Avec les catcheurs de Belgique
Photos : Kevin Faingnaert

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Culture

Avec les catcheurs de Belgique

Kevin Faingnaert s’est glissé près des rings et en est revenu avec des images truculentes, à voir actuellement à Circulation(s) à Paris.

Cet article est paru à l'origine sur VICE.

« Durant mon adolescence, moi et mon frère étions fascinés par le catch professionnel. On enregistrait tous les combats qui passaient à la télé pour les regarder en boucle. On en organisait même dans notre jardin avec les autres gamins du quartier. En grandissant, nous nous sommes peu à peu désintéressés de ce sport et nous avons tout oublié de cette pratique.

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Il y a un an, j'ai remarqué une affiche pour un petit combat de catch dans une province francophone de Belgique. J'ai pensé qu'y assister en compagnie de mon frère et de quelques amis pouvait être intéressant. Je n'avais pas la moindre idée de l'existence d'une Ligue de catch professionnel en Belgique et en Europe. J'ai été impressionné par l'atmosphère, les catcheurs, le public… J'ai donc décidé de démarrer un projet documentaire sur le sujet. »

« Les catcheurs que j'ai rencontrés au cours de ce projet sont d'origines diverses : certains viennent de France, d'autres de Belgique, des Pays-Bas, d'Allemagne, du Royaume-Uni, d'Italie… Quelques-uns ont fait de leur pratique leur activité professionnelle principale. Néanmoins, même les catcheurs les plus importants ont un autre job à côté. »

« L'idée de savoir que ces hommes prennent de leur temps – ils voyagent aux quatre coins de l'Europe pour leurs combats – et puisent dans leurs économies pour se dévouer entièrement au catch m'intéressait. J'ai eu l'occasion de voir des trucs vraiment cool, à l'image du contraste entre le personnage du catcheur et sa véritable identité. Des catcheurs particulièrement cruels sont en réalités incroyablement gentils et semblables à n'importe qui d'autre. Ils incarnent des super-héros ou des méchants pendant le week-end, mais sont facteurs, menuisiers ou travaillent dans un bureau durant la semaine. »

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« Les catcheurs se consacrent entièrement à l'alter ego qu'ils ont créé. Si je connais plusieurs combattants depuis un an, certains refusent toujours que je les photographie lors de leur préparation dans les vestiaires, car ils ne veulent pas être vus sans leur masque ou costume, qui sont d'une importance capitale pour eux. Ils sont tout le temps dans la peau d'un personnage et leur tenue incarne visuellement ce rôle. Ces personnalités représentent un subterfuge pour amplifier l'intérêt d'un combat. Certains élaborent leur personnage pendant des années : ils perfectionnent leur démarche, leurs discours, leur comportement vis-à-vis du public, leur façon d'être gentil ou méchant… Cette dévotion envers leur alter ego était à mon sens l'une des parties les plus intéressantes du projet. »

« Au total, j'ai assisté à dix spectacles. En général, on assiste à six ou huit combats par soirée. La plupart du temps, une intrigue se développe au cours du show, à l'image d'une pièce de théâtre ou d'un film. L'histoire se déroule souvent autour d'un gentil et d'un méchant. La compétition pour le titre est devenu un thème récurrent des intrigues. »

« Par ce projet, je voulais me détacher des traditionnels clichés associés aux sports de combat. Ça a déjà été fait avant. Je voulais davantage me focaliser sur les personnages et l'histoire ; c'est pourquoi on ne voit pas de traces de coups ou de coulées de sang sur mes images. »

Propos rapportés pour VICE France.

Vous pouvez voir Catch au Centquatre, à Paris, dans le cadre du festival Circulations, jusqu'au 5 mars 2017. Cliquez ici pour plus d'infos.
Pour retrouver le travail de Kevin Faingnaert, rendez-vous sur son site.

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