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​A la découverte des fous du guidon du bike polo

Partenaire des championnats de France de bike-polo qui se tiendront à Tours du 6 au 8 mai prochain, VICE Sports vous fait découvrir ce sport de glisse urbaine.

Ils seront une quarantaine d'équipes à débarquer de toute la France à Tours au début du mois de mai pour les championnats de France de bike-polo. 120 fans d'un sport encore confidentiel, mais pourtant promis à un bel avenir : le bike polo. Leur kiff ? Enfourcher leur pignon fixe puis, par équipe de trois, taquiner la balle à l'aide d'un maillet. Parmi les pratiquants les plus accros à ce sport vieux d'un siècle, mais longtemps oublié, Fabien Rasquier, secrétaire du club de Tours et organisateur de la compétition. Le temps d'un entretien, il est descendu de sa selle pour mieux vous expliquer les règles du bike polo, mais aussi son origine, ses codes et ses plaisirs. Entretien 100% passion avec un amoureux de ce sport encore méconnu en France, bien que les tricolores soient parmi les meilleurs mondiaux dans la discipline.

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VICE Sports : Salut Fabien, avant toute chose, est-ce que tu peux nous expliquer un peu les principes de base du bike polo ?
Fabien Rasquier : Le bike polo se joue sur un terrain équivalent à celui du hand, en moyenne 40 mètres de long pour 20 de large, et les matches qui opposent deux équipes de trois durent entre 10 et 12 minutes selon les formats. L'idée, c'est que ceux qui on marqué le plus de buts à la fin du temps réglementaire ont gagné. Le match s'arrête avant la fin du temps réglementaire si une équipe marque cinq buts.

Est-ce que les joueurs ont un poste ou une fonction précise dans l'équipe ?
Pas vraiment. Personne n'est fixé comme gardien, défenseur ou attaquant, ça tourne selon les phases et les situations de jeu.

Il y a un arbitre ? Des règles à respecter ? Ou c'est le bordel ?
Non, c'est bien codifié. On a un arbitre et une base de règles communes. Après, comme c'est un sport assez libre, il existe pas mal de variantes selon les pays et les clubs. Mais la première règle de base, c'est de se protéger, puisqu'on joue sur du dur. C'est pour ça qu'on a emprunté les équipements de protection du hockey avec le casque et le grillage et du lacrosse avec les gants. Les joueurs doivent obligatoirement porter un casque, après, c'est selon les goûts de chacun, mais beaucoup rajoutent des genouillères et des coudières.

Ensuite ?
Ensuite, il est interdit de mettre un pied au sol. S'il t'arrive de le faire pour une raison X, tu sors de l'action de jeu et tu dois aller taper un bord du terrain sur la ligne médiane pour revenir dans le jeu. La troisième règle, c'est lié au maniement du maillet. Quand tu veux faire une passe, tout est autorisé, tu peux frapper avec n'importe quelle surface du maillet, tu peux simplement pousser la balle vers un équipier ou même faire une passe du pied du moment qu'il ne touche pas terre. Mais quand tu veux marquer, il faut que tu frappes la balle avec l'extrémité du maillet, donc ne pas utiliser la largeur.

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Comme tout sport d'équipe et tout sport de balle, il y a des contacts. Comment vous avez géré cet aspect du polo bike ?
Au début, c'était assez peu codifié, mais maintenant, on a une règle claire : les contacts sont autorisés si c'est maillet contre maillet, corps contre corps ou vélo contre vélo. L'autre truc, c'est qu'il est interdit de se percuter de biais. Si un joueur arrive perpendiculaire à un autre, il est immédiatement sanctionné. On appelle ça un T-bone dans le jargon. Les sanctions sont calquées sur le système du hockey, avec 30 secondes de pénalité que tu dois passer en prison. L'arbitre a aussi le droit d'exclure un joueur s'il estime qu'il devient dangereux pour les autres, mais honnêtement, depuis que je joue, je n'ai jamais vu ça.

Justement, comment tu as découvert le bike-polo ?
J'ai découvert ce sport à mon arrivée à Tours avec des potes qui roulaient en pignon fixe. L'un d'entre eux m'a proposé de venir essayer le polo-bike, et deux ans après je suis à fond.

Qu'est-ce qui t'a fait kiffer ?
Il y a un côté addictif dans ce sport parce qu'on a la sensation d'évoluer et de s'améliorer hyper rapidement. La première séance, on arrive à peine à toucher la balle, la seconde on parvient à l'emmener ou on veut, la troisième on fait quelques belles action et ainsi de suite. Il y a un côté visuel, spectaculaire et technique car c'est un sport différent, qui va assez vite.

Quelles sont les qualités nécessaires pour devenir bon au polo bike ?
La particularité, c'est qu'il faut être adroit sur un vélo. Nos vélos ont des développements très faibles pour qu'on puisse faire du sur-place et qu'on ait un gros pouvoir d'accélération. Mais pour le reste, ce sont les qualités habituelles des sports de balles collectifs. Coordination, sens de l'anticipation, vision du jeu, endurance, adresse…

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D'où viennent les pratiquants du polo- bike du coup ? Du cyclisme ou de sports de balle comme le hockey ?
Un peu des deux en fait. Les cyclistes, qui viennent de la route comme du VTT, sont naturellement attirés par notre sport pour le côté vélo. Mais les hockeyeurs ont des qualités plus adaptées, parce qu'ils sont habitués au rythme des passes, à la vision du jeu requise. C'est aussi pour ça qu'on se considère plus comme un sport de glisse urbaine qu'un sport cycliste.

Niveau matos, est-ce que c'est un sport qui coûte cher ?
Pas du tout, c'est même la raison pour laquelle le bike polo est né ! A l'origine, ce sont les Irlandais qui ont inventé notre sport au XIXème siècle. Ils n'avaient pas les moyens de pratiquer le polo classique à cheval, ils ont donc utilisé des vélos. Ca se faisait sur gazon encore à l'époque.

Donc on peut dire que c'est un sport séculaire ?
Pas vraiment, pendant très longtemps le bike polo est tombé dans l'oubli. Il est seulement revenu à la mode en 1999 à Seattle. Les coursiers à vélo de la ville ont réinvesti ce sport et l'ont réinventé dans sa version moderne, qui se joue sur dur. D'où le vrai nom de la discipline : hardcourt bike polo. Ils ont gardé le côté sport pas cher puisqu'on peut jouer avec un vélo pourri et que le maillet de base, c'est un tuyau de PVC fixé à bâton de ski. Ce sont eux qui ont insufflé un nouvel élan et un esprit qui va avec ce sport.

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Comment tu définirais cet esprit ?
Je dirais que ce qui nous attire tous dans ce sport, c'est la liberté qui y règne et son bon esprit. La communauté des joueurs de bike polo aime bien faire la fête, c'est pas obligatoire hein, et l'objectif ça reste d'assurer le lendemain. Mais on n'est pas mauvais à ce niveau-là non plus !

Le teaser des championnats de France en témoigne d'ailleurs :

Comment se porte la discipline en France ?
Nous sommes une communauté assez restreinte, 300 personnes je dirais. Le point positif, c'est qu'on est excellents puisqu'on compte beaucoup de champions du monde. Le point noir, c'est qu'on a du mal à élargir la communauté, le nombre de pratiquants a tendance à stagner. Le bike polo se joue principalement dans les grandes villes françaises, et la plupart des pratiquants ont entre 20 et 25 ans, mais on a aussi quelques anciens de 50 ans et plus qui continuent à jouer.

Pour se développer à l'avenir, est-ce qu'il ne faudrait pas que le bike-polo crée sa propre fédération ?
Pour l'instant, le bike polo est géré par un comité France qui n'est rattaché à aucune fédé. La question se pose effectivement, mais il y a des désaccords sur le sujet et c'est assez lourd administrativement alors qu'on est quand même un sport à la cool. Et pour l'instant, ça nous va très bien comme ça !