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Sports

Scot Breithaupt, entrepreneur, visionnaire et grand pionnier du BMX

La Californien n'a pas inventé le BMX, mais, sans lui, cette discipline n'aurait jamais été ce qu'elle est aujourd'hui.
Courtesy USA BMX

Les années 70 ont été une époque émouvante pour les fans de sports extrêmes qui habitaient dans le sud de la Californie. Alors que la Zephyr Team de Dogtown inventait le skateboard, Scot Breithaupt et d'autres créaient ce que le monde connaîtra plus tard sous le nom de BMX.

Breithaupt, qui est mort à 57 ans le 4 juillet 2015, n'a pas construit le premier parcours et il n'a pas non plus été le premier à faire du vélo, mais il a eu une influence majeure dans les premières années du BMX. Son mode de vie a influencé une génération entière de pratiquants de cette discipline. Il possédait une énergie inépuisable, un esprit ouvert et visionnaire ainsi qu'un enthousiasme contagieux.

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« Il était têtu, le con, se souvient Perry Kramer, qui l'a rencontré pour la première fois en 1976 et qui a fait du BMX dans la team de Breithaupt pendant plusieurs années. Quand il avait une idée, il insistait et il te motivait à la réaliser. Les gens voulaient faire partie de ce qu'il faisait ».

En 1970, Breithaupt, qui avait alors 13 ans, a organisé ce qu'il a appelé les courses pedal- cross à Long Beach, en Californie. C'est pendant ces courses qu'ont émergé les premières règles, le système de notations et de classifications de ce qui deviendrait plus tard le BMX. Assez rapidement, ils ont commencé à construire des circuits et à organiser des événements.

Breithaupt avait 14 ans quand il a aidé à rassembler une récompense de 100 000 dollars pour une série de courses qui s'est transformée en championnat et qui a attiré des milliers de personnes au Colisée de Los Angeles. En 1974, la contribution de Scot a été essentielle pour entraîner Yamaha, premier parrain de renommée de ce sport, dans le petit monde du BMX

En 1977, Breithaupt a fondé SE Racing qui est devenu peu après SE Bikes. SE Racing s'est rapidement imposé comme le leader mondial du BMX.

« J'étais dans l'équipe Mongoose quand Scott ma recruté [en 1977], raconte Kramer. Mongoose avait tout, l'argent, les vélos et même un van pour couronner le tout. Scot, lui, n'avait rien, mais je me suis dit, allez on va le faire ».

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SE Racing s'est occupé de préparer le terrain aux endroits où Breithaupt voulait développer le BMX. La société a crû exponentiellement entre la fin des années 70 et le début des années 80. Scot a donné à ses cyclistes des uniformes tapageurs et provoquants, il a commencé à mettre des logos sur les licras, et son équipe a commencé à faire des ravages à chaque fois qu'une course était organisée. Avec cette énergie, Breithaupt a fait de SE une marque de première qualité.

Breithaupt a également donné des noms à chaque composant, chaque partie du vélo et chaque dessin. Il a même assemblé quelques-uns des vélos les plus chers de son temps. Scot aimait bien leur donner le nom de ses cyclistes. Un de ses vélos, le PK Ripper, qui fait une apparition dans le film Rad en 1986, a été le premier à incorporer un cadre en aluminium de haute qualité. Encore aujourd'hui, 35 ans après son lancement, il est toujours disponible chez SE Bikes.

« Je peux vous garantir que les vélos construits par Scot faisaient partie des plus célèbres du monde du BMX, explique Todd Lyons, le manager actuel des marques de SE Bikes. Au début des années 80, celui qui avait un PK Ripper était le mec le plus cool du quartier ».

Scot Breithaupt en 1979. Photo de Sean Ewing.

Les contributions de Breithaupt aux monde du BMX sont évidentes…et durables. Son entrain et sa promotion du BMX ont aidé l'industrie des sports extrêmes à augmenter considérablement sa popularité dans tous les États-Unis.

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Breithaupt a également fait la promotion du windsurf, du skateboard et d'autres sports d'action comme la luge de rue (la streetluge pour les connaisseurs). Il s'est associé avec les grands magasins JC Penney pour y installer des ateliers de sécurité de skateboard dans ses centres commerciaux où ils ont même construit des rampes. Tout cela a aidé à capter l'intérêt du grand public pour ce sport.

Comme si ça ne suffisait pas, Breithaupt a fondé une compagnie appelée LM Productions qui produisait des vidéos de sports extrêmes pour ESPN dans les années 80 – un peu comme un précurseur des X-Games.

Scot ne s'est pas arrêté là. Le Californien a promu la construction d'une multitude de skateparks : pour cela, il s'est associé avec des mairies de tous les Etats-Unis pour réunir l'argent nécessaire, puis il a organisé des courses. Comme si cela ne suffisait pas, Breithaupt a dessiné de nouveaux produits pour l'industrie, au travers de SE Racing, et il a réussi à ce que certains des meilleurs skateurs du pays travaillent pour lui.

Mais ce qui est sans doute le plus difficile à quantifier et le nombre de gens que Breithaupt a inspiré à monter sur un vélo ou sur un skate.

« Lui il voulait une belle équipe, des cycliste rapides, motivés et engagés, et avec du bon matériel pour les soutenir », assure Stu Thomsen. Après avoir fait partie de SE Racing entre 1977 et 1979, Thomsen travaille aujourd'hui pour l'Etat. « Il m'a motivé à être un meilleur cycliste de BMX. Il tirait toujours le meilleur de nous-mêmes : Scot était un bon mentor ».

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Au milieu des années 80, cependant, les priorités de Breithaupt l'ont éloigné de ses vieilles connaissances et de SE Racing. Il a eu quelques soucis avec la justice et il a fini par tomber dans la drogue. Mais il a pris conscience de ses mauvais choix et s'est vite repris. C'est à cette époque qu'il a connu Sean Ewing, avec qui il entretiendra une amitié profonde jusqu'à la fin de sa vie.

Breithaupt s'est transformé : il est passé de l'adolescent qu'il était dans les années 70 à une authentique figure de poids dans l'industrie du BMX dans les années 1980. Ewing se rappelle Breithaupt donnant des conférences dans des écoles pour faire de la prévention contre l'usage de la drogue.

« Pour l'une des ces conférence il est arrivé habillé en prisonnier, raconte Ewing. On lui a fait une marque avec deux barres horizontales et deux verticales pour donner l'impression qu'il était derrière des barreaux. Je crois que les enfants avaient un peu peur ».

Breithaupt sur le vélo portant le numéro 1. Photo USA BMX.

Tous ceux qui l'ont connu parlent de son amour pour le BMX et de sa passion pour le développement et la croissance de cette discipline. Scot était un défenseur des pratiquants de BMX, un homme loyal envers ses fans. De plus, le Californien était éloquent et charismatique. Il trouvait toujours le moyen de se créer des opportunités, pour lui et pour SE Racing. Il était rare de le croiser sans qu'il ait un plan en tête, ou sans son dernier dessin de vélo en main, ou sans qu'il soit sur le coup d'une affaire prometteuse en besoin d'investissement. Son entrain et son énergie insatiables, quand elles étaient vouées au BMX, ont contribué à ce que le sport s'améliore énormément.

La nuit du samedi 11 juillet 2015, au cours d'une course mensuelle de BMX appelée 4130 Subway Series (4130 est un alliage de fer ; tous les cyclistes prennent le métro pour rentrer chez eux après), des centaines de cyclistes de BMX ont effectué une marche en l'honneur de Breithaupt. Le weekend suivant, le 18 juillet, il y a eu un hommage à Scot à Long Beach en Californie.