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Sports

Une vague, une histoire : Mark Healey aux limites du possible

Le beachbreak le plus violent de la planète recevait un swell hors-norme, l’occasion pour Mark Healey de repousser ses limites et celles du surf à la rame lors d'une dangereuse session.

Quand Coco Nogales, légende vivante du spot de Puerto Escondido, raconte qu'il n'avait jamais vu un swell aussi massif depuis vingt ans, on prend un peu plus la mesure de l'exploit réalisé par Mark Healey. Tout juste débarqué du Chili où il y disputait la première étape du Big Wave Tour à Punta de Lobos, l'Hawaiien a repoussé les limites du surf à la rame en dévalant en ce dimanche 3 mai 2015 une vague monstrueuse, estimée à plus de 25 pieds. Assurément la plus grosse jamais surfée à la rame sur le spot mexicain et sur un beachbreak.

Car si Puerto Escondido croulait sous les bombes depuis plus d'une semaine, l'immensité des vagues ce matin-là annihilait toute comparaison. « Puerto Escondido était deux fois plus gros que ce que je connaissais ! Je n'avais jamais vu le spot comme ça », racontera Mark Healey après la session. « La puissance générée par l'océan, tous ces mouvements d'eau… Je n'avais encore jamais ressenti ça ». Après quarante-cinq minutes de rame depuis le port pour rejoindre le peak, armé d'une 9'8 shapée par Ron Meeks, les choses sérieuses pouvaient commencer. La première étape étant de parvenir à bien se placer au milieu d'un line-up gigantesque où la moindre erreur peut coûter cher. Le Brésilien Pedro Calado sera d'ailleurs le premier à se faire punir par le célèbre beachbreak mexicain. Un wipe-out terrifiant qui donnait le ton. D'ailleurs, une poignée de surfeurs aura bien tenté de surfer ce matin-là, en vain. La faute à un line-up aussi dense qu'imprévisible. « Trouver l'ouverture était vraiment compliqué, explique Mark Healey. Les grosses séries déferlaient vraiment loin et se déplaçaient si vite ! Pour démarrer il fallait se placer bien à l'intérieur sur les vagues intermédiaires et être à l'outside sur les plus gros sets ».

Et pourtant, il ne faudra qu'une vingtaine de minutes à Mark Healey pour démarrer sur l'une des vagues les plus grosses jamais prises à la rame. Près de lui, le Basque Natxo Gonzalez lorgne aussi sur cette vague : « Je ramais dessus mais, au dernier moment, Mark a réussi à partir et pas moi. Derrière, une vague gigantesque m'a chopé… ». Quant à Mark, il enchaîne un drop interminable, suivi d'un bottom turn pour se caler dans un barrel gigantesque, « le plus gros de toute ma (sa) vie ». Malheureusement pour l'Hawaiien, le tube se refermera sur lui. Bien conscient que toute sortie est impossible, Mark Healey n'aura pas d'autre choix que de sauter de sa planche avant de se faire broyer par les tonnes d'eau lui tombant dessus. Et qui aurait pu lui coûter la vie. « J'ai voulu rentrer dans le barrel qui s'ouvrait devant moi, mais il s'est refermé et j'ai du m'éjecter de ma planche. J'ai eu énormément de chance d'avoir ma veste de survie sur moi ». D'autant plus qu'après avoir essuyé ce terrible close-out, douze vagues consécutives déposeront l'Hawaiien directement sur la plage. « J'ai heurté la surface de l'eau avec mon gilet déjà gonflé et c'est certainement ce qui m'a sauvé. J'ai eu énormément de chance de ressortir vivant et d'éviter la noyade. Il n'y a pas beaucoup de fins heureuses ici ». Il ne le sait pas encore mais les images de sa vague feront le tour du monde. Cette performance historique lui vaudra par ailleurs une nomination à la cérémonie des Big Waves Awards.

Après avoir siroté un jus d'orange et retrouvé peu à peu ses esprits, Mark était prêt à retourner à l'eau quand une scène attira son attention : « J'étais en train de marcher sur la plage quand j'ai vu Coco Nogales. Je pensais qu'il essayait de retourner au large grâce au jet-ski mais il paraissait bien trop loin et trop près des rochers ». Après quelques minutes d'observation, et voyant une planche cassée en deux flottant à la surface, Mark Healey réalisera que Coco Nogales était en train de porter secours à un surfeur. « J'ai pris ma planche et j'ai couru dans sa direction pour voir si, au cas où la personne était inconsciente, il avait besoin de mon aide pour la soulever sur le sled du jet-ski. Je me suis alors aperçu qu'il s'agissait d'un ami (le Marocain Othmane Choufani, ndlr) avec qui j'étais à l'eau le matin ». De retour au port, tout rentrera finalement dans l'ordre. Entre-temps, le vent avait commencé à souffler. Comme pour faire signe à l'Hawaiien de ne pas retourner à l'eau. Ce qu'il fera, sagement. L'Histoire, de toute façon, était déjà réécrite.