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Les Golden State Warriors sont prêts à être les grands méchants de cette saison NBA

L'an dernier, les Warriors sont devenus des champions NBA que tout le monde appréciait. Désormais, ils prennent le rôle qu'on attend d'eux : celui de super méchants revanchards.
Photo by Kyle Terada-USA TODAY Sports

« Vous ne pouvez pas ignorer la chenille et encenser seulement le papillon. » Cette phrase, c'est l'ancien coach des Warriors Mark Jackson qui l'a prononcée à la télévision, là où tout le monde pouvait l'entendre, alors que l'équipe qu'il entraînait un an plus tôt venait de gagner un titre NBA grâce à son remplaçant.

On n'est pas sûrs que cette pique passive-agressive adressée à la hype qui entoure le nouveau coach Steve Kerr passerait si un prof de Lettres modernes essayait d'en analyser le sens. Mais elle dit beaucoup sur la métamorphose de l'équipe. Les Golden State Warriors sont passés d'une équipe décousue mais charmante à une franchise conquérante. Ils sont désormais prêts à embrasser leur attitude de connards en faisant de leur défense un reboot des Bad Boys de Détroit, qui a fait souffrir tant d'attaques au début des années 1990. Ce n'est pas un virage à 180° cependant. C'est plutôt un long flirt avec les ténèbres qui se réalise enfin.

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Au fil du temps, les équipes de NBA forment des identités qui correspondent peu ou prou à la réalité. Les Spurs sont des cyborgs, de méchants aliens inarrêtables qui jouent de la meilleure des manières possibles. Les Grizzlies sont des démocrates de droite. Les Clippers sont comme une sorte d'ado à casquette qui chercherait la bagarre dans des bars californiens. Les Warriors, en grande partie grâce à Stephen Curry, son charisme de mec gentil et son leadership au-dessus de la mêlée, donnaient jusque-là l'impression d'une bande de bons potes qui étaient un peu chanceux d'être là, et qui jouaient un basket joyeux et spectaculaire sans avoir l'air dominants d'une manière indécente pour leurs adversaires. Une sorte de petite fiancée de l'Amérique, ou quelque chose comme ça.

L'aficionado des métaphores à base de papillons Mark Jackson, qui est aussi pasteur dans la vraie vie, a bien évidemment droit à quelques louanges pour avoir remis les Warriors dans le bon chemin des playoffs. Mais il a aussi ramené avec lui une mentalité aigrie et manichéenne faite de bons et de méchants, une mentalité de « nous contre le reste du monde ». Ils étaient l'équipe la plus évangéliste de la NBA, presque des Templiers. Les fans de la Bay Area ont par exemple silencieusement désapprouvé la fois où Mark Jackson a réagi en disant « Je vais prier pour lui » après le coming out de Jason Collins, le premier joueur ouvertement gay de NBA. Et puis il y eut les petites manoeuvres, les assistants licenciés sans ménagement et les alliances secrètes. La plus perturbante fut la cabale organisée par Jackson contre leur coéquipier Festus Ezeli, blessé à l'époque, histoire de motiver ses joueurs. Selon le journaliste de Grantland Zach Lowe, Jackson aurait dit à son équipe qu'Ezeli critiquait les Warriors dans leur dos pour se rendre intéressant. Les propos étaient faux, et Ezeli a pleuré quand ses coéquipiers sont venus lui demander des explications.

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L'atmosphère était toxique, mais les Warriors se battaient pour leur coach Jackson, jusqu'à ce qu'il se fasse virer. Et puis Steve Kerr est arrivé, a bien repassé sur les plis, a rendu le sourire à certains, et ils ont gagné le titre. Fin. Sauf que non bien sûr, on est dans la réalité et personne n'a droit à un générique de fin.

Quand tu dunkes sur la conspiration menée inexplicablement contre toi par ton ex-entraîneur. Jake Roth-USA TODAY Sports

Les Warriors furent donc laissés seuls à gérer leur succès. La plupart du temps, ils l'ont joué grognon. Il y a d'abord eu Draymond qui s'était foutu gentiment de la gueule du coach des Clippers Doc Rivers. Il y a aussi eu la vanne d'Andrew Bogut qui a déclaré qu'il mettrait sa bague de champion au majeur. Pleins de petits avant-goûts des Bad Boy Warriors.

Et puis Klay Thompson fut surpris en train de tromper sa copine, la star d'Instagram Hannah Stocking. Le simple fait que le grand public soit intéressé par la tromperie de Klay Thompson était déjà une preuve que les Warriors avaient atteint un nouveau niveau de célébrité. Même le Daily Mail, le tabloïd anglais, a consacré un article à cette "info". Les Warriors, en bon groupe de connards, ont serré les rangs après cela. Andrew Bogut a par exemple tweeté : « Si j'ai une fille et qu'elle devient "mannequin Instagram", gros fail au niveau de l'éducation. »

Ce n'est même pas une bonne vanne, c'est juste cruel et personnel. Son coéquipier Harrison Barnes a retweeté Bogut, en rajoutant quelques emojis d'approbation. Et Draymond Green, en répondant aux critiques qui affirmaient (stupidement) que Golden State ne méritait pas son titre, a emballé le tout en comparant ces critiques à des bonnes femmes qui ont la rancoeur tenace, déclarant « Quand vous avez affaire à une femme aigrie qui n'a que du mépris pour vous, c'est la pire chose du monde. Mon dieu, c'est le pire. » C'est la pire comparaison du monde Dray. Mon dieu, que c'est nul.

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Et c'est mieux si on passe sous silence l'annonce de l'actrice porno Lisa Ann qui déclarait qu'un membre connu des Warriors voulait être son «Master P, vous savez, mon Master Pimp, mais sans échange d'argent bien sûr. Il veut juste me mettre en contact avec des gens. » Tout ça s'additionne. On a beau être entre adultes consentants, mais les "Master Pimp", les liaisons dangereuses et la misogynie de comptoir ça fait beaucoup.

Harrison Barnes. Photo de Kyle Terada-USA TODAY Sports

Les Warriors ne sont pas l'incarnation de perfection qu'on attendrait d'un champion en titre. Ils sont ce qu'ils sont, c'est-à-dire une une équipe qui joue très bien au basket et qui arrive en plus à englober le jeu sale et bête d'Andrew Bogut, la personnalité cheloue d'Harrison Barnes, et l'adoration sans bornes de Draymond Green pour ce gros débile de Floyd Mayweather. Les Warriors ne sont pas des enfants de choeurs de 2 mètres. C'est juste une équipe de basket, et qui va en faire chier plus d'un cette saison.

Ce n'est pas un changement de direction exceptionnel, mais c'est un début. Maintenant qu'ils ont démonté tout le monde dans la ligue (excepté les Spurs), les Warriors ne pourront plus jamais être des outsiders, tant que Stephen Curry sera à la mène en tout cas. C'est pourquoi il était encourageant de voir le MVP affronter les critiques sur le fait que les Warriors avaient été "chanceux" de remporter le titre. Sans insulter la gent féminine, Curry a eu une réponse parfaite, avec une bonne dose d'irritation, un peu d'absurde, et a redéfini les Warriors non plus comme des outsiders, mais comme une équipe qui doit perpétuellement prouver sa valeur à tout le monde :

« Je veux simplement dire, je m'excuse au nom de l'équipe d'avoir été en forme. Je m'excuse qu'on ait joué contre les équipes qu'on avait en face. Je m'excuse pour toutes les félicitations qu'on a reçu, et celles que j'ai reçu personnellement. Je suis vraiment, vraiment désolé. On rectifiera la situation cette saison. »

Vous pouvez penser ce que vous voulez à propos de tout ça. Mais on sent une équipe qui rentre dans le rôle qu'elle aurait toujours dû avoir. Les Warriors n'ont jamais été simples à appréhender. Cette saison, ils devraient connaître des moments de grâce et des descentes en enfer. Ainsi soit-il.