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Comment je suis devenu supporter de l’OL grâce à Jean-Michel Aulas

A la base de son attachement à l'Olympique lyonnais, il y a le très présent président du club.
Photo Robert Pratta/Reuters

Autant être honnête tout de suite, si je suis pour l'OL, c'est avant tout parce que je suis né à Lyon et que je n'ai jamais imaginé supporter un autre club que celui de ma ville. Il faut avouer que c'est plutôt bien tombé — j'aurais pu naître quelques kilomètres plus loin, à Saint-Étienne, et me retrouver à m'extasier sur Bayal Sall. Dieu merci, mes parents n'étaient pas mineurs.

Suivre l'OL depuis la saison 2000-2001, l'année où je me suis mis à m'intéresser au foot, c'est quand même le luxe : des titres à la pelle, des grands joueurs (dont certains formés entre Saône et Rhône) et pas mal d'aventures en Ligue des champions. Mais quand je réfléchis deux secondes à l'OL, ce n'est pas forcément le nom d'un joueur qui me vient en tête mais celui de Jean-Michel Aulas, le président emblématique et médiatique du club.

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Alors oui forcément, si je me remémore mes souvenirs liés à l'OL, ce sont aussi les coups francs de Juninho qui reviennent, tout comme les ouvertures lumineuses de Tiago, le penalty non sifflé sur Nilmar contre le PSV Eindoven, les whisky-coca de Sydney Govou, Hatem Ben Arfa et Nietzsche, ou les raids du nouveau prophète de Tola Vologe, Nabil Fékir. Mais, un seul homme était de toutes ces aventures : Aulas.

Jean-Michel qui tire la langue en compagnie de Gérard Collomb, le maire de Lyon, et devant le gardien qui aurait pu sortir la frappe de McFadden

Aulas fait figure de personnage clivant par excellence : pas mal de supporters de l'OL l'adorent, alors que les fans des autres clubs de Ligue 1 le haïssent. Et on peut aisément les comprendre. JMA pour les intimes, s'est fait un nom en râlant sur l'arbitrage ou en dégainant son habituelle rengaine d'un OL mal-aimé donc bouc émissaire - tout ça en gagnant 7 titres de champions de France d'affilée, ce qui vous donne une idée de l'aplomb sans faille du bonhomme.

Ce qui doit probablement être insupportable pour les supporters des autres clubs, est assez appréciable pour les Gones. Peu importe ce qui se passe sur la pelouse, on peut être sûr qu'Aulas sera là pour atténuer la contre-performance ou dégonfler la crise naissante devant les micros qui lui seront tendus. Ainsi, JMA cristallise les critiques et absorbe la pression pour éviter à ses joueurs (et entraineurs dans une moindre mesure) de la subir.

Dernier exemple en date ? C'est facile, cela correspond à la dernière défaite de l'OL. C'était mercredi dernier au Parc des Princes en huitième de finales de Coupe de France contre le PSG. Le club de Jean-Michel se fait rosser par Ibra et compagnie (3-0) sans jamais vraiment parvenir à faire jeu égal avec le club de la capitale — mais l'hyperprésident trouve quelque chose à redire, forcément.

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Or, depuis un peu plus d'un an, JMA ne se rue plus devant les micros après les matchs pour faire passer ses messages, mais préfère tweeter comme une adolescente fan de Clément Grenier — émoticônes et orthographe douteux compris. Donc, mercredi dernier après la victoire du club parisien, Aulas poste sur le site de microblogging le message suivant.

— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas)10 Février 2016

En clair, il reproche à l'arbitre de la rencontre d'avoir mis un carton jaune sévère à Samuel Umtiti (ce qui vaudra au défenseur lyonnais un match de suspension) et de ne pas avoir signalé deux hors-jeu sur les deuxième et troisième buts parisiens, avant de conclure d'un « manque de chance ? » sibyllin.

C'est plein de mauvaise foi, mais c'est génial. L'OL vient de prendre une énième rouste face au Paris version qatarie, ce qui est somme toute inquiétant, mais Jean-Michel parvient à recentrer le débat sur des erreurs d'arbitrage qui — soyons honnêtes — n'auraient rien changé au résultat final. Le week-end qui suit, Lyon reçoit Caen et en colle 4 aux Normands. La défaite de Paris est oubliée.

Si JMA est au départ un homme d'entreprise (il est le fondateur de CEGID, un des principaux éditeurs de logiciels de gestion) et un bâtisseur, notamment capable de construire un stade en fonds propres, il est devenu avec l'OL un vrai spécialiste de la communication.

Certains diront qu'il brasse du vent ou que ce ne sont que des mots pour faire parler de lui. Mais Aulas est comme ça, peu importe où l'on viendra dire du mal de son club, il sera là pour répondre aux attaques. Et c'est justement ça que l'on attend d'un président de club : qu'il protège l'institution et la valorise.

Il est toujours le premier à vanter les mérites du centre de formation — le « deuxième meilleur d'Europe derrière celui du Barca » — ou de rappeler que l'équipe féminine de l'OL est l'une des plus performantes en Europe. En somme, il est fier de l'OL comme tout bon Gone qui se respecte.

Aulas est à juste titre le premier supporter de son club, ce qui me laisse espérer qu'il ne le revendra pas à de puissants investisseurs étrangers — suivez mon regard — ou ne le laissera pas tomber en désuétude. Quand on aime son club, on n'en change pas, et avec JMA aux manettes, les supporters lyonnais ne devraient pas avoir à s'en soucier avant un bon bout de temps.