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La Premier League ne sera jamais meilleure qu'à l'époque de Scholes et Vieira

Des joueurs tellement parfaits que les supporters de MU et Arsenal leur cherchent toujours des remplaçants. Prends ça, Francis Coquelin.
Foto: PA Images

La Premier League ne vous fait plus autant kiffer qu'avant, pas vrai ? OK, tout est relatif, je ne dis pas qu'elle est devenue nulle ; à vrai dire, mater un match reste toujours mieux que 98% des trucs qu'on peut faire sur cette planète. Mais elle est clairement sur le déclin.

J'exagère. Mais elle a changé. Et pas forcément dans le bon sens. Tu te souviens du moment où elle était au top, où c'était la meilleure chose du monde ? Ça a duré grosso modo six ans, entre la victoire de Manchester United en Champions League en 1999 et le premier titre du Chelsea d'Abramovitch en 2005.

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Depuis, la Premier League a grandi, elle est devenue plus flashy, et puis encore plus énorme jusqu'à devenir ce tourbillon insensé qui déborde d'agents véreux, de partenaires aussi absurdes que des marques de chewing-gums, de joueurs tatoués et coiffés n'importe comment, de matches réalisés façon Michael Bay avec huit ralentis différents à chaque fois qu'un gardien rate vaguement une sortie, et les vannes de Pierre Ménès. Bref, la Premier League a pris du poids. Mais elle n'est certainement pas meilleure qu'avant.

Allez, je me mouille : si on l'aime moins qu'avant, c'est parce qu'il y a trop de fric en jeu maintenant. Le Man City-Chelsea du début de saison était cool, parce que ça jouait super bien et que c'est toujours un bonheur de savoir que Mourinho a passé un pire week-end que moi, mais c'était pas non plus un spectacle incroyable, et ça ne le sera jamais. Tous les mecs présents sur le terrain, que ce soit Yaya Touré, Agüero, Diego Costa, Matic, Courtois ou Mourinho lui-même, n'étaient attachés à leur club que par leur contrat et leur agent.

J'ai bien conscience, évidemment, que si l'agent de Vieira lui avait annoncé qu'il serait payé au SMIC à Arsenal, il n'aurait sans doute jamais foutu les pieds à Highbury. Mais je crois de tout mon cœur – et c'était littéralement une histoire de cœur, pas la demi-molle tristoune qu'on peut avoir devant un bon match aujourd'hui – qu'aucun des joueurs qui s'affrontaient lors des matches mythiques entre Arsenal et Manchester United du début des années 2000 n'était là que pour la thune. Ces mecs jouaient pour la gloire, la vraie, celle du football.

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Et deux joueurs représentent mieux que quiconque cette époque bénie. Deux joueurs qui ne seront jamais remplacés dans le cœur des fans. Dont les supporters sont si nostalgique qu'ils disent encore aujourd'hui, presque machinalement : « il faut qu'on trouve le nouveau Scholes/le nouveau Vieira. »

Entry Point: High

En tant que joueurs, leurs palmarès sont parfaitement équilibrés : Scholes explose Vieira en termes de titres gagnés en club, avec 11 championnats et 2 Ligues des champions (contre 3 et 1 pour le Français), mais pendant son passage à Arsenal Vieira a remporté la Coupe du monde et l'Euro. Si on les fusionnait, on obtiendrait probablement le meilleur joueur de tous les temps, un mutant métis tirant sur le roux capable de déloger un cupcake de la main d'une blogueuse de 60 mètres, de marquer 20 buts par saison et de regarder la lave en fusion qui bouillonne dans les yeux de Roy Keane avec un sourire poli. D'ailleurs je crois bien que Vieira est le seul gars qui n'a jamais eu peur de Keane, et rien que pour ça, il est au-dessus du lot.

Le truc le plus intéressant, dans l'équipe coachée par Wenger de la fin des années 90 au milieu des années 2000, c'est que ses plus grandes stars étaient des mecs qui, avant de débarquer à Highbury, étaient certes super forts mais pas incroyables. Bergkamp, Henry, Vieira, Campbell, tout le monde savait qu'ils étaient excellents (à part Vieira, d'ailleurs), mais aucun ne s'était encore taillé une réputation de joueur injouable. On sentait que ces types voulaient prouver ce dont ils étaient capables, individuellement et collectivement. Diego Costa, lui, veut juste prouver qu'il mérite de gagner 1 million par mois, finir meilleur buteur, et pourquoi pas remporter une Ligue des champions si l'opportunité se présente.

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Quant à ce qu'il se passait du côté d'Old Trafford, tout le monde connaît l'histoire. L'équipe de jeunes du club devenue d'un coup l'équipe première. Dans le fameux documentaire sur "la génération 92", on voit que Scholes était déjà le meilleur. A un moment, il se passe un truc qui allait devenir l'un des plus grands classiques du foot anglais : Scholes reçoit le ballon au milieu du terrain, se retourne immédiatement et, en une fraction de seconde, expédie le ballon à 40 mètres de là, pile sur le pied d'un ailier que personne n'avait vu démarqué. Et si je vous dis "Vieira", est-ce que la première image qui vous vient n'est pas celle de ces immenses jambes déposant 2 ou 3 adversaires au milieu de terrain avant de donner la passe parfaite à un attaquant comme si une araignée venait de pondre ?

On a tellement de souvenirs de cette époque parfaite : Arsenal qui remporte le titre grâce à une victoire à Old Trafford ; United qui mène 5-1 à la mi-temps en 2000 ; Giggs qui sort le match de sa vie en demi-finale de Cup ; Martin Keown qui défonce Van Nistelrooy en hurlant la saison où Arsenal reste invaincu, pendant que Parlour lui en colle une dans l'estomac ; le fameux "Pizzagate" de 2004 ; le but de fou qu'Henry met à Barthez en demi-volée ; et l'ultra-violence du match à Highbury en 2004-2005, où les mecs se chauffaient déjà dans le tunnel, avec un Keane hors de contrôle et Scholes qui découpe Reyes…

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…putain, ça me manque. Et pour bien comprendre où je veux en venir, il faut se souvenir d'un truc : Scholes et Vieira, qui auraient pu se faire des montagnes de blé, même à l'époque, ont eu la possibilité de se barrer plein de fois. Je me souviens que chaque été, on se demandait si Vieira allait signer au Real ou au Barça, alors que tout le monde voulait Scholes. Avant de comprendre que ce n'était même pas la peine d'espérer. Scholes n'a jamais bougé, et Vieira n'est parti que quand il était déjà sur le déclin. Ils n'imaginaient pas vraiment jouer ailleurs.

Lors de ce fameux match à Highbury, en 2005, qu'Arsenal a finalement perdu (2-4), il y a un moment absolument parfait. C'est au moment des poignées de main. Tout le monde se rappelle de Gary Neville, qui avait tenté d'intimider Vieira en lui serrant la main le plus fort possible et en lui jetant un regard noir, dans une imitation de Roy Keane tout à fait pathétique (Vieira l'avait ignoré). Mais deux secondes avant ça, on peut voir Scholes faire une feinte à Vieira en retirant sa main juste au moment où il allait la serrer. Sacré déconneur.

Bien sûr, aujourd'hui, tout le monde se serre bien gentiment la main, ou alors toute l'équipe porte un joli t-shirt #PrayForLuis pour justifier la décision de ne pas le faire.

Mais personne ne parlera jamais mieux de Scholes et Vieira que deux autres immenses poètes du football :

« Paul Scholes me fait toujours halluciner, parce que je ne le vois jamais. Sur le terrain, tu ne peux jamais l'attraper. Et dès qu'il en sort, il disparaît. » (Luis Figo)

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« Franchement, si on s'était battus, Vieira m'aurait défoncé. » (Roy Keane).

"If it had come to a fight, Patrick could probably have killed me."

Roy Keane

@TobySprigings