Red Star-Marseille Consolat n'avait rien à voir avec un Clasico

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Red Star-Marseille Consolat n'avait rien à voir avec un Clasico

Samedi 19 août, les Audoniens affrontaient les Marseillais pour le compte de la troisième journée de National. Mini-Clasico ? Anti-Clasico ? Non, non, aucune rivalité entre les deux clubs et un simple match de championnat pour supporters et joueurs.

VICE et le Red Star se sont associés pour suivre la saison des Vert et Blanc de Saint-Ouen sur et hors des terrains, auprès des joueurs, du staff, des supporters et de tous ceux qui gravitent autour de ce club historique du foot français qui joue en National, la troisième division française.

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D'ordinaire rempli le vendredi soir, L'Olympic, le célèbre rade situé en face du stade Bauer qui accueille les supporters du Red Star avant chaque rencontre à domicile, est exceptionnellement pris d'assaut aux alentours de midi ce samedi 19 août. La raison ? La programmation à la télévision du match de National entre l'équipe de Saint-Ouen et le club marseillais du Groupe Sportif Consolat le jour même à 14h45.

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Depuis la saison 2016-2017, Canal+ Sport diffuse une rencontre de chaque journée de National. Et pour cette troisième levée de championnat, la chaîne du groupe Vivendi a décidé de mettre en avant le match entre le club audonien et son homologue des quartiers Nord de Marseille. Cette affiche avait fait beaucoup parler durant la semaine. Que cela soit sur les réseaux sociaux ou dans la presse, impossible ou presque de ne pas lire les mots "mini-Clasico" ou "anti-Clasico" pour qualifier ce match. Une référence au "Clasico" français entre le Paris Saint-Germain et l'Olympique de Marseille qui n'a pas manqué de gaver les supporters du Red Star.

A L'Olympic où les verres s'enchaînent rapidement sous les regards d'anciennes légendes du Red Star, affichées en poster au-dessus du comptoir, les avis sont unanimes : pas question de faire de ce match un événement particulier ! « Tout ce qu'on a pu entendre sur la rencontre d'aujourd'hui ne nous parle pas du tout », explique Darch, un des membres des Red Star Fans. A nos yeux, c'est un match de championnat classique, comme si on affrontait n'importe quelle autre équipe. Mais pour les médias et certaines personnes, il y aura toujours ce truc du "second club parisien", histoire de concurrencer le PSG. Et lorsqu'ils ont vu que le Red Star recevait une équipe marseillaise, ils ont immédiatement sauté dessus. Alors que nous on s'en fout totalement… On n'est même pas un club parisien mais un club de Seine-Saint-Denis ! »

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Du côté du club, c'est la même chose. On est loin de penser à un mini-Clasico ou à un Clasico des seconds. C'est un match de championnat comme un autre et l'important est de confirmer la victoire ramenée du déplacement à Cholet (2-1) le 11 août et, surtout, de glaner la première victoire de la saison à la maison. « Non, personne ne pense à un Clasico, de toute façon, nous ne sommes pas Parisiens, mais Franciliens », se contente d'affirmer un dirigeant du Red Star, comme s'il voulait passer rapidement sur un sujet qui n'en est pas vraiment un, du côté de Saint-Ouen

Avant la coup d'envoi, les 22 joueurs ont observé une minute de silence en hommage aux victimes des attentats de Barcelone et Cambrils. Photo redstar.fr

La lettre d'information du groupe de la tribune Rino Della Negra (ou Première Est) est également on ne peut plus claire à ce sujet : « Le match de cet aprem' est à nos yeux une rencontre banale de National contre un club de quartier marseillais. Nous n'entretenons aucun antagonisme alimentant les fantasmes d'un mini-Clasico. En conséquence, aucun chant anti-marseillais – et encore moins homophobe – ne sortira du Kop ».

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En comparaison du dernier match de championnat à domicile face à Pau, la présence policière est beaucoup plus importante et plusieurs fourgons de CRS sont placés dans la rue du docteur Bauer et devant les entrées du stade. « Peut-être qu'ils ont peur que des supporters parisiens et marseillais profitent de la rencontre pour se mettre sur la gueule, s'interroge un fan du club audonien. Moi en tout cas, j'y crois pas . » Même avis du côté de Darch : « Aujourd'hui, il ne va rien se passer. Celui qui est venu à Bauer en espérant voir 80 Marseillais débouler a raté son coup. Il aurait plutôt dû prendre son week-end pour aller voir un match en Europe»

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Demi de blonde à la main, Alain, supporter du Red Star, « depuis 1976 », et ancien éducateur des équipes de jeunes au sein du club, assure lui aussi que cette rencontre est une rencontre normale : « Aujourd'hui, c'est un match de foot, point. Ce n'est pas un derby comme contre le Paris FC par exemple. En revanche, il s'agit d'une rencontre importante pour le championnat. Consolat a une équipe de très bon niveau footballistique qui sort de deux belles saisons où ils ont failli monter en Ligue 2. Gagner face à eux serait important au niveau du classement et c'est pourquoi j'espère que les supporters et les joueurs vont se donner à fond. »

Un match normal à Bauer pour les ultras du Red Star. Photo redstar.fr

Au moment de rentrer dans le stade pour le coup d'envoi du match, de nombreux fans dépourvus de billets font toujours la queue pour acheter leurs places. « Ouais, c'est sûr qu'il y a plus de monde qu'à l'accoutumé », reconnaît un quarantenaire avec maillot du club sur le dos et clope au bec. Un effet "Clasico" ? « Non, c'est surtout parce qu'il fait beau et que la rencontre se déroule un samedi après-midi, répond-t-il. Ça change du vendredi soir pourri et froid où tu galères parfois pour arriver à l'heure en sortant du taf…» « Moi, je ne savais même pas que c'était un club marseillais avant que vous m'en parliez, indique son collègue, et je suis sûr de ne pas être le seul…»

Après une minute de silence en hommage aux victimes de l'attentat de Barcelone, l'ambiance est au beau fixe dans la tribune Rino Della Negra, bien aidée pour l'ouverture du score précoce de Ludovic Sylvestre à la huitième minute. Les chants pètent bien et se succèdent tout au long de la première mi-temps. En face, seuls deux supporters de Consolat sont placés dans le secteur visiteur, drapeau des Comores accroché au grillage (le club comptant de nombreux comoriens dans son effectif et dans les rangs de sa direction, ndlr). Au fil des minutes, l'équipe marseillaise reprend le contrôle du ballon et se montre de plus en plus dangereuse. Il faut attendre la trentième minute, et malgré les beaux rushes du jeune arrière droit Matias Ferreira, pour voir une nouvelle frappe des Audoniens.

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« Le match de cet aprem' est à nos yeux une rencontre banale de National contre un club de quartier marseillais. Nous n'entretenons aucun antagonisme alimentant les fantasmes d'un mini-Clasico. »

Les ultras du Red Star, dans leur lettre d'information.

Quelques instants avant la mi-temps, un des membres des Red Star Fans gueule en expliquant que cette rencontre est la dernière à domicile avant un mois et invite tous les supporters à en profiter en donnant encore plus de la voix. Message bien reçu, les encouragements reprennent de plus belle et les fans sont récompensés de leurs efforts par un second but inscrit sur penalty par Idriss Mhirsi. Deux fumigènes sont même allumés pour fêter ça avant que toute la tribune ne salue le discours d'un responsable des supporters qui, en plus de saluer la mémoire des personnes tuées à Barcelone, souhaite que l'on rende le même hommage aux victimes du récent attentat de Ouagadougou, au Burkina Faso, et à Heather Heyer, militante antifasciste assassinée à Charlottesville aux Etats-Unis.

A la pause, le discours des supporters qui ne sont pas partis recharger leurs batteries à L'Olympic n'a pas changé. « La rivalité que certains ont essayé de monter entre les deux équipes est illusoire », soutiennent Medhi et Pascal. Les supporters ne sont pas dans cet état d'esprit. C'est un match classique qui est seulement important parce que l'on veut remonter en Ligue 2 cette année et que Consolat est aussi un candidat à la montée. » « Pour nous, c'est comme pour eux : un match normal et pas un PSG-OM bis », poursuit un des deux supporters de Marseille Consolat venu de…Goussainville dans le Val-d'Oise, où il réside. « Il n'y a pas d'amitié entre les deux clubs, mais je trouve qu'il y a un semblant de ressemblance entre nous, soutient même de son côté Julie*. Ce sont deux équipes situées au Nord de grandes villes avec un côté très populaire et une vraie identité. »

La seconde mi-temps est repartie et sur les mêmes bases que la première dans la tribune des Red Star Fans. Les chants rythmés par les tambours tiennent longtemps tandis que l'équipe de Saint-Ouen gère tranquillement son avance sur le pré. Mhirsi manque la balle du trois à zéro en frappant sur le poteau à dix minutes de la fin. De nouvelles torches sont allumées et c'est dans une ambiance de fête que l'arbitre siffle la fin du match. Co-leader du National avec 7 points au compteur, le Red Star confirme donc son beau début de saison et vient fêter ce résultat avec ses supporters.

Pendant de longues minutes, joueurs et fans des Vert et Blanc vont chanter et communier ensemble et la tribune Rino Della Negra mettra un peu de temps à se vider complètement. Direction L'Olympic pour y passer la soirée et penser aux prochaines échéances de l'équipe audonienne : la Corse face au Gazélec d'Ajaccio en Coupe de la Ligue, ce mardi, puis déplacement à Avranches en National ce vendredi. Comme prévu, la rencontre contre Marseille Consolat est déjà oubliée. Le match retour est prévu le 19 janvier 2018 et ça ne sera toujours un clasico.