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Vendus

Les corruptibles

À l’occasion de la journée nationale de l’arbitrage, VICE célèbre les arbitres au jugement hasardeux et à l’éthique discutable.
Photo : Desmond Bolyan/Reuters

Les arbitres font partie d'une corporation dévouée corps et âme à la justice, à l'équité et au respect de l'adversaire. Insultés par le public, trompés par les joueurs, critiqués par les journalistes, la plupart d'entre eux ont choisi de rester stoïques face aux galères du métier et d'honorer leur sacerdoce. Bref, on pourrait être tenté d'encenser les arbitres, des êtres aussi classes que rares dans le monde du foot. Sauf qu'au milieu de ce troupeau d'oies blanches irréprochables se sont glissées quelques brebis galeuses. Des hommes en noir aux coups de sifflet aussi immoraux qu'intéressés, guidés par la cupidité. Si certains sont assez habiles pour ne jamais s'être fait choper, d'autres ont cruellement manqué de discrétion quand il s'agissait de truquer un match. VICE a décidé de rendre hommage à ces artistes du sifflet qui ont sali sans vergogne mais avec panache l'honneur de la profession.

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Le plus scandaleux : Joseph Lamptey et ses largesses anatomiques

À l'heure actuelle, c'est l'arbitre le plus détesté de la planète. Banni par la FIFA, conspué au Sénégal, Joseph Lamptey est entré dans les annales de la mauvaise foi arbitrale en décembre 2016 à l'occasion d'un match de qualification pour la Coupe du monde 2018 opposant le Sénégal à l'Afrique du Sud – avec la complicité bienveillante de ses assistants, très réactifs pour signaler les hors-jeu inexistants des attaquants sénégalais.

Mais c'est bien l'arbitre principal qui a parachevé l'œuvre de ses collègues en sifflant un penalty pour les Bafana Bafana sur un contrôle de la cuisse d'un défenseur sénégalais, que seul Lamptey assure avoir été fait de la main. Une erreur anatomique qu'a assumée sans sourciller l'arbitre, raccompagné sous les sifflets et sous bonne escorte policière une fois la fin du match sifflée. Entre plaintes de la fédération sénégalaise et vidéos exhumées de penalties très douteux déjà accordés par Monsieur Lamptey par le passé, la FIFA a fini par suspendre à vie le Ghanéen en mars dernier. Le match Afrique du Sud-Sénégal, lui, sera (normalement) rejoué début novembre.

Le plus sulfureux : Robert Hoyzer et ses amitiés dans la mafia croate

Tout aussi gonflé, Robert Hoyzer a carrément parié lui-même sur un match qu'il arbitrait. C'était en 2004, lors d'une rencontre opposant Paderborn à Hambourg, en deuxième division allemande. Visiblement pas fan des Hambourgeois – il avait parié sur leur défaite – Robert a donné un sérieux coup de pouce aux joueurs de Paderborn en leur accordant deux penalties très généreux avant d'expulser l'attaquant de Hambourg Emile Mpenza. Mais le fameux adage « plus c'est gros, plus ça passe » ne s'est malheureusement pas vérifié. Le pari gagnant de Robert Hoyzer a été repéré, ce qui a poussé la fédération allemande à mener sa petite enquête.

Belle intuition puisqu'elle a révélé les liens plus que sulfureux entretenus par Hoyzer avec un réseau criminel croate, dont il aurait reçu 67 000 euros pour aider la « glorieuse incertitude du sport » à basculer du bon côté. Lui-même fils d'arbitre, Robert Hoyzer, probablement rattrapé par les remords, a fait repentance et dénoncé tout un réseau solidement installé dans le foot allemand. Grâce à lui, 25 personnes seront mises en cause dans cette affaire de paris truqués. Robert croyait alors pouvoir enfin couler des jours heureux, mais l'enquête révéla qu'il avait falsifié plus de matches qu'il ne l'avait reconnu initialement. Résultat, 2 ans et 5 mois de prison ferme. Ça fait cher le penalty accordé.

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Les plus attachants : les quatre arbitres du Malawi et leur sens de l'honnêteté

Bien moins gourmands, quatre arbitres officiant au Malawi se sont fait rattraper par la patrouille fin septembre 2017 après avoir officié lors d'un match du championnat local opposant Nchalo United à Chitipa United. Clairement pas un sommet footballistique, et encore moins un exemple de trucage réussi puisque les quatre officiels ont été incapables de faire basculer la rencontre en faveur de Nchalo United, qui, après avoir filé l'équivalent de 20 dollars en dessous-de-table aux arbitres, a dû se contenter du match nul 1-1. Gênant.

Résultat, les arbitres, penauds, ont rendu 15 dollars aux dirigeants du club pour s'excuser d'avoir raté leur coup. Un élan d'honnêteté pas récompensé puisque le staff de Nchalo les a balancés aux autorités, qui les ont suspendus à vie. Le club de Nchalo United, qui s'est mis lui-même dans le collimateur de la fédé en dénonçant les ripoux, attend toujours de connaître son sort. Si elle peut surprendre, l'attitude des dirigeants du club peut se justifier : une telle incompétence ne pouvait pas rester impunie.

Le plus gangsta : Byron Moreno, le baron de la drogue

Byron Moreno n'a pas les mêmes scrupules que ses homologues du Malawi. Cet arbitre équatorien a connu le sommet de la carrière lors du match de Coupe du monde 2002 entre l'Italie et la Corée du Sud. Lors de cette rencontre, qui se disputait en Corée du Sud, Byron Moreno a exclu Francesco Totti suite à une « simulation » dans la surface alors que beaucoup estimaient qu'il y avait bien faute – et donc penalty – avant de siffler un hors-jeu discutable alors que Damiano Tommasi filait seul au but. La gestion de ce match, plus que polémique, a valu à Moreno d'être accusé par le sélectionneur italien de l'époque d'avoir été payé par la FIFA pour aider le pays hôte à poursuivre son parcours dans la compétition. Même le gouvernement italien s'en est mêlé, déplorant l'attitude de l'arbitre.

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Quelques semaines seulement après la Coupe du monde, Byron Moreno, bizarrement surnommé El Justiciero, a refait parler de lui en accordant douze minutes d'arrêts de jeu dans un match de championnat équatorien où Quito, mené 3-2, l'a finalement emporté 4-3. Les innocents qui voyaient dans ce scénario à suspense toute la beauté du foot et de ses rebondissements ont vite déchanté quand ils ont appris que Moreno était à ce moment-là candidat pour un poste de conseiller municipal dans la capitale andine… Huit ans après ses performances remarquées, Byron Moreno a décidé de passer la vitesse supérieure puisqu'il s'est carrément fait choper par les douanes américaines avec six kilos d'héroïne à l'aéroport de New York.

Le plus cramé : Bruno Maric, l'arbitre chanteur

Bruno Maric n'est pas homme à se dégonfler. Cet arbitre croate, qui a donc officié dans un des championnats les plus louches d'Europe, a largement contribué à la réputation du championnat local. Avocat dans la vie civile, Maric n'en a pas moins un sens de la justice plus que relatif, à tel point qu'il s'est retrouvé dans le collimateur de la justice après un match de Coupe de Croatie au scénario très surprenant, entre Split et Zagreb. Après avoir expulsé deux joueurs de la première équipe, il a accordé un penalty discutable à Zagreb. Conspué dans la presse pour sa nullité crasse, il pensait être passé entre les mailles du filet et simplement devoir composer avec cette étiquette de pire arbitre de Croatie.

Malheureusement, tout a changé lorsqu'une enquête sur les magouilles de la mafia croate dans les paris sportifs a mené jusqu'à lui. Maric, en hommes plein de ressources, a porté plainte pour diffamation et obtenu gain de cause auprès de l'UEFA. Pas suffisant pour convaincre les supporters de l'Hajduk Split, pas convaincus de son innocence. Quand Maric a la bonne idée de se faire filmer bras dessus bras dessous avec des joueurs du Dinamo Zagreb, ils décident de se venger. Et pas à moitié, puisqu'ils le tabassent à coups de barre de fer. En même temps, sur la vidéo, Maric avait osé chanter Ai se eu te pego.

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BONUS : Tricher, sans être chopé

Enfin, pour les vrais fans d'arbitres subitement frappés de cécité, deux petits délices de mauvaise foi et de partialité avec un match de championnat égyptien et une parade du bras tout ce qu'il y a de plus académique – excepté le fait qu'elle est réalisée dix mètres hors de la surface de réparation.

Et que dire de cet arbitre russe, jamais condamné après avoir successivement fermé les yeux sur un penalty évident et une main flagrante. Une injustice criante, qui a quand même poussé le commentateur à quitter sa cabine.