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Marin Rantes est le seul rider pro de Croatie

Agé de 20 ans, le Croate a participé à l’étape du Fise qui se déroulait dans son pays du 21 au 23 juillet. Non qualifié pour la finale, il a pris le temps de nous parler de son parcours et de la scène croate.

Arrivé au Pannonian Challenge, l'étape croate des Fise World Series, au prix d'un improbable voyage de 15 heures, j'ai raté la prestation de la star locale, le rider de BMX Marin Rantes. Il faut dire que, malgré de beaux résultats lors des éditions précédentes d'un des plus gros événements de sport extrême d'Europe de l'Est et une première participation remarquée au FISE de Montpellier cette année, le cycliste de chez Red Bull n'a pas fait d'étincelles cette année. Eliminé dès le premier tour, Marin s'est reconverti en speaker improvisé pour la suite de l'événement.

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Je l'ai retrouvé sur le skatepark le soir des finales, gluant de sueur comme toutes les personnes présentes, écrasées par un soleil qui semblait ne pas vouloir se coucher, et alors que les moustiques ne s'abattaient pas encore sur le public croate.

VICE Sports : Salut Marin. Désolé mais ma première question n'est pas très sympa… Tu n'es pas déçu de ne pas être en finale ?
Marin Rantes : Bien sûr que si, mais c'est le sport. Tout le monde tombe… Ça m'est arrivé cette fois, la prochaine fois je ferai mieux !

Tu crois que tu avais trop de pression, parce que c'était chez toi ?
Non, j'étais bien. J'ai calé mon premier run parfaitement, j'ai replaqué exactement ce que je voulais… Mais sur mon deuxième run, mon pneu a explosé. Au début, personne ne voulait me prêter de roue et au bout d'un moment, Michael Beran m'a prêté son vélo. Mais la sensation n'était pas la même et j'étais un peu sonné. Donc je suis tombé une première fois. J'ai refait un tricks, je suis retombé… Mon genou me faisait mal, je ne pouvais pas me relever donc c'était fini pour moi.

Mais tu n'avais pas de roue de rechange ? Les pros ne viennent pas avec plusieurs vélos ?
Non, j'ai qu'un vélo. Mais la prochaine fois, j'aurai de quoi faire face à ce genre de situation. Je pense que la plupart des pros ont un seul vélo : c'est déjà assez difficile de voyager avec un vélo.

Tu es pro depuis un an, c'est ça ?
Deux ans. Et je pense que je suis le seul pro du pays. Tous les autres rident pour le fun. Du coup, pour moi, c'est un peu dur de s'entraîner. Je dois le faire tout seul, donc la plupart du temps, je suis en République tchèque, chez Michael Beran, ou en Autriche, et on ride ensemble.

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Et à quoi ça ressemble, la vie du seul pro-rider de BMX de Croatie ?
Bah c'est normal ! Je suis comme avant, je ride avec les jeunes, je passe du temps avec eux, j'essaie d'aider les plus jeunes, comme mes aînés l'ont fait avec moi… J'adore le BMX, j'adore rider donc j'ai envie d'aider d'autres gars à faire comme moi.

Dans les sports de glisse, on distingue généralement deux catégories de pros : ceux qui se consacrent à l'image et ceux qui sont sur les circuits de compétition. Toi, tu préfères la compétition ou la vidéo ?
La compétition. J'aime pas trop filmer, parce qu'en vidéo, tout doit être parfait. Moi, je préfère rider et qu'on me filme sans que je le sache. Je vais essayer de faire plus de vidéos… Mais la compétition, c'est vraiment mieux. Tout le monde est là, tu passes du temps ensemble, tu montres ce que tu as appris…

J'ai croisé des jeunes qui ont fait le contest amateur, il y en a certains qui te connaissent…
Oui, on se connaît tous. La plupart des riders du contest amateur viennent de Croatie. On traînait ensemble à Zagreb il y a cinq ans, on y passait tous nos week-ends, on discutait, on dormait au même endroit, on ridait tous les jours de 10 heures du matin à 17 heures, donc on est vraiment en contact.

Certains m'ont dit que la scène était plus grosse il y a quelques années, c'est vrai ?
Oui, c'est vrai. On avait un magasin de BMX, il y a quelques années, qui faisait des sapes. Mais il a fermé, il n'y en a plus maintenant. Il y a juste quelques boutiques qui ont des vélos bas de gamme… Quand j'ai commencé, il y a cinq, six ans, il y avait plein de contests, des magasins, c'était beaucoup plus gros. Des gars plus âgés organisaient des contests locaux, mais quand ils ont commencé à faire d'autres tafs, ils ont laissé tomber ça et personne n'a pris la relève. Bon, je suis plus un kid mais beaucoup d'autres sont encore jeunes et ne sont pas prêts à faire ça.

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Photo Fise.

Du coup, tu pourrais me dire à quoi ressemble la scène croate de BMX aujourd'hui ?
Elle n'est pas minuscule, mais on n'a qu'un bon skatepark, c'est ici. On a d'autres petits parks mais ils sont pas terribles et on n'a aucun skatepark couvert. Donc l'hiver, moi je peux voyager et tout, mais les autres, ils attendent de pouvoir mettre le nez dehors, de pouvoir nettoyer les skateparks et de rouler. J'espère qu'après cet événement, après cette coupe du monde de BMX, d'autres villes feront des trucs pour le BMX. Parce que tout est misé sur le foot, le tennis, le basket, ce genre de sports.

Et tu penses que le Fise peut vous aider à améliorer la situation ?
Oui, bien sûr, parce que plein de médias sont là, et ça nous aide beaucoup. C'est la première fois qu'il y a un circuit coupe du monde de BMX et ça passe par Osijek, donc c'est vraiment bien pour le BMX en Croatie. Je pense que cet événement va beaucoup aider.

Pour toi, le Pannonian Challenge, c'est une habitude ?
Oui, ça doit être ma sixième année. Les deux premières fois j'étais là en amateur, et la première fois que j'ai concouru avec les pros j'ai fait quatrième, donc c'était génial. Et il y a deux ans, on m'a offert mon casque Red Bull, une heure avant le début du contest… C'était mon anniversaire et ils m'ont fait la surprise. J'étais là, "attendez, c'est mon casque ? Je suis chez Red Bull ? Vous déconnez !" C'était parfait. Ils ont bien géré leur coup. Et j'ai fait troisième. C'était le plus beau jour de ma vie.

Excellent ! Tu étais au Fise à Montpellier, non ? C'était comment ?
Oui, j'ai fait 12e. J'ai été qualifié pour les finales, mais j'ai juste fait mon premier run puis il a plu, donc les finales ont été annulées. C'était ma première fois là-bas, donc j'étais hyper heureux. C'est le plus gros contest que j'ai fait, et je me suis qualifié en finales, donc j'étais content.

Tu penses aller aux autres étapes du Fise, aux États-Unis, au Canada et en Chine ?
Carrément. C'est dur, parce que les vols coûtent hyper chers, mais je vais me débrouiller. J'y serai ouais.

J'ai vu que tu commentais la compétition…
Oui, j'ai commenté pour la télé croate. C'est vraiment cool, parce que si j'étais juste spectateur, je penserais au fait que je n'ai pas été qualifié mais là, je n'y pense pas, je ne pense qu'à la qualité des riders, à commenter leurs figures et c'est génial. C'est la première fois que je fais ça et c'est vraiment sympa, même si je préfère largement rider !

Tu crois que quand tu seras plus vieux, tu voudras développer la scène Croate ?
Bien sûr. Regarde ce public, c'est incroyable. Des kids peuvent voir ça à la télé en direct, et les parents voient que c'est un sport, que les participants sont des athlètes, qu'ils ne boivent pas d'alcool, ne prennent pas de drogues… On montre une meilleure image du skate et du BMX. Parce qu'ici, tout le monde associe les sports extrêmes à des mauvaises choses. Mais en voyant ça, ils vont changer d'avis et voir que c'est comme le foot et ce genre de sports. Et c'est super. C'est incroyable de voir qu'il y a autant de gens, j'adore ça.