FYI.

This story is over 5 years old.

Sports

Ciao, Coppa : un dernier au revoir à la coupe anglo-italienne

Il y a 20 ans cette semaine, se déroulait le dernier match de la coupe anglo-italienne à Wembley. C'était la fin d'un tournoi étrange, qui s'est tenu par intermittence et dont les vainqueurs vont de l'AS Roma au Sutton United.

Tous les jeudis, VICE Sports revient sur un événement dans l'Histoire du sport qui s'est déroulé à la même période de l'année. C'est Throwback Thursday, ou #TBT pour vous les jeunes qui nous lisez.

Est-ce que l'AS Roma et Swindon Town ont une raison d'être mentionnés dans une même phrase ? Swindon a remporté 28 fois la Wiltshire Premier Shield, la coupe du comté de Wiltshire, alors que la Roma a gagné trois titres de Serie A et neuf coupes d'Italie. Le combat est un peu déséquilibré.

Publicité

Et pourtant il y a un lien entre les deux clubs. Comme beaucoup d'autres équipes - de l'équipe amateure anglaise de Sutton United jusqu'à l'Udinese - ils sont d'anciens vainqueurs de la coupe anglo-italienne.

A une époque où les clubs anglais demandaient ce que les matches de replay en FA Cup soient supprimés, il est difficile de croire qu'une autre compétition, qui voyait s'affronter des équipes anglaises contre des équipes italiennes, ait lieu durant la saison.

Pourtant, après des matches entre Swindon et la Roma en 1969, une nouvelle coupe a été créée en 1970 et elle remplissait justement ce rôle. Elle a eu lieu par intermittence et sous différentes formes, au fil des décennies avant de complètement disparaître il y a 20 ans cette semaine, en mars 1996.

Son histoire commence en réalité en 1967, quand les Queens Park Rangers remportent la finale de la League Cup face à West Bromwich. Cette victoire aurait dû qualifier le club londonien pour la Coupe des villes de foires, la compétition qui a précédé la coupe UEFA (ce qui en fait l'ancêtre de l'Europa League si vous voulez rentrer dans les précisions généalogiques). A l'époque, cependant, l'UEFA n'autorise que les équipes de première division dans ses compétitions. Ce qui n'est pas le cas de QPR.

Le même problème a lieu en 1969. En finale de la Coupe de la Ligue anglaise, Arsenal, alors en première division, perd 3-1 face à Swindon Town, une équipe de troisième division. Si ça vous rappelle quelque chose, on notera par ailleurs que les Gunners ont fini quatrième cette année-là.

Publicité

Cette fois-là, pourtant, on décide d'une alternative. Pour ne pas léser les Robins (le surnom des joueurs de Swindon Town), un match aller-retour est organisé où Swindon doit affronter le vainqueur de la coupe d'Italie, l'AS Roma. De manière assez surprenante, l'équipe anglaise remporte l'affrontement 5-2 sur les deux matches, dont un 4-0 à domicile face à une équipe qui comptait dans ses rangs le tout jeune Fabio Capello. Le succès de cette opposition mène à la création de la coupe anglo-italienne.

L'attraction principale du football a toujours été sa grande simplicité. Mais les organisateurs de la coupe anglo-italienne n'en ont pas du tout conscience à l'époque et décident donc, en 1970, d'organiser une compétition où les équipes sont mélangées dans trois groupes de quatre équipes avec à chaque fois deux clubs anglais et deux clubs italiens. Ils jouent donc face à leurs rivaux étrangers à domicile et à l'extérieur, mais ne rencontrent jamais l'équipe de la même nationalité que la leur. La victoire est à deux points, le nul vaut un point, et les équipes marquent également un point pour chaque but inscrit. Cela les fait alors progresser dans un classement par pays (comptant donc six clubs de chaque côté) et les deux premiers s'affrontent dans une grande finale. Du côté italien Naples, et toujours Swindon du côté anglais.

La finale a lieu au stade San Paolo de Naples, mais le match n'ira pas jusqu'au bout. Swindon détruit tout sur le terrain, menant après 24 minutes de jeu, puis ajoutant un second but à la 58e. Arthur Horsefield marque un troisième but quelques minutes plus tard. Les supporters napolitains décident alors de créer une émeute, jetant des pierres et des bouteilles, dont une qui touchera un arbitre assistant. L'arbitre principal décide donc de siffler la fin du match, à la 79e minute. Swindon est déclaré vainqueur.

Publicité

Un format similaire sera tout de même reconduit pendant les trois années suivantes, sans les débordements en finale toutefois. Blackpool remporte l'édition 1971 en battant Bologne 2-1, avant de perdre l'année qui suit, 3-1 face à la Roma, ce qui restaurait dans le même temps l'honneur de l'Italie. En 1973, Newcastle ramène le trophée en Angleterre après une victoire 2-1 sur la Fiorentina. Le format a alors un peu changé : il y a désormais des demi-finales et les buts marqués ne valent plus de points.

Image via Footysphere

Après cela, l'intérêt pour l'événement est moindre et le tournoi ne revient pas en 1974. Il est ressuscité en 1976, mais est désormais joué par des équipes semi-professionnelles. La finale, cette année-là, voit Monza (oui, la ville du circuit de Formule 1) battre Wimbledon (oui, la ville du tournoi de tennis) par un but à zéro. La décennie suivante, les équipes italiennes dominent leurs homologues anglaises : seul Sutton United remporte le trophée en 1979, au milieu de dix vainqueurs italiens. Les quatre dernières éditions de la compétition semi-pro démontrent l'absurdité du tournoi : avec des finales entre équipes italiennes entre 1983 et 1986, le terme "anglo" paraît un peu inutile dans la dénomination de la compétition. Elle disparait alors à nouveau.

Après avoir disparu deux fois, il aurait peut-être mieux fallu laisser la coupe anglo-italienne là où elle était, mais elle fut de nouveau ressuscitée au début des années 1990. Il y avait une raison cependant. Cette nouvelle version remplaçait la Full Members Cup, un tournoi où s'affrontaient les équipes anglaises des deux premières divisions, interdites de coupes européennes par l'UEFA après le drame du Heysel en 1985.

Publicité

Les équipes anglaises retournent dans les coupes européennes en 1992 et la Full Members Cup devient alors inutile. Elle est supprimée. Mais - pour des raisons pas complètement claires mais qu'on imagine liées au fric - une nouvelle coupe anglo-italienne est organisée pour les clubs de deuxième division de chaque pays. On a donc droit à une victoire de Cremonese sur Derby County, à Wembley, en 1993, puis Brescia remporte le trophée en battant Notts County l'année suivante. Le club se venge l'année d'après en battant Ascoli en 1995, le dernier succès anglais dans la compétition.

Car la dernière édition a lieu lors de la saison 1995-96. Après la traditionnellement confuse phase de groupes puis les demi-finales régionales, la finale anglaise voit Port Vale s'imposer 3-1 sur les deux matches, pendant que le Genoa bat Cesena côté italien 4-0 à l'extérieur et 1-0 à la maison.

La finale se joue le 17 mars 1996 à Wembley. Et, même si on peut trouver à redire sur l'organisation du tournoi, on ne peut pas enlever l'expérience qu'ont vécue les supporters de Port Vale de voir un match de leur équipe favorite contre un club italien alors que la Serie A connaît une popularité démentielle en Grande-Bretagne grâce à l'émission Football Italia. Les Valiants sont dirigés par John Rudge, manager de l'équipe depuis 13 ans (il fera encore trois saisons à la tête du club après cela), avec Steve Guppy dans le onze de départ, lui qui jouera en Premier League par la suite sous le maillot de Leicester City et sera même international anglais, avec une sélection en 1999.

Du côté du Genoa, on retrouve encore plus de talent avec un Vincenzo Montella âgé à l'époque de 21 ans. Ce sera sa seule saison au club, une saison pendant laquelle il inscrira 21 buts en Serie B. Il sera ensuite transféré à la Sampdoria puis à la Roma, engrangeant un titre de Serie A et vingt sélections avec l'Italie.

Malgré l'avantage de jouer à domicile, l'équipe anglaise est largement dominée. Le Genoa mène 2-0 après vingt petites minutes de jeu grâce à des buts de Gennaro Ruotolo et Fabio Galante, avant que Montella ne tue le match avec un troisième but avant la mi-temps. Ruotolo inscrit deux buts au retour des vestiaires pour finir son hat-trick. Deux buts de consolation restaurent un peu de dignité du côté de Port Vale, mais leur grand jour à Wembley se termine tout de même par une défaite 5-2.

Ce ne serait pas déshonorant de dire que Port Vale était un club moyen à l'époque, ils ont d'ailleurs fini 12e sur 24 cette année-là. Leurs cousins italiens ne sont pas mieux, terminant 8e de Serie B.

Une telle médiocrité résume bien la coupe anglo-italienne. C'était une compétition d'équipes de seconde zone même dans ses années fastes, et la voir persister dans le paysage footballistique du 21e siècle aurait été absurde. Mais si vous aviez été un supporter de Swindon Town à l'époque et que vous veniez de voir votre équipe favorite battre ce grand club qu'est la Roma, ça valait bien le coup de se mettre une murge un mercredi soir pourtant comme les autres dans le Wiltshire. Et c'est là aussi tout l'intérêt des compétitions de foot.