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Sports

La FIFA fait le ménage dans son comité d'éthique trop éthique à son goût

Les deux patrons de ce tribunal interne de la FIFA ont été évincés par Gianni Infantino. Ils crient à la manoeuvre politicienne.

Sous leur mandat, les têtes sont tombées. Et pas des moindres, puisque les dernières affaires qui ont pourri la vie interne et la réputation de la FIFA ces dernières années ont concerné successivement Sepp Blatter, son omnipotent président, Jérôme Valcke, son obséquieux secrétaire général et Michel Platini, le prétendant au trône. Deux hommes en particulier ont joué un rôle clé dans ces scandales en pagaille et ces condamnations en cascade : les patrons du comité d'éthique de la FIFA, le magistrat allemand Hans-Joachim Eckert (patron de la chambre de jugement du comité) et l'avocat suisse Cornel Borbely (patron de la chambre d'instruction). Sauf qu'à la veille de la tenue du 67eme congrès de la fédération jeudi 11 mai au Bahreïn, les deux hommes n'ont pas été reconduits dans leurs fonctions, qu'ils occupaient respectivement depuis 2012 et 2013, avec des résultats plutôt détonnants puisque l'actuel président de la FIFA lui-même, Gianni Infantino, s'était retrouvé sous le coup d'une enquête, rapporte AP.

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Le problème dans cette affaire n'est pas que les deux hommes n'aient pas été reconduits à leurs postes. Déjà, ce doit être très usant d'enquêter sur les magouilles et autres malversations à la FIFA tant elles ont l'air complexes et nombreuses, on comprend donc qu'il faille renouveler les effectifs. En vérité, le souci est tout autre : il est d'ordre institutionnel, car devinez qui a décidé de ne pas reconduire nos deux enquêteurs et juges de l'extrême pour quatre nouvelles années ? Bingo, Gianni Infantino lui-même. Le mec sur qui ils ont enquêté sans pouvoir le condamner. Le président de la FIFA. Bref, celui qui avait peut-être le plus intérêt à évincer le duo germano-suisse du game. Un peu comme si Al Capone lui-même avait pu virer Eliott Ness de la police fédérale dans les années 30.

On comprend donc le brin d'amertume qui a étreint les deux hommes de loi lorsqu'ils ont appris qu'ils étaient purement et simplement virés : « Cette non-reconduction est purement politique et met fin aux efforts de réforme de la FIFA, ont balancé les deux néo-licenciés dans un communiqué. Cela va mener inévitablement à une perte de confiance dans l'institution et à un déficit d'image pour la FIFA, déjà largement salie par les affaires. Cette non-reconduction va avoir un impact négatif à moyen et long terme. »

La FIFA avait engagé les deux hommes pour deux mandats de quatre ans. Ils venaient de terminer le premier et, d'après Reuters, semblaient tous deux partants pour honorer un second run. Sauf qu'entretemps, lors du congrès 2016, qui se tenait au Mexique, Gianni Infantino a fait passer un amendement très contesté à l'époque, lui donnant le pouvoir pendant un an de révoquer tout membre d'un organe juridictionnel de la FIFA. Il ne s'est pas privé de profiter de ce joker. En même temps, ce coup fourré est assez salvateur, puisque les fins connaisseurs des rouages de la FIFA estiment que cette décision devrait arrêter toute enquête ou investigation interne pendant deux ans.