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Sports

La boxeuse qui les met toutes à l'amende

Des titres à gogo, des KO à la pelle, on vous présente la boxeuse Anissa Meksen.
Photo Morad Le Thaï

Son palmarès est éloquent et ne souffre d'aucune contestation : 6 fois championne d'Europe et 8 fois championne du monde, toutes disciplines de boxe pieds-poings confondues. Ajoutez à cela des sacres nationaux à la pelle, les titres de boxeuse de l'année et du meilleur KO, glanés tous les deux en 2014.

Inutile de nier l'évidence : Anissa Meksen est un des plus beaux palmarès de la boxe française, sans différenciation de sexe. Quatre-vingt cinq combats disputés, 28 KO et seulement trois défaites. Un fouetté, un chassé, un revers balancé et ses adversaires ramassent. « Sans prétention, à l'heure d'aujourd'hui, Anissa est un profil qu'on n'a jamais vu en boxe ». Paroles de son entraîneur Benoît Mateu. Polyvalente, maîtrisant différents types de boxes avec un unique dénominateur : la victoire.

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Anissa met pour la première fois des gants à l'âge de 12 ans, sur les conseils de son frère Mehdi. Déjà, les premières ambitions naissent : « Le jour même je lui ai dit que je voulais être championne du monde ». C'est que la native de Nancy sait ce qu'elle veut. Elle se fixe sans cesse des objectifs pour avancer : « J'ai besoin d'aller toujours plus loin pour être bien dans ma vie. J'ai toujours voulu être numéro 1, aussi bien dans ma pratique sportive que dans mes études ».

À force d'empiler les titres en boxe française, sa motivation se fane. Besoin d'un nouveau challenge. Ce sera le muay-thaï (ou boxe thaï). Mais le scepticisme ambiant l'incite à prendre le chemin de l'exil. Direction la Thaïlande pour se tester et se faire un nom.

En Asie du Sud-Est, son adaptation est facilitée par un contact local qui met Anissa et son équipe, composée de son entraîneur Benoît et du kiné Jean-Luc, dans de bonnes conditions. Mais le dépaysement est total. Son entraîneur se souvient : « Les conditions étaient difficiles mais on a serré les dents. Et puis les Thaïlandais sont sympas tant que tu fais de la boxe loisir. Mais dès que tu veux gagner des titres, ils deviennent jaloux. Ils sont très chauvins. Lors de son premier combat, ils l'ont prise pour une touriste. Elle a fait son combat et a gagné ». Les présentations sont faites.

Anissa Meksen séjourne deux mois en Thaïlande, y dispute un combat de préparation et un championnat du monde qu'elle remporte à l'occasion du grand gala de l'Anniversaire de la Reine. Souvenirs : « La Thaïlande, c'est un autre monde. Là-bas quand tu montes sur le ring, tu n'es pas applaudie. Lors de mon premier combat, je suis montée avec la peur au ventre. Mais j'ai mis mon adversaire KO au 3e round. Les combats se passent sous forme de paris. On est traités comme des chevaux. Je réfléchirais à deux fois si on me proposait un combat en Thaïlande car j'ai maintenant acquis de la crédibilité dans cette discipline ».

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En 2014, elle ne perd pas en douze combats disputés. Elle se paie même le luxe de mettre à terre la combattante turque Funda Diken jusque-là invaincue. Au mois de septembre de la même année, sa victoire dans l'émission de télé réalité Enfusion conforte sa position dominante dans le monde de la boxe. Sur l'île de Koh Samui en Thaïlande, les 18 meilleures boxeuses de la planète sont réunies pour un tournoi de muay-thaï. Lors de son premier combat, il lui suffit de quelques secondes pour mettre KO son adversaire. Elle s'adjuge l'épreuve en battant en finale la Britannique Iman Barlow en lui administrant le premier KO de sa carrière.

Aujourd'hui, conquérir toutes les ceintures n'est plus son désir. Ce que veut Anissa, c'est boxer pour les plus grandes organisations : « J'ai tout cassé, ma maison est blindée de ceintures. Les titres sont une bonne chose pour se faire connaître mais ça ne suffit pas pour vivre ». C'est l'éternel problème que rencontrent certaines disciplines sportives, et plus particulièrement des sports de combat, qui ne sont pas affiliés à des Fédérations.

Alors Anissa Meksen enchaîne les galas d'exhibition, beaucoup plus rémunérateurs, est coach dans son club de la Garenne-Colombes (Olympic Garennois Boxe) tout en étant coach sportive. « Je suis fière de dire que la boxe est mon métier ». Un métier certes, mais aussi un éternel défi. Pour preuve, elle a entamé des démarches pour obtenir une licence en boxe anglaise.

Photos : Morad Le Thaï