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Sports

Tom Simpson, première star macabre du Tour

Il y a 50 ans jour pour jour, l’Anglais s’écroulait en direct sur les pentes du Ventoux.

C'est un des premiers Anglais à avoir fait parler du cyclisme britannique sur les routes du Tour. Bien avant l'ère de la domination des Sky, emmenés par Bradley Wiggins puis Chris Froome, Tom Simpson a porté haut les couleurs de l'Union Jack, en remportant un championnat du monde, plusieurs monuments du cyclisme comme Milan San Remo, et une belle course par étapes avec Paris-Nice, la course au soleil.

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C'est justement le soleil qui lui est fatal ce 13 juillet 1967. Alors que le Tour s'attaque au Ventoux sous un soleil de plomb, Tom Simpson tombe de sa monture et s'écroule, vaincu par la chaleur étouffante de Provence. Quelques minutes auparavant, l'épouse de Roger Pingeon, futur vainqueur du Tour cette année-là, avait vu passer l'Anglais dans les premières rampes du Ventoux. Un souvenir resté gravé dans sa mémoire, comme l'écrit Gérard Porte, médecin historique du Tour de France, dans son livre Médecin du Tour : « Il était défiguré par l'effort, je n'en croyais pas mes yeux. Il était livide, de la couleur d'un drap. »

Plusieurs raisons expliquent ce terrible coup de bambou de Tom Simpson, qui était pourtant un coureur d'expérience et de talent, comme en témoigne son palmarès. Tout d'abord, l'extrême chaleur qui écrasait la France ce jour-là. Ajoutez à cela le règlement particulier de l'époque, qui autorisait les coureurs à partir seulement avec deux bidons, soit un litre d'eau, sans pouvoir se réapprovisionner avant le ravito de mi-parcours. Entretemps, les coureurs étaient condamnés à se lancer dans la chasse à la canette auprès du public. Et à descendre tout ce qu'ils pouvaient, eau, mais aussi jus, voire alcool.

Déshydraté et desséché, Simpson s'était rabattu sur ce qu'il trouvait sur les bords de route. Et ce jour-là, le coureur anglais ne trouve qu'une grande rasade de cognac pour réveiller son gosier. Sans compter le tubes d'amphétamines retrouvé dans la poche de son maillot… Le rapport d'autopsie, cité par le docteur Jean-Pierre de Mondenard, ancien médecin du Tour de France parle d'un « collapsus cardiaque » sans lien direct avec les amphets : « À cet égard, les experts toxicologues confirment qu'il a été décelé dans le sang, les urines, le contenu gastrique et les viscères du défunt, une certaine quantité d'amphétamine et de méthylamphétamine, substances qui entrent dans la composition des produits pharmaceutiques retrouvés dans les vêtements de Simpson […]. Les mêmes experts précisent que la dose d'amphétamine absorbée par Simpson n'a pu, à elle seule, déterminer sa mort ; qu'elle a pu, en revanche, l'entraîner à dépasser la limite de ses forces et, par là-même, favoriser l'apparition de certains troubles liés à son épuisement. »

A cet égard, Tom Simpson est une des premières victimes de la schizophrénie du cyclisme de l'époque. Deux ans plus tôt, la France votait sa première loi anti-dopage. Dans le même temps, l'omnipotent patron du Tour de 1962 à 1987 Félix Lévitan affirmait dans le Miroir des Sports : « Le coureur qui refuse de se doper est un pauvre type voué à l'échec. » Cette logique, ouvertement assumée à l'époque, a longtemps perduré dans le peloton. Tom Simpson en a été la première victime aussi médiatisée. Victime même à titre posthume, puisqu'au lendemain de sa mort, son coéquipier Barry Hoban remporte l'étape avec l'accord du peloton. Avant de se marier avec la veuve Simpson quelques années plus tard.