FYI.

This story is over 5 years old.

Sports

On a parlé poker, et un tout petit peu foot, avec Kool Shen

En marge de la sortie de son dernier album, l'ancien rappeur de NTM jouer toujours au poker. Au détour d'un tournoi, on a pu discuter un peu avec lui de sa passion pour les cartes.
Photo Jeremy Lopes

Depuis ses débuts avec NTM, Kool Shen en a fait du chemin : passé par le football, la musique, le cinéma et puis le poker. Même s'il fréquente moins les cercles de jeu, Kool Shen reste un des meilleurs joueurs français. Il a intégré la team pro Winamax.

Quelques jours après la sortie de son album Sur le Fil du Rasoir, nous avons rencontré Kool Shen à Clichy-Monmartre où près de 1300 finalistes du plus gros tournoi Winamax s'apprêtaient à jouer avec les nerfs de leurs adversaires jusqu'au 8 mars.

Publicité

VICE Sports : On savait que tu étais fan de foot et notamment du PSG, mais depuis quand joues-tu au poker ?
Kool Shen : Je joue aux cartes depuis tout petit : la belote, le rami et d'autres jeux. Puis j'ai découvert le poker à la télé grâce aux retransmissions des World Poker Tour sur Canal+. Je me suis intéressé au jeu, puis je suis rentré dans un casino et on m'a dit qu'il y avait des rooms live sur Internet. Je suis rentré chez moi, j'ai téléchargé les applications de jeu et je suis tombé dans la spirale.

Tu fais partie de la team Winamax depuis maintenant 3 ans. Comment fonctionne une équipe de poker ?
La team Winamax est très différente des autres. On est une vraie équipe, il y a une identité. On fait des séminaires en Europe et même dans le monde entier. On a des préparateurs physiques et un coach mental, ce qui est important quand on connaît l'importance de la psychologie dans le poker. Winamax apporte une grosse importance au niveau psychologique.

Qu'est-ce qui a changé depuis que tu es sponsorisé ?
Avant j'étais un fêtard et quand tu joues un tournoi mais que tu sors jusqu'à cinq heures du mat', ça ne colle pas. Tu es fatigué, moins performant, moins concentré… J'ai appris ce que c'était vraiment le poker en tant que sport. Si tu n'as pas une bonne hygiène de vie au moins pendant la période des tournois, ça ne va pas aller.

Beaucoup se disent accros au poker. Tu es de ceux-là ?
Je ne sais pas si on peut dire accro. J'aime jouer, c'est une vraie passion. Quand je ne joue pas ça me manque, mais je ne sais pas si on peut dire que je suis accro. C'est un bien grand mot. Je peux me passer de poker pendant un mois ou deux sans soucis, même si ça me manque donc bon…

Publicité

Tu n'as pas l'air d'être un très bon perdant. J'ai vu des vidéos où tu dis avec énervement « la putain de ta mère » après avoir perdu. Qu'est ce qui est le plus difficile au poker selon toi : garder ses nerfs après la défaite ou gérer son stress tout au long de la partie ?
Je suis très très mauvais joueur. Ce qui est super important c'est de rester focus malgré les mauvais coups. Tu peux avoir des coups de nerf mais il faut les évacuer rapidement et passer à autre chose. Ce qu'il ne faut pas c'est garder ton coup de sang en tête car ça risque d'influer sur tes prochains coups. Si ça fait une heure que ton coup est passé et que tu continues de ruminer, tu vas foutre en l'air ta partie.

Donc faut vraiment jouer main par main sans se projeter.
Exactement. C'est ce que les coaches nous disent, il ne faut pas trop se projeter, ni revenir sur les coups précédents. Il faut vraiment penser à la manche que tu es en train de jouer.

Un souvenir de bad beat ?
J'en ai mille ! Quand tu joues quotidiennement, tu en as tous les jours. Après mon plus mémorable je crois que ça reste celui de l'EPT de Madrid où j'ai fini quatrième. J'avais deux rois, le mec en face avait 5 et 6. Le flop sur la table c'est 3,5,7. Donc il a un paire de 5 et un tirage quinte ventrale s'il touche le 4. Il a tout mis au milieu. Au flop j'ai deux rois donc je suis calme. Puis turn 6 donc double paire pour lui. Par la suite, il a gagné le tournoi. Donc c'est un bad beat qui coute cher, très cher.

Publicité

Le stress est le même qu'avant un concert ?
Non c'est très différent. Au poker je n'ai pas vraiment de stress. Je suis assis sur une chaise et même quand j'approche de la table finale c'est plus de l'excitation que du stress. En concert non plus d'ailleurs, j'ai une adrénaline, qui fait que je vais me retrouver dans un état différent de celui dans lequel je fais des pâtes à la maison, même si je les ai ratées [Rires]. Mais non, pas de stress, c'est un plaisir et c'est aussi un de ces instants où tu te dis : "C'est maintenant". Se faire applaudir par des gens c'est pas très stressant. Bon après tu peux aussi te prendre des tomates mais en général les gens sont cools.

Tu préfères jouer en ligne ou en live ?
J'aime bien les deux mais je préfère le live. Au départ, je préférais le online car je pouvais être chez moi tranquille, boire mon café et fumer ma clope tout en jouant, ce que tu ne peux pas faire en live. Mais aujourd'hui, je préfère le live. Il y a une communion, des regards, des attitudes.

Ok, le poker est un sport. Mais comment tu fais pour t'améliorer ? Tu as lu des bouquins de stratégies, tu mates des vidéos ?
Non, j'ai pas lu de bouquins. Pendant deux ans j'ai joué seul, je me suis fait mes propres déductions, qui était d'ailleurs parfois très très mauvaises, puis j'ai été sponsorisé, j'ai rencontré de grands joueurs et je suis devenu amis avec certains. Donc soit tu es bête et tu oublies, soit tu comprends ce que les mecs t'expliquent, tu l'appliques et tu progresses. Ils m'ont fait gagner des années d'apprentissage. Mes déductions ne m'auraient pas permis d'avoir le niveau que j'ai aujourd'hui. Même aujourd'hui je suis en retard. Aujourd'hui, les jeunes ne font que ça, les mecs de Winamax ne s'arrêtent pas. Je fais 15 tournois par an, eux ils en font 80. Et quand ils ne sont pas en tournoi ils sont sur les forums à parler de la dernière main de tel joueur, de pourquoi il a fait ce coup, etc. C'est vraiment leur truc et ils sont brillants en plus d'être accro.

Publicité

Un bon joueur de poker c'est quoi pour toi?
Un peu comme dans la vie, c'est quelqu'un qui arrive à allier beaucoup de qualité: le courage, la patience, le contrôle de soi, l'analyse de l'autre. La psychologie est super importante. Moi qui suis cartésien, au début je ne connaissais que les maths du poker. Après j'ai appris cet aspect psychologique qui fait que, parfois, le coup mathématique n'est pas forcément le meilleur coup.

Tu as un style particulier ?
Je dirais tight agressif (jouer serré et rentabiliser un max ses bonnes mains), mais je peux jouer assez loose aussi (jouer beaucoup de mains avant le flop ou après si les tirages sont faibles, ndlr). Je m'adapte.

On voit que certains joueurs, surtout les Américains, n'ont pas une forme physique optimale. Tu penses que la condition physique influe sur le jeu ?
Mon meilleur ami dans le poker fait 160 kilos et n'a pas d'hygiène de vie donc bon … C'est quand même important de se sentir en forme pour tenir 5-6 jours où tu joues 12 heures dans la journée. Mais la dimension intellectuelle est bien plus importante.

Question obligatoire : tu trouves des similitudes entre le rap et le poker ?
Très peu. Dans le rap tu es là pour exacerber tes émotions et les faire partager alors qu'autour d'une table c'est tout l'inverse, tu essayes de tout garder pour toi. C'est donc quand même assez éloigné.

Dans une vidéo Winamax "Dans la tête d'un pro", tu dis « Comme d'habitude je n'ai pas fait mes devoirs donc je ne connais pas le niveau de mes adversaires. » Quels sont ces devoirs ?
En tournoi, le soir on te dit contre qui tu vas tomber le lendemain. Normalement si tu fais tes devoirs, tu sais, par exemple, que le Russe a tel ou tel style de jeu. Tu demandes à tes partenaires si l'un d'entre eux l'a déjà joué pour avoir des infos. C'est aussi à ça que sert une équipe. On se donne tous des conseils et on partage les connaissances qu'on peut avoir des autres joueurs. Et en effet dans cette fameuse vidéo, j'arrive à midi et je n'ai même pas regardé le nom des joueurs. Ce n'était pas très sérieux.

Publicité

Je voulais aussi revenir avec toi sur un coup marketing qui m'avait énormément marqué, ce sponsoring sur le maillot de Lyon lors du match OL-OM. Comment est venue cette idée et comment tu l'as mise en place ?
Match incroyable, ça finit sur un 5-5. L'idée n'était pas de moi mais de ma maison de disque. Ils connaissaient sûrement des gens du marketing à l'OL et se sont dit que c'était une bonne idée. Mon père était un grand fan de Lyon, donc ça faisait plaisir à mon père.

A toi aussi vu que c'était contre Marseille ?
Oui et un match fabuleux avec un résultat extraordinaire.

Vous avez déjà parlé de faire de la musique ensemble avec Patrick Bruel, un autre joueur de poker ?
Non pas du tout.

Une dernière question au fan de foot. Winamax lance un jeu concours mis en place pour l'Euro qui permet de gagner 1 000 000 euros pour seulement 2 euros de mise de départ en pronostiquant les phases finales de la compétition. Donc ton pronostic perso pour cet Euro c'est quoi ?
La France !

Sans être chauvin bien sûr…
[Rires] Ah si en étant totalement chauvin. Non mais sincèrement, on n'a pas la douzième équipe d'Europe. Si on a Pogba, Diarra, Matuidi, que Fekir revient, Benzema aussi, sur le papier on est beau. Il va falloir trouver une cohésion et c'est le rôle de Didier Deschamps. Puis on a fait un beau parcours en Coupe du monde donc il n'y a pas de raison qu'on se fasse éliminer en phase de poules.