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Comment je suis devenu supporter du LOSC grâce à mon père

Tombé amoureux du club lillois du temps des Cheyrou et des Cygan, j'ai tout vécu, de la remontée en D1 à la Ligue des Champions, jusqu'au doublé en 2011.

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Né dans le Nord d'un père anglais, entraîneur d'une équipe de jeunes – celle de mon frère – à ma naissance, je n'avais pas d'autre choix que de tomber amoureux de ce sport procurant des sensations aussi irrationnelles que splendides. Si lors de notre petite enfance on a tendance à supporter les équipes qui gagnent – j'ai suivi avec attention et ferveur les exploits de l'OM et de l'AS Monaco dans les années 1990 – il arrive un moment où il faut s'énamourer durablement d'un club. Alors qu'outre-Manche, où se situent 50% de mes origines, Dennis Bergkamp, Marc Overmars and co m'ont fait chavirer pour les Gunners, sentiment renforcé avec l'arrivée de la colonie française, l'indécision restait de mise dans l'Hexagone.

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De gauche à droite : Grégory Wimbée, Pascal Cygan, Abdellah et Johnny Ecker. Photo Reuters

Le Racing Club de Lens, dont les résultats étaient remarquables, semblait la proie la plus évidente, mais ni mes rencontres avec Jean-Guy Wallemme lors de tournois de poussins avec mon club du SC Douai, ni la passion de mes petits camarades pour les Sang et or, ne parviendront à me convaincre. Pis, j'allais me tourner vers le club rival, au fond du trou à ce moment-là. Mon premier rendez-vous avec le club losciste a lieu en mai 1997, lors d'un obscur LOSC - Le Havre au Stadium Nord. Les deux buts de Dindeleux et Becanovic ne suffiront pas face à la bande à Dhorasoo. Le club "bourgeois" de la région file vers la Ligue 2. Tel un amour égaré, je ne retrouverai "mon" club de Lille qu'un an et demi plus tard. Ce qui s'apparentait au départ à une simple curiosité se muait petit à petit en passion.

Quand nous n'étions pas au stade, mon père nous emmenait mon frère et moi dans un estaminet qui ne devait pas dépasser les 40 m2. À peine âgé de 10 ans, j'étais aussi impressionné par le football pratiqué par les Dogues que par les maillots dédicacés accrochés aux murs. Le match du week-end en famille rue Gambetta était devenu un rendez-vous incontournable que je n'aurais manqué sous aucun prétexte. Je découvrais petit à petit chacun des personnages qui constituaient cette équipe… Un Vahid Halilodzic au charisme et à la présence tels qu'il m'en donnait des cauchemars. Un Pascal Cygan aux faux-airs de Pierluigi Collina. Bruno et Benoît Cheyrou, indissociables pour mes yeux de prépubère. Deux "B" donc, puis Wimbée. Dagui Bakari qui rira bien le dernier. Un Fernando qui n'avait D'Amico que le nom. Un Djezon Boutoille décoloré, père spirituel d'Eminem. Une défense de 'tio aux allures de catenaccio. Autant d'ingrédients qui feront de moi un Dogue truffé d'affection pour le Stade Grimonprez-Jooris et ses acteurs.

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Finie l'antichambre de la Division 1, le LOSC retrouvait la suite nuptiale et de quelle manière ! 16 points d'avance sur son dauphin breton au terme de la saison 1999-2000. Puisqu'une bonne nouvelle n'arrivait jamais seul, mon père m'apprenait qu'il nous offrait un abonnement pour ce retour parmi l'élite. Ce qui a suivi s'apparentait à un voyage de noces, avec une escale en tête du championnat de France pendant plusieurs semaines puis un passeport pour la Coupe d'Europe. C'est trop tard, le LOSC est en moi, et ne me quittera plus jamais.

Dagui Bakari, l'ancienne idole lilloise. Photo Pascal Rossignol/Reuters

Une kartofell de Johnny Ecker sous l'équerre de Frey comme un rat permettait au LOSC de découvrir la coupe aux grandes oreilles, en compagnie du Deportivo La Corogne, l'Olympiakos et … Manchester United, notre meilleur ennemi européen. L'exercice 2001-2002 me marquait surtout par le départ de Coach Vahid, annoncé deux semaines avant la dernière journée face au Paris Saint-Germain. 4 mai 2002, victoire 1-0, envahissement de terrain – j'arrachais quelques brindilles d'herbe en guise de souvenir. Et des larmes, celles du Bosnien et celles des supporters. Évidemment, le maillot Kipsta à 30 euros pièce, prix défiant toute concurrence, bien loin des 85 euros exigés aujourd'hui, m'a laissé un souvenir indélébile, voire deux délébile. Tout comme la sympathie réciproque qu'entretenaient mon père et Mile Sterjovski via le Café Oz et qui m'a permis de côtoyer un jouer IRL.

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La grande époque face à Parme.

Bien que tous les derbys du Nord demeuraient particuliers, celui de 2003 restera gravé en moi. Par un drôle de concours de circonstances, mon frère et moi nous sommes retrouvés à Bollaert, dans les tribunes des locaux, pour la 11ème journée. Malgré la défaite, je me rappelle surtout de l'ouverture du score de Vladimir Manchev, servi par Bruno Cheyrou. S'en est suivi une émulsion de joie incontrôlée qui m'a valu le regard appuyé et quelques insultes des boyaux rouges. C'est de bonne guerre me direz-vous. Sans doute m'ont-ils harpaillé de « chabert », une insulte bien de chez nous … qui était également le patronyme de leur portier. Autant vous dire qu'ils ne m'ont pas raté une fois la situation retournée. S'ils avaient pu me retourner d'ailleurs, ils ne se seraient pas privés.

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Parmi les autres dates marquantes de ma relation quasi zoophile aves les Dogues se trouve une victoire de prestige face à Manchester United au Stade de France grâce à un but à bout portant d'Acimovic, une victoire synonyme de qualification à San Siro, le 8ème de finale qui suit contre les Red Devils et le vol de Ryan Giggs, la perte de la 3ème place synonyme de Champions League lors de la dernière journée de la saison 2009-2010 face à Lorient, avec notamment un penalty raté de Yohan Cabaye, les déroutes face au Bayern Munich (8-1 en 2012) et au PSG (6-0 en 2015), mon expérience privilégiée au sein de la cellule communication du LOSC, sans oublier la consécration, l'apogée de l'ère Seydoux, le doublé Ligue 1 - Coupe de France de 2011, qui nous plongeait en plein Eden. Tout sauf un Hazard.

Difficile de dire si l'on vivra à nouveau une saison aussi prolifique. Permettez-moi d'en douter, mais, comme le dit l'adage, le doute est un hommage rendu à l'espoir.