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Camila Giorgi, la "Bernard Madoff" du tennis

La joueuse italienne de 25 ans a emprunté beaucoup d'argent au cours de sa jeune carrière. Malheureusement pour ses créanciers, elle ne les a jamais remboursés.

Durant trois mois et à raison d'un article par semaine, la rédaction de VICE Sports vous fait découvrir les truands du sport. Des hommes et des femmes issus de différentes disciplines, dont le talent certain est éclipsé par leur comportement sur et en dehors des terrains, des courts, des parquets et mêmes des greens. Des arnaqueurs, des séducteurs, des aboyeurs, des méchants qui ont des penchants pour la picole, la drogue ou les crasses en tout genre.

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Camila Giorgi, joueuse professionnelle italienne de tennis. Oui l'intro avec le nom pour commencer fait un peu penser à Faites entrer l'accusé époque Christophe Hondelatte et veste en cuir, mais en même temps on n'est pas très loin de ça. Non Camila n'a tué personne mais en revanche elle en a escroqué pas mal. Celle que l'on peut surnommer la "Madoff du tennis", âgée de 25 ans, continue pourtant tranquillement sa carrière professionnelle. Une carrière loin d'être pourrie puisqu'elle a atteint le 30ème rang mondial au classement WTA à l'été 2015. Avec un titre,à Bois-le-Duc en 2015, et 4 finales perdues, dont une face à la Française Alizée Cornet à Katowice, en Pologne, en 2014, Camila n'a pas à rougir de sa carrière. Mais la façon dont elle participe à ses tournois et surtout les moyens qu'elle met en œuvre pour s'inscrire, là, oui.

Pourtant tout commençait bien. L'Italienne commence le tennis à l'âge de 5 ans, gravit les échelons et commence à se faire un nom en remportant 4 titres ITF (la Fédération internationale de tennis, ndlr) entre 2006 et 2011. A 14 ans, Camila atteint la finale mondiale de sa catégorie lors du Nike Junior Tour. Son papa Sergio donne alors l'une de ses premières interviews : « J'ai voulu en faire une athlète complète avant de passer au jeu et aux tournois. Dès qu'elle battra des -30 (elle accrochait à l'époque des - 4/6), elle se lancera sur le circuit. La priorité, ce sera alors les points WTA, la réputation et l'argent ! ». Prémonitoire…

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Camila Giorgi à Madrid en 2014. Photo via Flickr.

Convaincue de son potentiel et poussée par son père, la jeune italienne part en 2010 aux Etats Unis afin d'y trouver une structure d'accueil pour se perfectionner. Mais les les académies sont plutôt chères outre-Atlantique, il lui faut donc trouver des sponsors et des mécènes. La jeune fille a alors 18 ans et tape dans l'œil d'un couple du Connecticut qui accepte de la financer en échange d'un pourcentage sur ses futurs gains. Camila préfère taper dans le portefeuille. Des gains arrivent finalement, mais pas pour ce couple sympa, les Giorgi ayant décidé de rompre le contrat unilatéralement au bout d'un an. Première escroquerie.

2011, Camila parvient pour la 1ère fois à intégrer le tableau final d'un tournoi du Grand Chelem, Wimbledon, et par la même occasion le top 150 mondial. Petit imprévu, le billet pour Londres est cher. Qu'à cela ne tienne, un entraîneur ami de la famille parvient à convaincre la mère d'un de ses élèves de payer le billet. Camila est éliminée au 1er tour, empochant au passage 18 000 dollars. Largement de quoi rembourser un billet me direz-vous. Pas pour les Giorgi qui ont des oursins dans les poches et ne rembourseront jamais la mère de famille… Gratter du dollar à droite à gauche et ne jamais rembourser les gens, les Giorgi vont en faire une spécialité. Février 2012, Dominic Owen, coach professionnel de tennis en Floride, accepte de prêter 10 000 dollars. Il les attend toujours.

Et ce n'est pas du tout fini. Avril 2012, Todd Andrews, directeur d'un petit tournoi dans l'Alabama, sent le filon avec cette jolie petite italienne qui commence à avoir des résultats. Il convainc plusieurs investisseurs du coin de miser sur elle et de financer une tournée européenne de Camila avec inscriptions aux tournois et prise en charge des frais sur place. Il y en a pour 27 000 dollars. Parmi les tournois, il y a celui de Wimbledon encore une fois. Huitièmes de finales pour la petite italienne. Jackpot pensent les hommes d'affaires. Sauf qu'ils ne connaissent pas la réputation de pinces, naissante, des Giorgi et ils ne verront jamais la couleur des 115 000 dollars que l'Italienne a empochés. Janvier 2013, Pablo Arraya, ancien pro péruvien, accepte de mettre à disposition de la tenniswomen son académie. « Vous me paierez quand vous pourrez », lance-t-il aux Giorgi. Ça tombe bien ils n'avaient pas l'intention de payer quoi que ce soit de toutes façons. Nouvelle carotte.

A ce jour, Camila Giorgi est toujours en activité et occupe la 76ème place à la WTA. Elle cumule plus de 2 millions de dollars de gains au cours de sa (jeune) carrière. Elle était il y a quelques semaines éliminée au premier tour de l'Open d'Australie et a donc empoché encore au passage 22 000 euros. Depuis 2013, elle s'est à chaque fois qualifiée pour le tableau final des 4 tournois du Grand Chelem, avec pour la plupart du temps des éliminations aux 1er ou 2ème tour mais aussi avec les gains qui vont avec. Mais non les Giorgi ne rembourseront rien.

A la question que lui posait il y a quelques années un journaliste de Sports Illustrated « Pensez-vous qu'il serait convenable de rembourser quelques investisseurs ? ». La réponse ne se fait pas attendre. « Je n'ai pas envie de parler de cela, je joue au tennis. Je m'en occupe, il n'y a pas de problèmes mais je ne parle que de tennis. » Ses investisseurs seront ravis de l'entendre. Surtout que côté finances ça a quand même l'air d'aller puisque cette année, Camila a prévu de participer aux tournois Miami, Stuttgart, Prague, Madrid, Roland Garros, Birmingham, Eastbourne et son tournoi fétiche Wimbledon. Mais pas chez elle à Rome. Elle vient en effet d'être suspendue 9 mois par sa fédération car, en avril 2016, elle avait refusé de disputer une rencontre de Fed Cup face à l'Espagne. Un problème de billets sûrement…