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Deux jeunes du Nicaragua sont allés surfer les vagues glacées du Canada

On a discuté avec JP Veillet, le réalisateur de Frio, documentaire qui raconte le voyage de deux surfeurs nicaraguayens l'île de Vancouver, au Canada. Projection ce dimanche au MK2 Bibliothèque.

VICE Sports est partenaire du Paris Surf & Skateboard Film Festival, qui se déroule au MK2 Bibliothèque du 22 au 25 septembre.

Ce dimanche 25 septembre, à 12 h 30, le documentaire Frio est à l'affiche du Paris Surf & Skateboard Film Festival. Cette œuvre de 40 minutes raconte l'histoire de Jackson Obando et Kevin Cortez, deux talentueux surfeurs qui quittent l'ambiance tropicale du Nicaragua et leur village de Playa Gigante pour aller rider… les vagues glacées de l'île de Vancouver, au Canada. Sacré choc thermique ! Au menu, pas de sable chaud ni de soleil, mais 22 jours de pluie, de la neige, du froid et des grosses combis… Un mois d'aventure et une drôle d'expérience, lors de laquelle Kevin et Jackson en blufferont plus d'un.

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Quand la passion du surf est là, on s'adapte à toutes les conditions ! Tourné en plein hiver en Colombie-Britannique, sur le spot de Tofino, Frio est un docu qui sort des sentiers battus et qui met un coup de projecteur sur la vie des surfeurs canadiens. JP Veillet, réalisateur de « Frio », a répondu aux questions de VICE Sports, avant la première à Paris.

Jackson et Kevin, prêts à entrer dans l'eau glacée.

VICE Sports : JP d'où t'es venue l'idée de ce film ?
JP Veillet : J'aime voyager et il y a deux ans, j'ai passé 4 à 6 mois en Amérique centrale. J'ai visité le Panama, le Costa Rica puis le Nicaragua, et ma dernière destination était le village où ces boys habitent. Playa Gigante est si petit que ça ne m'a pas pris longtemps pour rencontrer Kevin ! Je suis resté un mois dans ce village, on est devenus proches et je lui ai parlé du Canada. L'idée de ce film est venue au fur et à mesure de nos discussions, comme une blague au départ. J'étais curieux de le voir en combinaison de le voir sortir de sa zone de confort.

Je surfais avec lui tous les jours à Playa Gigante, Kevin est une machine ! Il était intéressé par le fait de savoir comment se passait le surf au Canada, en eaux froides. C'est comme ça que l'idée est arrivée, mais c'est donc quasiment parti d'une « joke », d'une amitié avec Kevin. On n'aurait jamais pensé que ça allait se concrétiser à ce point ! Par la suite, quand j'ai quitté le Nicaragua pour retourner à Montréal, je me suis blessé au dos en surfant et j'ai voulu trouver une manière de m'occuper. A ce moment-là, j'ai mis en marche le projet et c'était parti !

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Quelle a été la réaction de Kevin et Jackson quand tu leur as parlés d'aller surfer des vagues glacées ?
Je pense qu'ils l'ont pris à la rigolade, tu sais quand un gars blanc arrive dans un village et commence à raconter ce genre de choses, il n'y a aucun moyen de savoir si c'est vrai, s'il est sérieux ! Les choses se sont donc concrétisées quelques mois plus tard, lorsque nous avons tenté d'obtenir des visas à Kevin et Jackson. Et il faut savoir qu'il n'y a quasiment aucune possibilité d'avoir des visas pour des Nicaraguayens, il n'y a pas d'ambassade du Canada là-bas. Les démarches ont donc été longues. Quand les boys ont reçu leurs passeports et leurs visas, c'est là qu'ils ont compris ce qui allait vraiment se passer pour eux… Nous avons lancé en parallèle une campagne Kickstarter pour promouvoir le projet, lors de laquelle nous avons collecté 30 000 dollars canadiens, et ils ont vu, là encore, qu'on ne se moquait pas d'eux !

Kevin et Jackson se sont retrouvés plongés durant un mois dans la vie des surfeurs canadiens. Qu'est ce qui a été le plus dur pour eux ?
Les garçons ne sont pas vieux, ils ont 18 et 19 ans et n'avaient jamais voyagé en dehors du Nicaragua. Le début de la mission était donc très excitant pour eux, mais par la suite ils ont pris cela comme un job. Ils sont venus travailler pendant un mois au Canada pour faire un film. C'est un rêve d'enfant pour n'importe quel surfeur ou skateur d'être associé à un film, Kevin et Jackson ont donc pris leur rôle au sérieux. Ça n'a pas été facile mais ils se sont adaptés quand même rapidement, ce sont des gagnants et ils ont bien performé ! Kevin et Jackson ont répondu à nos attentes et ils ont adoré l'expérience. Encore une fois, ça n'a pas été simple pour eux, mais ça aurait pu être pire ! Ils ont adopté une attitude professionnelle et n'ont pas râlé une fois… Nous avons tourné le film en hiver, en mars dernier, c'était le meilleur moment pour saisir le contraste visuel entre le Nicaragua et le Canada. Les garçons ont eu droit à 22 jours de pluie sur 30, ils trouvaient cela un peu dur au début mais ils se sont habitués !

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Dans le teaser, l'un des deux héros du film dit d'ailleurs qu'il a eu le cerveau complètement gelé après son premier duck dive… Est ce qu'ils t'ont épaté ?
Oui absolument ! Je m'attendais à une période d'adaptation beaucoup plus longue que ça. A la première session, les gars ont mis leur combinaison et ont commencé direct à envoyer du lourd, c'est ce qui donne cette saveur au film. Kevin et Jackson avaient clairement un niveau professionnel dans l'eau, toute l'équipe était scotchée. Les gars n'ont pas eu besoin de beaucoup de temps pour s'habituer aux conditions. Tout était nouveau pour eux, leur cerveau était complètement gelé, Jackson s'est dit pendant deux jours : « Wow il fait vraiment froid ici ! » C'est quelque chose qu'ils n'avaient jamais expérimenté avant ça.

J'ai d'ailleurs lu que Jackson avait peur de croiser des orques...
Oui oui ! Des amis de Vancouver ont évoqué la vie marine du Canada et un mois avant des gars avaient vu six ou sept orques dans l'eau, sur le spot où nous allions surfer deux jours plus tard. Jackson a complètement bloqué là-dessus, il nous répétait : « Non je ne veux vraiment pas y aller ! » Kevin et lui n'étaient jamais sortis du Nicaragua, ils en ont conclu que les eaux étaient donc remplies d'orques. Au final, ils n'ont pas tant stressé que ça, ils ont ensuite compris que les orques n'étaient pas si nombreux… Les mecs n'avaient aucun idée de ce qu'ils allaient découvrir, mais ils nous ont fait pleinement confiance.

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Si tu devais résumer la culture surf au Canada ?
C'est un mélange de persévérance, d'amour et de dévotion pour son sport. Ce n'est pas facile de surfer de l'eau froide, surtout au Canada. Il faut que tu conduises une heure, que tu mettes ta combinaison, parfois tu ne vois pas la vague avant d'y arriver… Il faut être persévérant pour être capable de se lever à 4 ou 5 heures du matin, pour être dans l'eau à 6 heures. L'hiver, il pleut environ 90% du temps, ce n'est pas misérable mais ce n'est pas facile, ce n'est pas comme aller surfer au Mexique ! Il faut que tu aimes le surf et que tu assumes d'où tu viens.

Au Canada, l'eau est froide, même l'été… Sur l'île de Vancouver, les vagues commencent à rentrer fin septembre – début octobre, il n'y a plus que des Die Hard Surfers dans le village ! C'est assez magique car tout le monde est dans le même bateau, tout le monde a froid mais une fois dans l'eau, tu es entouré par les montagnes enneigées et les arbres immenses. C'est magique… J'habite à Montréal mais chaque année, je retourne surfer sur l'île de Vancouver, c'est la scène canadienne du surf et j'ai l'impression d'être à la maison !

Quelle importance occupe le surf au Canada ?
C'est encore un peu méconnu, mais le surf est en train d'exploser en terme de popularité. Nous sommes un peuple qui aime les sports de glisse, on a grandi avec un snow ou un skate et aujourd'hui, il y a beaucoup de monde qui part en surf trip. Des magasins de surf commencent à ouvrir, des surf bars aussi… La scène professionnelle canadienne est définitivement à surveiller dans les prochaines années, de nombreux jeunes commencent à se démarquer ! Beaucoup de personnes pensent qu'on ne peut pas surfer sur l'île de Vancouver, les gens ont plutôt le réflexe de prendre l'avion vers le sud plutôt que de rester au Canada, mais les choses progressent.

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Quel message souhaitais-tu transmettre à travers ce film ?
Frio est un film positif, cela explique les bons retours et le soutien qu'on nous a manifestés. On a voulu offrir un voyage à ces deux jeunes, qu'ils n'auraient pas eu la chance de réaliser, mais nous souhaitions aussi faire découvrir le Canada au travers du regard de ces deux jeunes, et transmettre un message positif. Ce film va ouvrir beaucoup d'horizons pour les gens qui ne connaissaient pas le surf au Canada.

Le film est d'ailleurs sorti il y a quelques jours dans les salles québécoises, quels sont les échos que tu en as eus ?
Les retours ont été tellement positifs ! Ça nous a fait chaud au cœur, nous avons reçu plus de 500 personnes à la première. Les gens riaient, ont versé des larmes, eu des frissons… Nous sommes vraiment contents car nous avons travaillé très fort sur le projet, voir les gens sortir de la projection avec le sourire était donc très satisfaisant. Le film est un bon mix d'émotions, avec l'innocence de Kevin et Jackson et leur perception nouvelle des choses apportent une belle touche d'humour.

En France, le film est projeté ce dimanche en première européenne au Paris Surf & Skateboard Film Festival. Je suppose que tu es flatté de faire partie de la programmation ?
Oui, vraiment ! C'est super cool de voir l'intérêt que les Français ont pour notre projet, et qu'il soit projeté en première européenne. On espère vraiment que les spectateurs apprécieront le film autant qu'ils l'ont apprécié au Canada. J'ai hâte d'avoir les feedbacks !

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Kevin et Jackson ont essayé le snowboard et le hockey durant leur séjour, qu'est ce que ça a donné ?
Ces gars-là ont appris tellement rapidement le snow ! On est allés faire du snowboard la troisième semaine, les gars n'arrêtaient pas de demander : « Quand allons-nous en faire ? », ils étaient super excités ! Une fois arrivés à la montagne, Kevin et Jackson ont reçu les conseils d'un instructeur mais ils ne voulaient rien savoir, ils voulaient juste rider ! Ils ont transposé leurs notions de surf en snowboard, leur apprentissage fut spectaculaire. Surtout qu'ils n'avaient vu ni touché de la neige avant ça ! C'est à voir dans le film, c'est là que l'on a réalisé que ces gars sont très forts…

Un dernier mot ?
Nous sommes ouverts pour faire d'autres présentations en France et à l'étranger. On aimerait vraiment que le film voyage, n'hésitez pas à nous contacter !

Trailer du documentaire :

FRIO - Official Teaser from SequenceFilms on Vimeo.