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Musique

J’ai écouté de la K-Pop pendant 48 heures

C’était impossible de me concentrer sur quelque chose : dès que mon cerveau produisait une vraie idée, la K-Pop la transformait en un faisceau lumineux rose.

Apprendre à poser avec une experte en K-Pop

La K-Pop va venir vous chercher. Peut-être pas aujourd’hui, mais c’est aujourd’hui un des genres qui s’évertuent le plus à pénétrer dans les oreilles occidentales. Vous avez vu le nombre de vidéos YouTube de vieilles dames qui dansent sur « Gangnam Style » ? Il se pourrait bien que ce soit un signe annonciateur de l’arrivée de la K-Pop chez nous. Admettons que « Gangnam Style » se moque de la K-Pop ; il appartient malgré tout au courant K-Pop. Et qu’est-ce que le courant K-Pop ? Personnellement, je ne connaissais presque rien à la K-Pop avant que j’en écoute 48 heures durant, inspiré par mes collègues anglais qui avaient fait la même expérience avec de la house. Ça a été très instructif.

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Tout d’abord, il fallait que je sache ce que c’était exactement. Je suis donc allé voir mon amie Kerri, qui a vécu en Corée du Sud pendant cinq ans et qui en a profité pour écrire sur le pays. Apparemment, tout le monde aime la K-Pop en Corée du Sud, même les adultes et les vieux qui devraient pourtant avoir meilleur goût. Le truc, c’est que les chansons ont des paroles faciles à fredonner ainsi que des chorégraphies que tout le monde peut apprendre, même les gens aussi peu coordonnés que moi. Kerri m’a raconté qu’on entendait de la K-Pop partout, et que du coup, dès qu’elle n’en  entendait pas, elle se sentait soulagée. Malgré tout, elle m’a assuré qu’elle adorait la K-Pop. Elle m’a aidé à faire une sélection des 75 hits K-Pop les plus récents, et nous avons obtenu une playlist de 4 heures et demie.  J’allais donc écouter chaque morceau 12 fois, approximativement.

Le lendemain matin, je me suis réveillé et j’ai laissé échapper un gros soupir. C’était mon dernier moment de tranquillité. Je me suis passé « I Am The Best » de 2NE1 parce que je pensais que ça allait me faire sentir bien. À ma grande surprise, j’ai fait des petits pas de danse en me préparant le petit-déjeuner. J’allais apprendre à aimer la K-Pop.

Parfois, la K-Pop sonne comme un truc de boys band type N*Sync, voire comme les Spice Girls. À d’autres moments, ça sonne comme quelque chose de plus récent, genre Robyn ou Usher. Mais ce qui file un avantage certain à la K-Pop sur tous ces groupes et artistes, c’est que les oreilles occidentales ne captent rien aux paroles. Vous n’avez tout simplement pas à vous inquiéter de savoir si les paroles sont à chier ou pas, car vous ne les comprendrez pas ! C’est comme Sigùr Ros, sauf qu’au lieu d’avoir envie de dormir et l’impression d’être sous héroïne, ce sera la grosse fête dans votre tête. Dans tous les cas, comme tout ce qui est étiqueté musique pop, il y a des trucs bien, du son infect, et des trucs ouvertement pompés sur Drake ou Rihanna.

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Je suis allé dans une boutique coréenne en bas de chez moi pour acheter des bungeoppang quand soudain, « Ring Ding Dong » de SHINee a retenti dans mes écouteurs. Il faut savoir que dans la K-Pop, si la majeure partie des paroles est en coréen, des mots anglais apparaissent ici et là. Je me suis donc retrouvé à fredonner régulièrement « bad boy » et à glousser ensuite. Dans la boutique coréenne, j’ai rencontré ce bonhomme.

Parmi tous les groupes que j’ai écoutés, l’un de mes favoris s’appelle Girls Generation. On dirait que ce groupe est composé d’une douzaine de filles tout en jambes qui mettent un point d’honneur à prouver à leurs auditeurs à quel point la vie est fun. Ou elles parlent de girl power ? Quoi qu’il en soit, c’était accrocheur.

J’avais déjà fait le tour de ma playlist une fois, et la plupart des morceaux étaient faciles à ignorer. Seul le morceau « Gee » de Girl Generation me sortait de ma torpeur K-Pop et transformait tout ce que je vivais en un moment hyper heureux. Pareil pour les Wonder Girls. Ces filles sont comme un petit rayon de soleil sorti d’un adorable paquet surprise, même si elles ne sont qu’une pure construction marketing visant à rapporter du pognon.

Je suis rentré chez moi pour essayer de lire un peu, en vain. C’était presque impossible de se concentrer sur quelque chose : dès l’instant où mon cerveau produisait une vraie idée, la K-Pop se l’appropriait pour la transformer en un faisceau lumineux rose. Il n’y a pas de place pour les idées sous K-Pop, il suffit d’être content. Ma petite amie est rentrée et a écouté Muddy Waters de l’autre côté de la pièce ; c’était proche de la torture. Je voulais être à sa place, mais il n’y a hélas pas de place pour le désespoir dans la K-Pop. Aussi, j’ai noté que la K-Pop commençait à me foutre la nausée.

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Cette nuit-là, j’ai essayé d’aller dormir avec mes écouteurs sur les oreilles. Mon corps était épuisé mais j’avais l’impression qu’il y avait un chiot sous ecstasy dans mon cerveau. J’ai baissé le son de la chanson plutôt rassurante qui passait à ce moment-là, « Boyfriend », du groupe de K-Pop Boyfriend.

Le lendemain, je me suis réveillé sur « Bubble Pop » de Hyuna. J’ai appuyé sur snooze et j’ai fait un bilan de ma vie. Le temps de prendre ma douche et de me préparer pour la journée, je me trémoussais sur du B2ST. Arrivé là, je ne pouvais pas dire si j’aimais vraiment la K-Pop ou si je m’adaptais à mon statut de prisonnier. Je crois qu’on appelle ça le Syndrome de Séoul.

Il faut préciser que la K-Pop se fonde en grande partie sur le style très travaillé de ses interprètes. Dans la K-Pop, tout le monde est jeune, beau et à la pointe des dernières tendances. Ils sourient non-stop et ricanent comme s’ils avaient en permanence un petit fantôme chatouilleur rigolo à deux doigts de les faire pisser dans leur froc. J’ai décidé que si je voulais vivre pleinement cette expérience K-Pop, il fallait que je sois en totale immersion : je me suis offert un relooking K-Pop.

Je ne sais pas comment font les stars de la K-Pop pour ne pas avoir l’air de sachets de sels de bain, habillés comme ils le sont. Pour ma part, j’avais juste l’air d’un con.

Ce soir-là, je suis aller boire quelques verres avec un ami. À la fin de notre beuverie, je suis rentré chez moi dans une terrible tempête de neige. Je me suis mis à penser à quel point tout était merveilleusement beau et j’ai essayé d’apprécier la noblesse de la tempête qui m’entourait mais cette putain de K-Pop me gavait de fun doucereux. Je ne pouvais penser à rien, excepté à des nouveaux pas de danse. C’était comme si quelqu’un me tapotait le bras en me disant : « C’est amusant hein ? Tu trouves pas ça amusant ? Là, maintenant, on doit s’amuser – amusons-nous ! ». Si la K-Pop était une personne, je lui aurais dit de me lâcher un peu les basques.

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Je ne sais pas comment j’ai fait pour m’endormir, vu mon état d’épuisement nerveux. Je sais qu’à partir d’1 heure du matin, je me suis contenté de me passer « Gee » de Girl Generation, en boucle. Je me suis réveillé en geignant, et j’ai bouclé les 48 heures d’emprisonnement K-Pop en éteignant avec joie mon iPod. Je n’ai tiré aucune leçon de cette expérience, sinon qu’il m’arrive de pousser des petits cris « bad boy » et « sexy » assez régulièrement, comme si j’avais attrapé le syndrome Gilles de la Tourette.

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