Jimmy Gourad, la boxe, la jet-set et la foi
Photos Hadrien Duré

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Jimmy Gourad, la boxe, la jet-set et la foi

Il a été boxeur, acteur, éducateur et tente aujourd'hui de survivre après une vie faite de difficultés et d'excès.

Je suis un jeune photographe belge et j'ai fait la connaissance de Jimmy Gourad lorsque je prenais des cours de boxe à Ixelles, un quartier du centre de Bruxelles. Alors que je cherchais un sujet d'étude, Jimmy s'est naturellement imposé à moi. Au gré de nos discussions, j'ai décidé de suivre sa route pendant un an. Car l'histoire de cet immigré marocain est passionnante : il a vécu plusieurs vies et s'est parfois perdu sur les routes de ses différentes pérégrinations.

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Jimmy et sa famille sont arrivés il y a plus de 40 ans en Belgique, à Matonge, un quartier d'Ixelles qui abrite une forte communauté africaine. C'est là-bas qu'il fait notamment la connaissance de Jean-Claude Vandamme et de Mohamed Qissi, acteur, scénariste et réalisateur belgo-marocain.

Très tôt, Jimmy s'essaie à la boxe et devient un des premiers, et l'un des meilleurs, boxeurs maghrébins de Belgique. Pendant un moment, il est ce qu'on appelle un ''underdog'', c'est-à-dire un boxeur qui se couche pour permettre à l'adversaire, et donc aux parieurs, de triompher. Jimmy a pris beaucoup de coups et en paie aujourd'hui les conséquences : une mémoire qui s'arrête de fonctionner de temps en temps, des absences et des sautes d'humeur qui le déconnectent parfois de son quotidien.

C'est dans la salle de boxe d'Ixelles que la gueule de Jimmy Gourad se fait repérer par un réalisateur qui lui propose de jouer des seconds rôles au cinéma. Proposition acceptée. Petit à petit, Jimmy se fait connaître et profite des vices de la vie nocturne. Il tombe dans la jet-set bruxelloise et ses soirées, agrémentées d'alcool, de drogues et de prostituées. Il commence à se perdre, brûlant son argent dans les belles bagnoles et se faisant arnaquer par plusieurs promoteurs.

Au total, il aura joué dans plus de 100 films et autres publicités. Il a également disputé 100 combats dans sa carrière, affrontant les meilleurs boxeurs de son époque. Il n'a jamais refusé un combat lui permettant de vivre sa passion et son rêve.

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Grâce à Béa Diallo, homme politique belge et ancien boxeur pro, Jimmy travaille pour la mairie de Bruxelles. A raison de quatre heures de cours par semaine, au stade d'Ixelles, il apprend la boxe à des jeunes en difficultés.

Aujourd'hui, Jimmy a 54 ans et vit dans un logement social tout en bénéficiant de diverses aides de l'Etat. Il tente de rattraper ses erreurs passées. A travers l'islam notamment, un islam modéré qu'il tient à défendre de tout extrémisme.

Suivre Jimmy Gourad en Belgique et dans son pays natal, le Maroc, a été une de mes plus belles expériences de vie. J'ai eu la chance de partager une année avec cette personne d'une autre culture, d'une autre religion, qui s'est battue pour vivre. Malgré ses excès il a un grand cœur et aime partager son temps et transmettre.

Jimmy travaille comme colleur d'affiches pour arrondir ses fins de mois

Même quand les jeunes ne sont pas là, Jimmy est présent entre les murs de la salle de boxe.

Jimmy passe beaucoup de temps dans son quartier d'enfance de la rue Malibran où il aime prendre des nouvelles des jeunes.

Jimmy a participé à un projet avec Ixelles pour réinsérer les jeunes grâce à la boxe.

Sa vie a été difficile et mouvementée. Aujourd'hui, l'islam modéré qu'il pratique est tout ce qui peut l'apaiser.

C'est grâce aux films de Bruce Lee que Jimmy est passionné d'arts martiaux depuis qu'il est tout petit.

Aujourd'hui encore, Jimmy passe à la salle pour conseiller les jeunes.

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Jimmy avant une séance d'entraînement.

A l'entraînement toujours.

Aujourd'hui, il arrive que Jimmy donne des cours privés à des amis ou des connaissances.

Jimmy, auprès de la communauté musulmane de son quartier.

Le chemin entre la salle de boxe et son domicile sont les derniers instants de ses journées.