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Sports

Détrompez-vous, il y a bien des nanas qui font du skate

On a rencontré les membres du "Deep Crew", une équipe de skate 100 % féminine.

Début mai, Sosh a lancé son concours de vidéos de skate filmées au portable, le Sosh Highlight. L'idée était de faire réaliser à des équipes constituées d'un skater, d'un photographe, et d'un caméraman une vidéo scénarisée de deux minutes trente, dans les rues de Paris, en cinq jours. Aux côtés de grosses pointures comme Sam Partaix ou le troubadour à roulettes Bastien Duverdier, il y avait deux équipes d'amateurs, sélectionnées en avril lors d'un concours vidéo. On a décidé de donner la parole à l'une d'elles, qui a choisi comme nom de scène le "Deep Crew". Comme son nom ne l'indique pas, il s'agit d'une équipe 100% féminine, et comme son nom ne l'indique pas, elles ont décroché une honorable sixième place grâce à une vidéo qui, en plus de donner sérieusement envie de skater, est assez drôle.

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J'ai donc envoyé un mail bourré de questions à Chloé Bernard, Pauliana Laffabrier et Lisa Jacob pour savoir ce qu'elles avaient pensé de l'expérience et ce que ça faisait d'être une fille qui skate. Au lieu de s'offusquer de mes questions débiles, elles ont préféré me répondre plein de trucs intéressants.

Chloé Bernard, planche à la main. Photo Guillaume Périmony.

Salut les filles, vous pouvez vous présenter ?

Chloé : Salut, je m'appelle Chloé Bernard, j'ai 27 ans et je suis à Marseille depuis 10 ans. Je fais du skate depuis mes 13 ans, et je fais de la courbe depuis que je suis à Marseille.

Pauliana : Je m'appelle Pauliana Laffabrier et je viens d'avoir 25 ans. Je bosse dans la communication et le marketing dans une maison de négoce en vins et, le week-end, je suis monitrice de skateboard pour l'association Move and SKATE où je donne des cours de skate à des filles. J'ai commencé le skate à 17 ans, en faisant du street. Après pas mal d'entorses aux chevilles, j'ai arrêté pendant un an et en 2010 j'ai découvert le bowl. Depuis, c'est une grande histoire d'amour !

Lisa : Moi c'est Lisa Jacob, j'habite Paris depuis 8 ans environ. J'ai 29 ans et ça fait 15 ans que je fais du skate. Tout ce que je fais dans la vie tourne plus ou moins autour du skate. Je voyage beaucoup : je reviens d'Ethiopie où j'étais bénévole pour construire le skatepark d'Addis-Abeba. Avant ça, j'étais en Californie et au Népal et, encore avant, en Inde pour le Girl skate india tour, dont le documentaire va bientôt être projeté à Melbourne et à San Francisco. Sinon, je suis coursier à vélo quelques mois dans l'année pour faire un peu de sous et j'écris pour le magazine de skate Soma. Pour résumer, je skate, je voyage, je lis, j'écris, je fais du vélo et je joue au billard !

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Comment vous vous êtes rencontrées ?

Pauliana : On se connaît depuis quelques années, à force de se croiser sur les événements et les skateparks.
Lisa : Y a pas tant de filles que ça qui skatent depuis longtemps en France, donc ça rapproche !

Ça ressemble à quoi la scène skate féminine à Paris ?

Chloé : Aujourd'hui, le skate féminin évolue grâce à la démocratisation de la discipline et de plus en plus de filles skatent. Il y a même des skateuses pro en France, mais c'est difficile d'en vivre — comme pour la plupart des skateurs, d'ailleurs.

Pauliana : C'est une scène plutôt développée : il y a de plus en plus de jeunes qui s'y mettent. Dans quelques années, j'espère que toutes celles qui skatent maintenant auront continué et bien progressé. Ça motivera de plus en plus de filles de voir que cette scène évolue. En étant optimiste, il y a moins d'un vingtaine de filles qui skatent aujourd'hui à Paris, tous niveaux confondus. Et concernant les skateuses pro en France, déjà qu'il y a peu de mecs français comparé à la moyenne internationale…

Lisa : Je ne sais pas si on peut parler de scène skate féminine à l'échelle d'une ville, étant donné le peu de filles qui skatent. Mais le skate est devenu tellement mainstream que ce n'est plus uniquement un truc de mecs. Beaucoup de monde s'y met, qu'il s'agisse de filles comme de garçons. J'imagine que dans quelques années, il y aura encore plus de filles, mais ça restera une minorité, c'est sûr ! Il faut accepter de se faire mal, et surtout de ne pas coller à l'image type de la femme, à laquelle les autres voudraient que l'on corresponde. Personnellement, j'aimerais que la nouvelle génération de skateuses véhicule une image du skate davantage en adéquation avec la culture alternative propre au skate. Et pas à cet esprit uniforme, conforme à la street league et à cette nouvelle génération de kids qui passent leurs vies dans des skateparks.

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Qu'est-ce que ça change d'être une fille dans le skate ?

Chloé : J'aimerais que ça ne change rien car je suis pour l'égalité des sexes ! On skate tous ensemble. Mais bon, bien sûr qu'être une fille est un combat en général. Personnellement, j'ai toujours skaté avec mes potes, filles ou garçons. On partage ça et c'est la seule chose qui m'importe.

Pauliana : Pour moi, ça ne change pas grand-chose. Tu galères comme les autres à apprendre les figures, tu tombes, tu te fais mal et tu prends surtout plaisir à rider, comme tout le monde ! Il y a parfois des personnes qui posent des questions déplacées ou font des remarques sexistes mais bon, ça, il y en a partout !

Lisa : Je dirais que les gens se rappellent plus facilement de toi parce qu'ils ne rencontrent pas des milliers de filles qui skatent. Sinon, je sais pas trop : j'ai jamais été un mec dans le skate, donc c'est difficile de comparer.

Pour continuer là-dessus, à votre avis, comment ça se fait qu'il y ait si peu de skateuses pro ? Est-ce que les sponsors ne jouent pas le jeu ? Que le manque de moyens empêche les filles de percer ?

Chloé : Le skate est un sport émergeant et nous sommes encore minoritaires. Mais j'ai bon espoir, la future génération est en marche ! On verra dans dix ans… C'est vrai qu'il y a une différence dans le budget, effectivement — dans les circuits de compétition, par exemple. Il y a quand même des sponsors qui veulent favoriser les filles, mais ça reste très rare.

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Pauliana : J'imagine que c'est parce qu'on est vraiment en sous-effectif comparé aux mecs et qu'il y a aussi un gros gap quand on compare le niveau féminin et masculin. C'est sûrement aussi la faute des grosses marques, qui n'offrent pas la possibilité d'un modèle pro féminin, par exemple — même si ce n'est pas le seul facteur à prendre en compte.

Lisa : En France, il n'y a pas non plus beaucoup de mecs qui vivent du skate. Concernant les filles, il y en a peu qui skatent, alors qui skatent suffisamment bien… Franchement, j'avoue que je m'en fiche un peu. « Percer », ça ne devrait pas être l'enjeu du skate, et je ne pense pas que ce soit une histoire de moyens. On peut faire des tas de trucs cools avec peu de moyens dans le skate : partout où on va, on peut loger chez des skateurs, camper sur la route, se filmer avec un téléphone… Et puis, qu'est-ce qu'on entend par « moyens », d'ailleurs ? Financiers, médiatiques ? De nos jours on peut se créer une carrière sur Instagram. Avec les réseaux sociaux, c'est super facile de se faire connaître, si tant est qu'on le mérite. Regarde le chat qui fait un hippie jump, il a percé direct !

Et sinon, comment c'était le Sosh Highlight ?

Chloé : C'était super ! Très éprouvant, car il fallait faire une vidéo de skate avec un scénario en cinq jours, dans les rues de Paris… On s'est éclatée, avec Lisa et Pauliana.

Pauliana : C'était plus que chanmé, vraiment une expérience de fou. Le timing était un peu serré parce que mine de rien, skater, filmer et faire la fête tous les jours pendant six jours c'est bien physique ! Mais il y avait vraiment du beau monde et l'initiative est plus que cool. Il faudrait juste que ça dure deux semaines.

Lisa : J'ai beaucoup aimé le concept. J'aime bien les trucs par équipe, c'est plus sympa — surtout le fait qu'on était assez libres pour la réalisation de la vidéo. Du coup, on s'est bien marré à tourner et à la projection, c'était super chouette de voir ce que tout le monde avait fait. Il y a eu de bonnes surprises. Si c'était à refaire, le seul truc que j'aimerais changer, c'est de rajouter un jour ou deux. Parce que c'est allé super vite et que du coup, c'était assez intense, de faire une vidéo de 2 minutes 30 en si peu de temps.

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Cet article vous a été présenté par Sosh highlight.