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Sports

Pourquoi Roland-Garros est devenu vraiment déprimant

Cette année, la Porte d’Auteuil offre un joli programme côté français entre public imblairable, joueurs à la ramasse et guerre intestine entre joueuses.

Reconnaissons avant toute chose une tendance française à l'auto-flagellation et à la critique stérile. Mais convenons également qu'en certaines occasions, et cette édition 2017 de Roland-Garros en est indéniablement une, cela ne doit pas nous empêcher de voir les choses telles qu'elles sont : à savoir déprimantes, en tout cas pour tout suiveur du tennis qui souhaite voir les tricolores briller Porte d'Auteuil.

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Passons rapidement sur les éliminations précoces de Tsonga et Simon, oublions même la blessure de Gasquet et la désillusion de Lucas Pouille pour nous concentrer sur l'essentiel. La deuxième semaine à peine entamée, un seul Français est encore en lice : Gaël Monfils.

Outre cet échec sportif, chez les hommes, les Bleus n'auront pas montré leur meilleur visage. Entre Laurent Lokoli qui refuse de serrer la main à son adversaire Martin Klizan en fin de match et le coup de génie de Maxime Hammou qui enchaîne une interview surréaliste en mangeant des chips et ses tentatives de baisers forcés à une journaliste d'Eurosport, la classe à la Française en a pris un sacré coup. Mais les joueurs n'en sont pas les seuls responsables.

Il suffit de s'attarder quelques minutes sur les gradins des courts de la Porte d'Auteuil pour se prendre conscience que Roland-Garros réunit tout ce que le pays compte de plus angoissant. Des gamins survoltés, des Polytechniciens guindés et des vieux beaux coiffés de canotiers en train d'instagrammer leur ennui. Un casting trois étoiles qui explique l'ambiance étrange qui règne parfois dans les travées. Lors des matchs des Français notamment, le public peut se révéler tout bonnement imbuvable.

Ainsi, Garbine Muguruza, lauréate de l'édition 2016, éliminée contre Kristina Mladenovic dimanche, en a fait l'expérience. Sifflée à sa sortie du court, elle a craqué en conférence de presse. Quelques larmes justifiées par cette sortie : « Je pense que le public a été un peu dur avec moi aujourd'hui. Je comprends. Mais je pense qu'il aurait parfois dû être un peu plus respectueux, même pour le jeu. Parce qu'on devait s'arrêter, l'arbitre devait tout le temps les calmer. »

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Si le public a parfois pourri certaines joueuses à juste titre, comme a pu l'expérimenter Martina Hingis en 1999, Muguruza n'avait rien fait pour mériter une telle bronca. D'autant qu'à ce moment, Mladenovic l'avait emporté et était donc déjà qualifiée pour le tour suivant. C'est d'ailleurs l'une des rares satisfactions du tournoi côté français : la présence de deux tricolores parmi les huit dernières joueuses en lice. Si "Kiki" a déjà son billet, Alizé Cornet et Caroline Garcia se disputent ce lundi le deuxième dans un huitème de finale qui promet d'être tendu.

Et pour cause, le tennis féminin français, bien que performant sportivement (meilleurs résultats à Roland-Garros depuis 1994), est gangréné par des guerres intestines qui opposent Caroline Garcia d'un côté à Alizé Cornet et Kristina Mladenovic de l'autre. Garcia et Mladenovic, partenaires de double pendant plusieurs années, sont désormais en froid, à tel point que "Kiki" a dû s'exprimer sur le sujet dans les médias récemment : « Ce qui s'est réellement passé, c'est qu'elle a décidé qu'elle voulait arrêter de jouer les doubles et elle m'a simplement envoyé un SMS. J'aurais compris toutes les raisons qu'elle aurait pu me donner pour sa décision, j'aurais respecté son choix. Mais elle n'a pas eu le courage ou les valeurs humaines pour venir me parler en face et dire : "écoute Kiki, j'ai ces objectifs, je le vois comme ça, je veux m'arrêter pour cette raison".»

Mieux, quelques semaines plus tôt, Garcia avait annoncé être blessée au dos et ne pas pouvoir honorer sa sélection pour la Fed Cup dans un communiqué. Réaction immédiate des autres membres de l'équipe de France : un LOL coordonné, posté sur Twitter, qui laisse entrevoir l'ambiance délicieuse qui règne chez les meilleures joueuses françaises. Parmi les filles qui ont réagi ce soir-là, Alizé Cornet, future adversaire de Caroline Garcia donc.

Entre les deux règne une tension extra-sportive plus que palpable. Interrogée au sujet de ce "LOL" intempestif, Caroline Garcia avait expliqué : « J'ai bien reçu un texto d'Alizé, mais il n'y avait pas d'excuse. Elle disait qu'elle assumait son tweet. Pour moi, ce texto, c'est rien. On ne boira pas de café. Ni avant le match de lundi, ni après. »

Mais restons positifs : tout cela nous ferait presque oublier les blagues de Laurent Luyat et le timbre de voix de Lionel Chamoulaud.