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Ce que vous devez savoir sur le « pacte migratoire »

Un épouvantail pour la droite, un pacte pas assez radical pour la gauche : voici l’essentiel de l’accord approuvé par l’ONU à Marrakech.
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Le Canada et 163 autres pays ont ratifié un document appelé le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, ou, communément, le « pacte migratoire », lundi à Marrakech. Depuis 2016, ce pacte a beaucoup fait parler. Grâce à la désinformation persistante, plusieurs populistes ont réussi à convaincre une masse importante de gens partout à travers le monde que ce document était dangereux et représentait une menace à la souveraineté des États signataires. Mais qu’est réellement le pacte migratoire, à qui profite-t-il et pour qui est-il une menace?

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Le but du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières est, comme son nom l’indique, d’encadrer les migrations à travers le monde. Avec 23 objectifs et engagements, qui passent par 200 mesures. L’accord est décrit par l’ONU et les auteurs comme étant non contraignant, c’est-à-dire que les pays signataires peuvent s’en retirer à tout moment et qu’il ne contient aucune mesure punitive pour les pays qui ne le respecteraient pas. D’ailleurs, plusieurs pays se sont retirés des négociations, tels que l’Australie, l’Autriche et la Pologne, alors que les États-Unis n’y ont pas du tout participé.

Concrètement, le pacte migratoire encadrerait le flux migratoire de la plupart des 260 millions de migrants à travers le monde se trouvant dans des pays signataires, et la différence entre migrants et réfugiés est importante. Il n’est pas ici question de gens demandant l’asile ou fuyant une situation précaire et dangereuse, comme la guerre ou la famine, mais bien de personnes s’établissant dans un autre pays, comme des étudiants ou travailleurs étrangers. Comme le rapporte Libération, le document viserait à « améliorer l’anticipation et la prédictibilité des flux migratoires, notamment liés aux changements climatiques » et « à lutter contre les migrations illégales et les réseaux de passeurs ».

On retrouve parmi les propositions celle de s’assurer que tous les migrants ont des pièces d’identité « pour faciliter leur contrôle et la gestion des administrations et des frontières », comme l’écrit Libération.

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L’importance de l’intégration des migrants dans leur pays d’accueil est aussi soulignée dans les recommandations du pacte migratoire, car les auteurs du texte soutiennent que « des migrants pleinement intégrés contribuent davantage à la prospérité ». C’est pourquoi il revient aux États signataires de garantir l’accès au marché du travail et aux services sociaux des nouveaux arrivants, qui sont en retour sommés de respecter les lois et traditions de leur pays d’accueil. Les États qui choisissent d’adhérer au pacte migratoire s’engagent à faciliter les transferts de biens matériels et financiers vers les pays d’origine des migrants, ainsi que leur rapatriement éventuel. C’est-à-dire qu’il serait possible pour les migrants d’envoyer de l’argent à leurs familles restées aux pays d’origine, ainsi que de rapatrier leurs avoirs du pays d’accueil à leur pays d’origine, s’ils le souhaitent.

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Une des mesures du texte qui inquiète beaucoup la droite populiste est celle qui propose d’offrir « une information indépendante, objective et de qualité » aux médias afin de les aider à aborder les enjeux qui concernent la migration et d’instituer « des normes déontologiques pour le journalisme ». De plus, le soutien financier ou matériel de l’État aux publications intolérantes, xénophobes, racistes et discriminatoires envers les migrants serait coupé. L’accumulation de données, de statistiques et d’études sur les flux migratoires devra être accessible aux citoyens, dans le but de démontrer l’efficacité du pacte migratoire et de rendre difficile la désinformation.

Plusieurs groupes nationalistes sont descendus à Ottawa samedi pour protester contre l’adoption du document. Au total, plus de 400 manifestants et contre-manifestants se sont retrouvés sur la Colline du Parlement, et neuf d’entre eux ont été arrêtés. En France et en Belgique, plusieurs membres du mouvement des « gilets jaunes », qui manifestaient samedi, ont exprimé leur mécontentement face à l’adhésion de leurs pays au pacte migratoire. Le président français, Emmanuel Macron, était censé se rendre à Marrakech afin de procéder à la signature, mais a jugé bon de déléguer cette responsabilité, devant trouver un moyen d’apaiser les tensions sociales qui s’élèvent présentement dans son pays.

Billy Eff est sur internet ici et .