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Sports

Roland-Garros, le grand défi de Novak Djokovic

S'il veut triompher pour la première fois Porte d'Auteuil, l'incontestable numéro 1 mondial va devoir empêcher Nadal de faire la decima et Wawrinka le doublé.

Cet article vous est présenté par CanalSat et son défi de Djoko

C'est l'une des images de l'édition 2015 de Roland-Garros. Novak Djokovic reçoit des mains de Jean Gachassin, président de la Fédération française de tennis, le plateau en argent qui sert de trophée au finaliste malheureux du tournoi. Les spectateurs applaudissent le Serbe chaleureusement. Une standing ovation qui va durer près de deux minutes et qui sera seulement interrompue par la speakerine qui avait visiblement un apéro qui l'attendait en ce dimanche ensoleillé.

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Deux minutes d'hommage à ce joueur que le « public de connaisseurs », dixit tous les commentateurs de France Télévisions, voulait voir gagner. Parce que ce « public exigeant », selon les mêmes commentateurs, a le sens de l'Histoire et qu'il aurait aimé assister ce jour-là au sacre de Djoko, qui rêve de compléter sa collection de trophées et surtout accrocher le seul titre qui manque à son palmarès. Pas de bol pour lui, ce jour-là il tombe sur un Stan Wawrinka en état de grâce, sûrement transcendé par l'idée de devenir le vainqueur de Roland le moins stylé.

Djokovic, de dos, qui félicite le vainqueur, Stan Wawrinka. Photo Jason Caimduff / Reuters.

Wawrinka bat Djoko en 4 sets (4-6, 6-4, 6-3, 6-4) et l'empêche de rejoindre Rafa et d'autres dans le cercle restreint des tennismen qui ont remporté tous les tournois du Grand Chelem. Le Suisse, qui de son propre aveu réalise « le match de sa vie » ce jour-là, brise aussi sans le savoir le rêve du Serbe de réaliser le Grand Chelem sur une saison. Un pressentiment qu'avaient eu les Parisiens de la Porte d'Auteuil, ce qui explique sûrement leurs applaudissements nourris qui feront craquer Novak. Et lui donneront encore plus de détermination pour réaliser sa saison d'extraterrestre et aller chercher les deux autres tournois du Grand Chelem de la saison : Wimbledon et l'US Open.

Novak Djokovic conclut la saison 2015 par une victoire au Masters en écrasant Roger Federer 6-3, 6-4. Ce même Roger qu'il battait en finale à Londres et New York quelques mois plus tôt, visiblement décidé à se venger de tous les Suisses qui se mettent sur son passage. Mais évidemment, cette année de tous les records a un goût d'inachevé pour le numéro 1 mondial qui déclare d'ailleurs le soir de son titre au Masters : _« _C'est une saison proche de la perfection_ »._

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Heureusement pour lui, la vie du sportif n'est qu'un éternel recommencement. Et sans surprise, après l'année 2015, est venue l'année 2016 et ses traditionnels quatre tournois du Grand Chelem. En guise de mise en bouche, Djoko s'octroie le sixième Open d'Australie de sa carrière (après ses titres de 2008, 2011, 2012, 2013, 2015) en martyrisant tous ceux qui ont eu la malchance de l'affronter. Tous lui prédisent déjà une saison tranquille. Mais la suite se complique un peu pour l'intolérant au gluten le plus célèbre de la planète. Il abandonne d'abord en quarts à Dubaï face à Feliciano Lopez à cause d'un problème à l'oeil. Il galère ensuite à se débarrasser du Kazakh Mikhail Kukushkin qu'il bat en 5 sets en Coupe Davis. Plus surprenant encore, sa défaite dès le 2ème tour du tournoi de Monte-Carlo face au modeste Jiri Vesely, 55ème mondial. Un véritable tremblement de terre, surtout quand on sait que la dernière défaite de Djoko face à un joueur classé hors du Top 50 remonte à juin 2010 et un match perdu face à Xavier Malisse, alors classé 74ème, en huitième de finale au Queens.

Mais ce jour-là, le Serbe déjoue complètement et se rend coupable de 34 fautes directes contre seulement 26 coups gagnants. Lui qui n'avait pas perdu un set depuis un mois, et sortait d'un doublé Indian Wells – Miami, s'incline donc d'entrée chez lui à Monaco. L'exilé fiscal, qui n'avait plus joué sur terre battue depuis Roland-Garros, n'a peut-être pas eu le temps de préparer suffisamment sa transition sur l'ocre. Philosophe après son échec à Monte-Carlo, il déclare alors : « Personne n'est invincible ». Et comme souvent, le numéro 1 mondial puise sa force dans la défaite pour repartir de l'avant.

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Le cri de rage de Novak Djokovic lors de sa demi-finale face à Ernests Gulbis, en 2014 à Paris. Photo Reuters.

Heureusement pour lui, cette saison il a la bonne idée de cocher le tournoi de Madrid dans son calendrier. Chose qu'il n'avait pas faite en 2014 et 2015, pour arriver le plus frais possible à Roland-Garros. Une opportunité pour lui de retrouver ses sensations sur terre, Djoko qui avouait récemment « adorer jouer sur cette surface, avec laquelle il avait grandi ». Bien lui en a pris, puisque le Serbe – qui a profité de sa présence dans la capitale espagnole pour aller voir la demi-finale entre le Real et City en Ligue des champions – a remporté le tournoi en battant en finale Andy Murray en 3 sets (6-2, 3-6, 6-3). De quoi se rassurer un peu à quelques semaines du début de Roland.

Sa mauvaise idée a peut-­être été de cocher le tournoi de Rome dans son calendrier. Après un premier tour facilement géré face au Français Stéphane Robert, Djoko doit s'employer pour battre en 3 sets Thomaz Bellucci, qui lui colle au passage un 6­-0 dans le premier set (0­-6, 6-­3, 6-­2). En quart, il lutte pendant plus de deux heures avec Nadal (7­-5, 7-­6) avant de l'emporter de justesse au tour suivant face à Nishikori, en gagnant le 3ème set au tie­-break (2-­6, 6-­4, 7-­6). En finale, il retrouve son nouveau meilleur ennemi, le Britannique Andy Murray. Epuisé par ses batailles dans les précédents tours, exaspéré par la météo très british, le numéro 1 mondial perd ses nerfs et s'en prend même à l'arbitre : « Ça fait une heure qu'il pleut, mon ami ! Je ne veux plus jouer ! Vous ne pensez pas qu'il y a des conséquences ? Vous ne pensez pas que les lignes sont glissantes ? Quelqu'un va se blesser » lâche­-t­-il. Pas de quoi émouvoir l'homme à la chaise haute qui lui intime de continuer à jouer. Très nerveux, le Serbe manque même de péter sa raquette plusieurs fois, mais la raclée qu'il prend est tellement fulgurante qu'il n'a même pas le temps. Un 6-­3, 6-­3 plus tard, il reconnaît la supériorité de son adversaire du jour, mais ne s'avoue surtout pas vaincu. « Je reste très confiant, cette défaite ne va pas me faire douter », déclare le joueur le plus LOL du circuit.

Une manière pour lui de faire taire tous ceux qui n'ont pas attendu une seconde pour se demander si, finalement, cette défaite n'arrivait pas au pire moment de la saison. Ou si la victoire de Murray n'allait pas lui donner la confiance pour franchir ce palier supplémentaire nécessaire pour l'emporter Porte d'Auteuil. Sans oublier tous ceux qui croient dur comme en fer en une decima de Rafa. Il y a aussi les chauvins qui voient Gasquet être capable de réaliser enfin une perf' et les optimistes qui se disent que Tsonga va exploiter son potentiel. Et si finalement Wawrinka faisait le doublé, veulent croire d'autres, quand des courageux lancent le nom de Nishikori.

Autant de commentaires pour autant de commentateurs, qui oublient peut-être que les plus grandes victoires de Djokovic se sont forgées dans la défaite, dans l'adversité, dans le doute. L'enfant de Belgrade, qui a échangé ses premières balles alors que son pays était bombardé par l'OTAN, n'est jamais aussi fort que quand il est dos au mur. Et le 5 juin prochain, il compte bien pleurer de joie.

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