs de toute une région. Et si aujourd'hui, en National, la Meinau fait venir dix fois plus de monde qu'à Monaco en Ligue 1 c'est aussi grâce à ce titre.

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Mon père, ma grand-mère, mes oncles se sont mis à aimer ce club à cette époque-là. Ils ont fait des enfants qui ont grandi dans l'amour de cette équipe, étendard footballistique de toute l'Alsace. Et moi, qui suis un vrai Parisien, mon cœur ne battra jamais pour un autre club que Strasbourg.

Bien sûr, comme tous mes footix de potes qui ont découvert le Parc des Princes quand le Qatar y a injecté des ronds, je vibre quand Paris sort Chelsea en Ligue des Champions. Mais je vibre de la même façon que lorsque Strasbourg tape Les Herbiers ou que le Lyon de Juninho démontait le Real Madrid. L'adrénaline de la Coupe d'Europe je la vis par procuration désormais. Alors, je peux être supporter du PSG un jour, de l'OL le lendemain, de Monaco ou de Marseille mais jamais je ne porterai leurs maillots. Je kiffe trop mon club.

Moi aussi j'ai vibré. Quand je vois Bordeaux se faire taper par un Liverpool prenable ça me fait rire. La dernière fois qu'on les a joués, on les a mangés, éliminé. Oui, Alexander Vencel a écœuré Robbie Fowler. Phillippe Raschke a contrôlé Jamie Redknapp et David Zitelli a mis à l'amende Steve McManaman. C'était en 1997, quand la Ligue Europa s'appelait coupe UEFA et ressemblait encore à une coupe d'Europe.

Une époque où l'Inter Milan de Ronaldo, Djorkaeff, Zamorano et Recoba jouait la C3 et venait prendre une fessée à la Meinau. Ce sont des soirs comme ça qui te font aimer un club pour la vie. J'ai plus crié sur la frappe du 2-0 de Valérien Ismaël que sur les deux buts de Zidane en 98. Ce club, putain, je le kiffe. Et j'ai plus chialé quand Diego Simeone nous mettait le troisième but au retour que quand Trezeguet ratait son penalty face à l'Italie. C'est mon club.

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Aujourd'hui, j'ai de la nostalgie. La nostalgie d'une équipe, pas de ses supporters, encore plus beaux en National aujourd'hui qu'en coupe d'Europe à l'époque. La nostalgie aussi de lire que le PSG d'aujourd'hui peut devenir le premier club à gagner le championnat sans perdre un match. Le dernier qui a failli faire cette prouesse, c'était le FC Nantes en 1995. 33ème journée, défaite 2-0 à la Meinau. Leboeuf, Mostovoi. J'y étais. « Cui cui les Canaris sont cuits », jamais je n'oublierai ce chant. C'est un peu comme si le Gazélec battait le PSG. Dans 50 ans, ils en parleront encore du côté de la buvette.

Même au début du 21ème siècle on a vécu des moments forts. 2001, finale de la Coupe de France au Stade de France. On prend nos cigognes avec toute la famille, on se rend au stade. On joue Amiens, alors en deuxième division. Ça devait être simple, pourtant les Picards nous emmènent aux tirs aux buts. À 4-4 vous savez qui s'avance pour le tir qui peut nous donner la Coupe ? CHILAVERT. Putain de José Luis Chilavert ! Il était gros comme pas possible mais quand c'est lui qui s'apprête à tirer, d'un coup tu sens quelque chose de totalement dingue. Le mec a un charisme pas possible. Et il la met ! Il devient fou. Nous avec. Luyindula se jette dans le kop, c'est du grand n'importe quoi. Putain, j'aime ce club.

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Amiens 0 (4-5) 0 Strasbourg (Tir au but) par jackiegoebeuls

Et je crois que je l'aime encore plus aujourd'hui. On a vécu tellement de trucs atroces, Pascal Nouma, Amara Diané, Stéphane Pichot et Jafar. Putain de Jafar (Hilali, ndlr). Le Président qui nous a envoyés tout en bas. Tellement bas qu'il avait même réussi à vendre le club pour 1€ à un supporter. La risée. Mais sans Jafar, ça se trouve, on végéterait en L2 et on s'en foutrait. J'ai presque envie de le remercier.

En nous renvoyant dans les bas-fonds de l'amateurisme, il a rendu au Racing son âme de club popu. La merde, tout le monde s'est mise à la nettoyer. Surtout les supporters. Et depuis le CFA 2, personne n'a lâché. On finira par revenir. En attendant, la Meinau n'a jamais été aussi soudée. Et la bière y coule à flots. Sans débordements, sans CRS. Le vrai foot.

À l'extérieur aussi d'ailleurs y'a du monde. Tellement que par moments c'est le Président, Marc Keller, un gosse du club, qui se démerde pour faire rentrer les supporters lésés. Et les mecs sont courageux quand même parce que sur le terrain c'est dégueulasse. Niveau National quoi. Mais c'est pas grave, c'est pas important, on continuera à pousser. On reverra la Ligue 2. On reverra la Ligue 1. On aura des nouvelles paires Ljuboja – Niang. On révélera des nouveaux Morgan Schneiderlin. Et ceux-là feront des gosses. Des gosses qui iront à la Meinau. Des gosses qui sauront qu'en 1979, le RCS a été champion de France.

Ce qui n'arrivera jamais au FC Metz.