FYI.

This story is over 5 years old.

Sports

XV de France : une tournée qui n'a servi à pas grand-chose

Trois défaites face à l'Afrique du Sud qui font mal au crâne et qui nous font nous poser des questions.

Voilà, l'équipe de France de rugby rentre de sa tournée dans l'hémisphère Sud avec une valise bien remplie. Son contenu ? Trois défaites contre l'Afrique du Sud (14-37, 15-37, 12-35), d'autant plus cinglantes que certains pensaient les Springboks bien moins fringants et moins armés que par le passé. C'est ce que nous pensions aussi le 10 juin à Pretoria lors du premier des trois matches. Les Boks semblaient bien moins impressionnants que leurs prédécesseurs bodybuildés, adeptes du désossage et des rucks saignants. Nos minces espoirs de victoire se sont très vite envolés, à mesure que les Sud-africains déployaient un jeu fait de vitesse, de passes au coeur de la défense et de vice dans le combat au près. Contre-nature peut-être, mais ô combien efficace.

Publicité

En ce lundi 26 juin, tous les amateurs de rugby ont la gueule de bois et cherchent des explications à cette déroute africaine. Même si dans les colonnes de Midi Olympique, Yoann Maestri a dégagé l'excuse de la fatigue après une saison de Top 14 harassante, on pense tout de même que l'usure des corps et des esprits peut expliquer certaines choses. Les internationaux français jouent beaucoup plus de matches que leurs homologues anglo-saxons. Les performances intéressantes de Yacouba Camara et Jefferson Poirot, blessés une partie de la saison, le démontrent bien. Si les moteurs n'ont plus de gaz pour donner des coups de casque, pour assurer un rideau défensif hermétique et pour trouver des solutions offensives, il devient difficile de gagner un match de rugby. Bien sûr le mental peut compenser les jambes lourdes, mais à un moment donné ça ne suffit plus. Et les coups de pression de Bernard Laporte, président de la Fédération, ne pourront rien changer.

Plus largement, le Top 14 suscite bien des interrogations. Bien sûr, c'est un championnat bandant pour le spectateur, qui a le privilège de voir jouer tous les week-ends certains des meilleurs joueurs du monde. Mais le jeu déployé par les équipes françaises, mis à part Clermont et La Rochelle, n'est peut-être pas adapté aux exigences du rugby international. L'Afrique du Sud et son sélectionneur Allister Coetzee l'ont peut-être compris. Détruire, user physiquement son adversaire pour libérer des espaces est d'ailleurs le dénominateur commun de toutes les équipes. Les Bleus ont été incapables de le faire de manière récurrente, avec efficacité et lucidité. Peu de duels gagnés, beaucoup de ballons tombés, une incapacité à tenir le rythme et SURTOUT un rugby stéréotypé et facilement lisible par les adversaires.

La philosophie prônée par le sélectionneur Guy Novès a tout pour plaire et pour triompher, mais comment demander aux internationaux de jouer un rugby qu'ils ne pratiquent que trop peu dans leurs clubs ? Une partie du problème est peut-être là et, pour le coup, Novès et ses Bleus n'y peuvent pas grand-chose.

Alors oui, cette traditionnelle tournée du mois de juin contentera toujours les amateurs de rugby que nous sommes, mais elle ne sert pas forcément l'équipe de France qui se pose toujours plus de questions. On a vu à l'oeuvre de nouveaux venus, mais ils ne bousculeront pas les absents qui restent les grands gagnants, par défaut, de ce périple en Afrique du Sud.

Le temps est peut-être venu de réinventer le rugby à la française, bien au-delà des contrats fédéraux et des plages de repos des internationaux. Le souci est peut-être conjoncturel, mais surtout structurel.