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Sports

Boucler un marathon en moins de deux heures, c'est vraiment possible ?

Trois des meilleurs marathoniens actuels vont tenter de passer sous la barre mythique des deux heures à l'aide d'innovations technologiques.

2 heures, 2 minutes et 57 secondes. C'est l'actuel record du monde du marathon, détenu par le Kényan Dennis Kimetto. S'il est à moins de 180 secondes de passer la barre symbolique des deux heures, une broutille en apparence, ces quelques minutes sont en fait un fossé immense qui sépare encore les athlètes de la marque mythique. Pour s'en rendre compte, il suffit de se plonger dans la liste des précédents records du monde sur la distance de 42,195 km. Pour gagner trois minutes sur le précédent record, il a fallu 16 ans aux coureurs de fonds. Difficile d'imaginer que, dès ce week-end, les trois stars de la discipline qui se retrouvent en Italie sous la bannière d'une grande marque de running puissent accomplir un tel exploit.

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Car c'est bien la raison pour laquelle Zersenay Tadese, le coureur érythréen recordman du monde du semi-marathon, Eliud Kipchoge, médaillé d'or à Rio sur la distance, et Lelisa Desisa, vainqueur des marathons de Boston 2013 et 2015 vont se réunir, rapporte le quotidien britanniqueThe Guardian. L'objectif est clair, ambitieux, voire irréaliste pour certains. Faire tomber le chronomètre sous les deux heures. Pour ce faire, ils devront repousser leurs limites physiologiques, mais ils pourront aussi compter sur l'assistance technique de la marque en question, qui va leur fournir des chaussures innovantes.

Selon les ingénieurs qui les ont conçues, elles permettraient d'économiser 4% d'énergie supplémentaire sur chaque foulée grâce à une plaque de carbone incurvée glissée dans la semelle de la chaussure. Or, passer sous la barre des deux heures représente une baisse de 3% du temps déjà réalisé auparavant.

Quel que soit le résultat de cette expérimentation, cette dernière soulève une question déjà maintes fois abordées dans le sport. Celle de l'apport de la technologie dans des performances humaines. On se souvient de la polémique autour des combinaisons en polyuréthane en natation, qui ont finalement été interdites par la fédération internationale en 2009, ou des nombreux records de l'heure contestés en cyclisme suite au bidouillage des vélos utilisés par les athlètes.

Si cette nouvelle technologie venait à prouver son efficacité, l'IAAF, la fédération internationale d'athlétisme, pourrait elle aussi être amenée à devoir légiférer pour déterminer si oui ou non de nouveaux records établis avec ces chaussures sont légitimes et comparables à ceux établis avec des runnings classiques. Concrètement, les textes actuels qui régissent l'équipement des marathoniens précisent qu'ils peuvent courir « pieds nus ou en chaussures », mais que ces chaussures « ne doivent pas apporter une quelconque aide injuste. » Juridiquement, tout est donc dans le « injuste »

En terme de jurisprudence, l'exemple précédent se rapprochant le plus de ce cas de figure reste l'affaire des prothèses d'Oscar Pistorius. Au terme d'un long débat juridique, l'athlète sud-africain avait été autorisé à concourir avec les valides lors des JO de 2012, le Tribunal Arbitral du Sport affirmant qu'il n'y avait aucune preuve scientifique que l'utilisation de ses prothèses lui conférait un avantage par rapport aux autres athlètes qui n'en utilisaient pas. En 2015, c'est au tour du sauteur en longueur paralympique Markus Rhem d'être épinglé par l'IAAF, qui lui demande alors de prouver que son équipement ne l'avantage pas outre mesure. La logique est donc inversée, c'est désormais à l'athlète de prouver qu'il n'est pas aidé par une quelconque innovation technologique.