FYI.

This story is over 5 years old.

Sports

Clavicules pétées et lose à la photo-finish : la grande cruauté du Tour

Dimanche, les coureurs ont vécu l'enfer entre Nantua et Chambéry. Entre chutes à répétition, arrivée hors-délais et défaite sur la ligne, ils ont expérimenté ce que le Tour pouvait offrir de pire.
Youtube

Depuis le départ, le Tour nous avait proposé quelques sprints tendus, marqués par la mise hors course de Peter Sagan et la chute spectaculaire de Mark Cavendish. Dimanche 10 juillet, la route s'est élevée et les grosses cuisses ont laissé place aux grimpeurs et autres favoris du classement général à l'occasion d'une étape dantesque entre Nantua et Chambéry. Pour cette première sortie en haute montagne, l'arrivée s'est avérée tout aussi tragique, et le spectacle tout aussi prenant. Il témoigne surtout d'une réalité que les fans de cyclisme gardent en tête toute l'année, mais que les spectateurs occasionnels redécouvrent chaque mois de juillet : le vélo est un sport ingrat, fait de souffrance, de désillusions et d'abnégation. C'est d'ailleurs là que réside une partie de sa beauté.

Publicité

Dimanche, la première victime des 181 kilomètres du parcours s'appelait Arnaud Démare. Le successeur de Jimmy Casper au palmarès des sprinters français vainqueurs d'étape sur le Tour a lâché les roues du peloton dès les tous premiers kilomètres de la journée. Accompagné de ses coéquipiers, qui ont fait preuve d'un dévouement à toute épreuve, il a franchi la ligne près d'une heure après le vainqueur. Hors-délai. Le Tour est donc fini pour le champion de France, vainqueur à Vittel. La route vers le maillot vert se dégage un peu plus encore pour Marcel Kittel.

Démare perdu des kilomètres derrière le peloton, c'est au tour de certains autres grands noms du peloton d'expérimenter une autre torture qu'inflige parfois la Grande Boucle à ses participants : la chute à pleine vitesse, dans les descentes sinueuses des trois gros cols de la journée, la Biche, le Grand Colombier puis le Mont du Chat. Premier maillot jaune du Tour et équipier de luxe de Chris Froome, le Gallois Geraint Thomas abandonne sa clavicule sur le bitume du col de la Biche. Puis dans la descente du Mont du Chat, c'est au tour de Ritchie Porte de se fracturer la clavicule et le bassin, entraînant Dan Martin dans sa chute spectaculaire.

On cite à peine les gadins pris par Mori, Gesink ou Contador, mais en revanche, on ne peut pas faire l'impasse sur les mésaventures de Warren Barguil. Déjà à l'attaque samedi - sans succès - le grimpeur breton a été impressionnant dans la dernière ascension de la journée en résistant au retour du groupe des favoris. Finalement rejoint dans la descente, il est resté calé dans les roues en espérant jouer la gagne sur le sprint final. Un calcul gagnant. C'est du moins ce qu'il a cru en passant la ligne d'arrivée roue dans roue avec Rigoberto Uran. Convaincu d'avoir sauté le Colombien sur la ligne, Barguil serre le poing et fond en larmes une fois descendu de selle.

C'est là que le drame se produit. Interviewé en direct sur France Télé, il apprend qu'il est battu pour un demi-boyau. Quelques millimètres après 180 bornes et plusieurs heures de course, autant dire rien du tout. Le genre de tours que seul le cyclisme peut réserver. Sauf que d'habitude, ça se passe presque en catimini, devant un public d'initiés. Mais au mois de juillet, ce genre de désillusion se vit en mondovision.